En référence aux Actes des apôtres 22, 22 à 23, 11

Jean Danielou – Sens et fondement de la résurrection

La Résurrection n’est pas seulement retour à la vie, mais passage à une vie nouvelle Elle est la destruction du pouvoir que la mort possédait sur l’homme et la communication par la puissance de l’esprit d’une vie incorruptible. C’est pourquoi le message pascal dépasse infiniment la simple réalisation de l’espérance messianique. Il est l’annonce d’une humanité nouvelle ou mieux de l’humanité telle qu’elle était présente dans les desseins de Dieu, mais que seule la Résurrection du Christ inaugure effectivement. Elle n’est donc pas seulement une action divine parmi d’autres actions divines, mais l’action divine par excellence, l’événement décisif de l’histoire sainte.

La foi en la Résurrection est donc d’abord fondée sur la parole de Dieu. C’est cette parole qui est adressée aux femmes. Il en est de même pour l’Incarnation : c’est la parole de Dieu qui a révélé à Joseph que « ce qui a été engendré en Marie, vient de l’Esprit Saint ».

Mais par ailleurs, dans la révélation qui en est faite, cette foi en la Résurrection est appuyée par deux arguments. Le premier est que la Résurrection avait été annoncée par Jésus lui-même. Ceci montre bien que la Résurrection apparaît comme le but même de l’action divine inaugurée par l’Incarnation. Le regard prophétique de Jésus était introduit dans ce dessein de Dieu, mais les disciples ne l’avaient pas compris. C’est seulement lorsque l’ange leur rappelle ces paroles, que les femmes s’en souviennent et que prend son sens ce qu’elles avaient entendu sans le comprendre.

L’autre point d’appui de la foi en la Résurrection est le témoignage des Écritures. C’est celui que le Christ lui-même donnera aux disciples d’Emmaüs. Ici, l’Évangile de Jean présente une tradition différente de celle des Synoptiques. Seul, il nous montre les Apôtres Pierre et Jean se rendant au tombeau vide. Et c’est la vue du tombeau vide qui suscite chez Jean la foi par référence aux Écritures : « Il vit et il crut. En effet, ils n’avaient pas encore compris que, d’après l’Écriture, Il devait ressusciter des morts ». Saint Paul écrira de même : « Il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures ». Nous sommes là en présence d’une des attestations essentielles de la foi en la Résurrection.

Encore faut-il en comprendre le sens. Les apôtres, comme les Juifs, croyaient que la résurrection était promise par l’Ancien Testament. Il ne s’agit pas au sens étroit de la résurrection des corps, telle que nous l’avons rencontrée plus haut, mais de l’annonce de l’action eschatologique du Seigneur suscitant une nouvelle création, par la puissance de l’Esprit. L’acte de foi de Jean est de mettre le tombeau vide en relation avec cette promesse de reconnaître à son sujet, que l’événement eschatologique est arrivé. Du même coup la Résurrection n’apparaît plus comme une merveille isolée et sans référence. Elle se situe dans le contexte de l’Histoire du salut qui est tout entière du même ordre. Elle apparaît seulement comme le moment essentiel de cette histoire du salut.

La Résurrection. pp. 27 & ss