En référence à la lettre de st Paul apôtre aux Phillipiens 2, 12-30

BENOÎT XVI « COMMUNION AVEC DIEU ET LES HOMMES »

Saint Cyprien, au troisième siècle, dit de l’Église : elle est « un peuple qui tire son unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit Saint. » Cette idée de la communion des croyants comme une participation à la vie trinitaire, est éclairée avec une intensité particulière dans l’Évangile de Jean, où la communion d’amour qui lie le Fils au Père et aux hommes est, dans le même temps, le modèle et la source de la communion fraternelle, qui doit unir les disciples entre eux : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés » et : « Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi. »

Au cours de son pèlerinage terrestre, le disciple, à travers la communion avec le Fils, peut donc déjà participer à sa vie divine et à celle du Père. Cette vie de communion avec Dieu et entre nous est la finalité propre de l’annonce de la conversion au christianisme : « Ce que nous avons contemplé, ce que nous avons entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous. » Cette double communion avec Dieu et entre nous est donc inséparable. Là où se détruit la communion avec Dieu, qui est communion avec le Père, le Fils, et l’Esprit Saint, se détruisent également la racine et la source de la communion entre nous. Et là où la communion n’est pas vécue entre nous, la communion avec le Dieu trinitaire n’est pas non plus vivante et véritable.

Et maintenant, accomplissons un pas supplémentaire. La communion — fruit de l’Esprit Saint — est nourrie par le Pain eucharistique et s’exprime dans les relations fraternelles, dans une sorte d’anticipation du monde futur. Dans l’Eucharistie, Jésus nous nourrit ; il nous unit avec Lui-même, avec le Père, avec l’Esprit Saint et entre nous. Et ce réseau d’unité qui embrasse le monde est une anticipation du monde futur dans notre temps.

Étant une anticipation du monde futur, la communion a également des conséquences très réelles : elle nous fait sortir de nos solitudes, de nos replis sur nous-mêmes, et nous fait participer à l’amour qui nous unit à Dieu et entre nous. Il est facile de comprendre combien ce don est grand, si l’on pense seulement aux divisions et aux conflits qui touchent les relations entre les individus, les groupes et les peuples entiers. Et s’il manque le don de l’unité dans l’Esprit Saint, la division de l’humanité est inévitable. La « communion » est vraiment la bonne nouvelle, le remède qui nous a été donné par le Seigneur contre la solitude qui aujourd’hui menace chacun, le don précieux qui fait que nous nous sentions accueillis et aimés en Dieu, dans l’unité de son Peuple rassemblé au nom de la Trinité. Elle est la lumière qui fait resplendir l’Église comme signe dressé parmi les peuples : « Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, alors que nous marchons dans les ténèbres, nous sommes des menteurs, nous n’agissons pas selon la vérité ; mais, si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres.

En dépit de toutes les fragilités humaines qui appartiennent à sa physionomie historique, l’Église se révèle ainsi une merveilleuse création d’amour, faite pour rendre le Christ proche de chaque homme et de chaque femme qui désire vraiment le rencontrer.

Et dans l’Église, le Seigneur demeure toujours notre contemporain. L’Écriture n’est pas une chose du passé. Le Seigneur ne parle pas dans le passé, mais il parle dans le présent, il parle aujourd’hui avec nous : il nous donne la lumière, il nous indique le chemin de la vie, il nous donne la communion et ainsi, nous prépare et nous ouvre à la paix.

Audience Générale du mercredi 29 mars 2006