En référence au livre de l’Exode 24, 1-11

Saint Augustin « De très grands mystères ! »

Je vous avais promis, à vous qui venez d’être baptisés, un exposé sur le sacrement de la table du Seigneur que vous avez sous les yeux et auquel vous avez participé la nuit dernière. Vous devez connaître ce que vous avez reçu, ce que vous recevez, ce que chaque jour vous allez recevoir.

Ce pain que vous voyez sur l’autel, sanctifié par la parole de Dieu, c’est le corps du Christ. Cette coupe, ou plutôt ce que contient la coupe, sanctifié par la parole de Dieu, c’est le sang du Christ. Par-là, le Seigneur Christ a voulu nous confier son corps et son sang qu’il a répandu pour nous, en rémission des péchés. Si vous l’avez bien reçu, vous êtes ce que vous avez reçu.

L’Apôtre dit, en effet : “Il n’y a qu’un seul pain : à plusieurs, nous ne sommes qu’un seul corps ». Ainsi explique-t-il le sacrement de la table du Seigneur : « Il n’y a qu’un seul pain : à plusieurs, nous ne sommes qu’un seul corps ». Qu’il vous soit montré par ce pain comme nous devons aimer notre unité !

Ce pain, en effet, a-t-il été fait d’un seul grain ? N’y avait-il pas de nombreux grains de froment ? Mais avant de devenir du pain, ils étaient séparés. Par l’eau ils furent unis, mais après un certain broyage. Car si le froment n’est pas moulu, s’il n’est pas arrosé d’eau, jamais il n’en vient à cette forme qu’on appelle : « pain ». Ainsi en est-il pour vous : les jours précédents, vous avez été comme moulus par l’humiliation du jeûne et les cérémonies mystérieuses de l’exorcisme. Est arrivé le baptême et l’eau : vous avez été comme arrosés, pour en venir à cette forme du pain.

Mais il n’y pas encore de pain sans feu. Qu’est-ce donc qui signifie le feu ? C’est le saint chrême, car l’huile qui alimente notre feu, c’est le sacrement de l’Esprit-Saint. Arrive donc l’Esprit-Saint, le feu après l’eau, et vous devenez le pain qui est le corps du Christ. Ainsi est signifiée, en quelque sorte, l’unité.

Ce sont donc là de grands mystères, oui, de très grands mystères ! Voulez-vous savoir comment on nous les recommande ? L’Apôtre dit : « Qui mange le corps du Christ ou qui boit à la coupe du Seigneur indignement, sera coupable à l’égard du corps et du sang du Seigneur ». Qu’est-ce que les recevoir indignement ? C’est les recevoir en se moquant, c’est les recevoir sans en faire grand cas. Que ces mystères ne te paraissent pas vils parce que tu les vois ! Ce que tu vois passe, mais ce qui est signifié invisiblement ne passe pas. Voici : on reçoit, on mange, on fait disparaître. Mais le corps du Christ disparaît-il ? L’Église du Christ disparaît-elle ? Les membres du Christ disparaissent-ils ? Bien sûr que non ! Ici, ils sont purifiés, là-haut ils sont couronnés. Ce qui est signifié demeure donc éternellement, bien que cela semble passer.

Recevez donc ces mystères de manière réfléchie, pour avoir au cœur l’unité, et le cœur toujours fixé en-haut. Que votre espérance ne soit pas sur la terre, mais dans le ciel. Que votre foi soit affermie en Dieu, qu’elle soit agréable à Dieu. Car ce que maintenant vous ne voyez pas, mais croyez, vous le verrez là où vous vous réjouirez sans fin.

Sermon 227. Aux néophytes, sur les saints mystères.