En référence aux Actes des apôtres 20, 17-38

Saint Léon – Entre la Résurrection et l’Ascension

Dimanche 17 mai 2020

Les jours qui s’écoulèrent entre la Résurrection du Seigneur et son Ascension, mes bien-aimés, n’ont pas été dépourvus d’événements ; de grands mystères y ont reçu leur confirmation, de grandes vérités y ont été révélées.

En ces jours, la crainte d’une mort amère est écartée, et l’immortalité, non seulement de l’âme mais aussi de la chair, est manifestée. En ces jours, le Saint-Esprit est communiqué à tous les Apôtres par le souffle du Seigneur ; et le bienheureux apôtre Pierre, après avoir reçu les clefs du Royaume, se voit confier, de préférence aux autres, la garde du bercail du Seigneur.

En ces jours-là, le Seigneur se joint en tiers à deux disciples et les accompagne en chemin ; et, pour dissiper en nous toute obscurité venant du doute, il reproche à ces hommes apeurés leur lenteur à croire. Les cœurs qu’il éclaire sentent s’allumer en eux la flamme de la foi ; ils étaient tièdes, et ils deviennent brûlants lorsque le Seigneur leur fait comprendre les Écritures. À la fraction du pain, les yeux des convives s’ouvrent. Eux qui voient se manifester la glorification de leur nature humaine, leurs yeux ouverts jouissent d’un bonheur bien plus grand que nos premiers parents couverts de honte par leur désobéissance.

Pendant tout ce temps qui s’est écoulé entre la résurrection du Seigneur et son ascension, voilà, mes bien-aimés, de quoi a pris soin la providence divine, voilà ce qu’elle a enseigné, voilà ce qu’elle a fait comprendre aux yeux et aux cœurs de ses amis : ainsi reconnaîtrait-on que le Seigneur Jésus était vraiment ressuscité, lui qui vraiment était né, avait souffert et était mort.

Aussi les bienheureux Apôtres et tous les disciples que la mort de la croix avait rendus tremblants et dont la foi doutait de la résurrection, furent-ils raffermis par l’évidence de la vérité. Si bien que, lorsque le Seigneur partit vers les hauteurs des cieux, ils ne furent affectés d’aucune tristesse, mais comblés d’une grande joie.

Certes, c’était pour eux un motif puissant et indicible de se réjouir puisque, devant le groupe des Apôtres, la nature humaine recevait une dignité supérieure à celle de toutes les créatures célestes ; elle allait dépasser les chœurs des anges et monter plus haut que les archanges. Les êtres les plus sublimes ne pourraient mesurer son degré d’élévation, car elle allait être admise à trôner auprès du Père éternel en étant associée à sa gloire, puisque la nature divine lui était unie dans la personne du Fils. L’Ascension du Christ est donc notre propre élévation, et là où la gloire de la Tête a précédé, là aussi est appelée l’espérance du Corps.

Sur l’Ascension 1, 2-4.