Et si les événements que nous vivons ces temps-ci, avec les Gilets Jaunes, nous invitaient à regarder la naissance de Jésus avec des yeux neufs !!!
Les manifestations sont parties d’un vrai problème : les conditions de vie insupportables de nombreuses familles. Mais il y a le problème et les alentours du problème, plus spectaculaires, difficilement contrôlables et plus commentés que la réalité de fond.

Dans notre société, il y a des gens très riches et d’autres plongés dans la misère. Il en a toujours été ainsi. Entre ces deux extrêmes, il y a toute la gamme des situations possibles. A travers les siècles, le cœur de l’homme ne change pas. Le riche veut avoir plus et, le miséreux, dès qu’il obtient une amélioration justifiée, veut avoir davantage. Et finalement, pour éviter la jalousie, tout le monde va pouvoir demander une augmentation de son pouvoir d’achat. Le désir d’avoir plus est spontané et universel mais personne n’a trouvé le moyen d’éradiquer la misère…ici et ailleurs.

La vie est ainsi faite que certains sont sur une pente qui les rend plus riches ; d’autres sur une pente qui les conduit à la misère et d’autres se maintiennent à niveau en faisant très attention.

*

On peut situer dans les classes moyennes, le couple du charpentier Joseph. Son travail, dans un village renommé pour sa banalité, lui permettait de vivre. Une décision de l’empereur Auguste va le mettre sur la route avec beaucoup d’autres, pour cause de recensement.
Joseph et Marie (qui attend un heureux événement) doivent se rendre à Bethléem. Le parcours de 175 km suppose quelques bonnes étapes dans des conditions de confort rudimentaires et aussi quelques nuits dans des auberges qui font le plein.

*

Arrivés à Bethléem, il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Pourquoi « pas de place pour eux ?! » Il y avait donc de la place pour d’autres.
S’il est vrai qu’une salle commune n’est pas convenable pour un accouchement, il est vrai aussi qu’une chose devenue rare devient plus chère. Peut-être, Joseph n’avait plus les moyens de payer un hébergement, les auberges étant très sollicitées.
De la route, Joseph et Marie passent « à la rue ».

Des gens convenables, consciencieusement occupés à autre chose, n’ont rien vu. Le récit dit que des anges ont alerté des bergers. On peut imaginer que Joseph, à la recherche d’un abri, a interpellé, au hasard des rencontres, des gens qui lui ont signalé un abri. Ce sera une grotte. Des bergers, informés par les on-dit, se sont dérangés. L’enfant est né ! La mère et l’Enfant vont bien. Gloire à Dieu !
La présence des anges dans le récit souligne ceci : quelque soit l’usage que les hommes fassent de leur liberté, Dieu maîtrise la situation. Attentif à ce qui se passe, il ouvre le cœur de tel ou tel pour que son projet se réalise.

*

Deux questions :

* Pour se conformer aux exigences de l’empereur, Joseph s’est lancé sur la route, avec son épouse enceinte. A-t-il manqué de jugement ? A-t-il pensé manœuvrer pour être dispensé d’aller à Bethléem ?
En notre temps, contourner légalement la loi est un sport national de haut niveau. On parle d’optimisation fiscale ! Qui ne cherche pas le meilleur rendement et le coût le plus bas ?

* Les gens de Bethléem n’ont pas vu la détresse de ce jeune couple ? Avant les Gilets Jaunes, avions-nous pris conscience de la détresse de tous ces gens qui autour de nous vivent dans la misère ? Du confort honnête et convenable, on peut passer à l’aveuglement, à la surdité.

*

Joseph et Marie ! C’est par cette famille dans une situation fragile que Dieu a voulu entrer pour partager la condition humaine. Si l’amour dans le couple est sans faille, ses conditions de vie à Nazareth seront toujours modestes.

*

Isaïe nous invite à écouter la voix des guetteurs » Jésus sera le guetteur. Le cœur libre, il saura dénicher dans notre vie la parcelle de vérité qui ne demande qu’à se développer et mettre à jour la parcelle de fausseté qui nous abîme.
A la suite de Jésus, nous avons à devenir des guetteurs. Alertés, nous devons alerter.
Le mal sait se faufiler dans les meilleures intentions. Bonnes au départ, elles peuvent devenir des dérives.
L’espérance commence par les pieds. Quand on commence à bouger, un commencement d’espérance devient possible.

D. Boëton