St Joseph des Champs 17 février 2019
6ème Dimanche du T.O. -C-

Jér. 17, 5-8 1
Cor. 15, 12. 16-20
Lc. 6,17, 20-26

Il arrive à n’importe qui de se trouver dans une situation embarrassante : faut-il faire ceci ou cela, choisir au hasard ou demander conseil ?
Demander conseil, c’est reconnaître son hésitation et porter attention au jugement de quelqu’un d’autre. A tous les niveaux de responsabilité dans la société civile, il y a des conseillers. Dans l’Eglise, on connaît les conseillers spirituels.
La réponse étant reçue, l’intéressé reste libre dans son choix. Il suit le conseil ou bien : « Il n’en fait qu’à sa tête ! »
Il arrive aussi que des hommes donnent des conseils qu’on ne leur a pas demandés. Il suffit de ne pas être pas au pouvoir pour savoir ce qu’il faut faire et le dire.
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Le récit de Jérémie offre un exemple de situation embarrassante. En ce temps-là (6ème av. J.C.), le roi Nabuchodonosor gouverne la Chaldée (Irak du sud). Après avoir vaincu les Assyriens, envahi la Palestine et neutraliser les Égyptiens, il nomme à Jérusalem un gouverneur, un Juif, Sédécias. Sa mission est simple : mettre en œuvre les décisions de Nabuchodonosor, le première étant de payer un tribut au vainqueur. !
Au fil du temps, Sédécias se fatigue de cette situation et prend contact avec l’Egypte pour se libérer de l’occupation chaldéenne. Cette information arrive aux oreilles du prophète Jérémie qui déboule au palais pour dire avec violence son opposition au projet : « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur. » Cet homme maudit, c’est Sédécias !
Argument de Jérémie : Se libérer de l’oppression chaldéenne pour tomber sous l’oppression égyptienne n’a pas de sens. Il faudra aussi payer les Égyptiens. Il sera plus efficace de réveiller la foi au Dieu qui a fait alliance avec son peuple. « Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance. »

Remarques

Faire confiance à un jugement basé sur l’inconsistance humaine aboutit à une impasse. L’attitude la plus sûre est de faire ce que Dieu dit. Mais, concrètement, chaque peuple a son dieu et donc n’importe qui peut prétendre parler en son nom.
Dans cette cacophonie, le Dieu qui a construit le peuple juif s’est exprimé au fil du temps par la voix de tel ou tel qu’il a choisi. Un jour, il a envoyé son Fils. Ce Fils est la Parole de Dieu. Lui faire confiance conduit à pratiquer la justice, à être attentif aux pauvres. Tout autre cheminement est voué à l’échec.
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L’évangile de Luc nous dit avec les Béatitudes comment avancer à la suite de Jésus.
« Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. » Entendre parler de pauvreté, fait penser à la misère et donc à l’argent. En fait, le pauvre est celui qui a conscience de manquer de quelque chose qui pour lui est important. Il en souffre.
Si cette définition est bonne, tout homme vit dans la pauvreté. Il lui manque toujours quelque chose. Ce manque allume un désir et cela va durer tout au long de sa vie. Vouloir avoir plus est inscrit dans la nature humaine. Vouloir quoi ?

Les désirs sont innombrables, d’une grande variété et peuvent devenir des tyrans. Si on essaie de les classer, on peut imaginer une pyramide à trois niveaux. Plus on grimpe dans la pyramide, moins il y a de monde !
– Au 1er niveau, on peut mettre les désirs corporels. Ils nous habitent tous. A sa naissance, le bébé ne désire que deux choses le sommeil et le biberon. Il grandit et ses désirs se précisent : gagner sa vie, la santé, le plaisir sous des formes multiples. Beaucoup en restent à ce niveau et en deviennent prisonniers. Malheur à eux !
– Au 2ème niveau, des appétits nouveaux surgissent. L’esprit s’éveille avec l’éducation, la formation, la culture. Apparaissent alors le goût du pouvoir, de la notoriété, de la gloire, des honneurs, le vedettariat. Il arrive qu’on souffre de ne pas être reconnu.
– Au 3ème niveau, on trouve les désirs du cœur. Que faire de sa vie ? Il ne s’agit plus d’avoir plus mais d’être plus. Il ne s’agit plus de prendre, de posséder mais de donner, de se donner, d’aider les autres à grandir en humanité.

Nous habitons ces trois niveaux tout au long de notre vie. Ils ne sont pas étanches. Jésus les a connus et les a situés à leur juste place. Pour entrer dans son royaume, il faut se savoir pauvre, incapable de l’atteindre et se mettre humblement à sa suite. Il nous accompagne par les sacrements.
« Donne-nous, Seigneur de vivre selon ta grâce alors tu pourras venir en nous pour y faire ta demeure » (Oraison du jour)

D. Boëton