1ère lettre de st Pierre 3, 15-18

Dans la souffrance, rendre compte de l’espérance

13 Qui donc vous fera du mal, si vous cherchez le bien avec ardeur ?
14 Mais s’il vous arrivait de souffrir pour la justice, heureux seriez-vous ! Comme dit l’Écriture : N’ayez aucune crainte de ces gens-là, ne vous laissez pas troubler.
15 C’est le Seigneur, le Christ, que vous devez tenir pour seul saint dans vos cœurs. Soyez prêts à tout moment à présenter votre défense devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous ;
16 mais faites-le avec douceur et respect. Ayez une conscience droite, afin que vos adversaires soient pris de honte sur le point même où ils disent du mal de vous pour la bonne conduite que vous avez dans le Christ.
17 Car mieux vaudrait souffrir en faisant le bien, si c’était la volonté de Dieu, plutôt qu’en faisant le mal. Le Christ aussi a souffert et il a proclamé le salut
18 Car le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une fois pour toutes, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu.
Dans la chair, il a été mis à mort ; dans l’esprit, il a reçu la vie.

A propos de cette lecture :

Dimanche dernier Pierre rappelait aux  chrétiens qu’ils sont  « des pierres vivantes, cimentés au Christ et les unes aux autres. » ainsi que par leur adhésion au Christ ils ne font plus qu’un avec lui et avec lui forment « un sacerdoce royal » avec  cette mission d’être appelés à faire de la réalité de leur  vie un sacrifice agréable à Dieu.

Aujourd’hui  les voilà : « appelés à rendre témoignage de l’espérance qui est en eux ». Après avoir souligné les relations du chrétien avec Christ et des chrétiens entre eux, il s’agit maintenant de définir quelle doit être leur attitude vis-à-vis de ceux du dehors. « Soyez toujours prêts à justifier » ! Non pas à claironner, mais à rendre compte de l’espérance qui est la part la plus délicate du témoignage. On peut en effet à la rigueur rendre compte de sa foi en Dieu, Père, Fils et Esprit, dire ce que je crois et pourquoi je crois. Mais dire ce que j’espère et pourquoi je vis de cette espérance !?    

Pierre utilise un texte d’Isaïe 8,12-13  qu’il avait déjà cité en 2,8. : «   La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle, une pierre d’achoppement, un rocher sur lequel on trébuche.

« Sanctifier le Seigneur »  « Tenir le Christ pour seul saint » cad sur lui seul que nous pouvons nous appuyer et compter.

Pierre écrit à une communauté qui ne connaît pas la persécution comme telle mais subit des vexations dans un milieu hostile. On reproche aux chrétiens de qui  ne participent pas aux fêtes traditionnelles et ne sacrifient pas aux dieux de ne pas être solidaires,  au risque de les rendre responsables des maux qui surviennent.

Cothenet dans Cahier Evangile écrit : « tout chrétien en toute circonstance, doit être capable de justifier, de rendre croyable l’espérance qui est en lui…A la différence des païens qui sont sans espérance et sans Dieu dans le monde (Eph 2,12) les chrétiens regardent l’avenir avec assurance. Cette attitude d’espérance dans un monde souvent marqué par le désespoir était aussi nouvelle que l’amour mutuel des chrétiens si souvent souligné ».

En invitant les chrétiens à justifier l’espérance qui est en eux Pierre les invite à prendre conscience de la dignité de leur vocation de chrétien et des exigences qui en découlent.

Représentant Jésus le croyant ne peut se laisser intimider par les moqueries ou les reproches de ne pas faire comme tout le monde mais les yeux fixés sur Jésus Christ peut alors  s’identifier à lui.

Quelle est cette espérance qui nous habite et dont nous devons rendre compte, dont nous devons témoigner ? C’est tout simplement celle qui habitait Jésus,  sa foi indéfectible en son Père avec qui il ne faisait qu’un. L’espérance qui habite le chrétien lui permet de garder les yeux fixés sur  Jésus mort-ressuscité.  Et ainsi regarder l’avenir avec assurance. MN Thabut écrit : « nous ne pouvons témoigner de Jésus-Christ que si nous avons d’abord vécu l’espérance » qui n’est autre chose que si nous croyons à la victoire sur le mal  que le Christ a vaincu par sa mort-résurrection. 

St Paul nous avertit en 2 Cor 4, 11 sv que nous sommes « livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit manifestée dans notre existence mortelle ». N’ayez aucune crainte, ne soyez pas troublés par ces gens qui essaient de vous troubler et de vous égarer. La seule crainte dit Pierre c’est celle du Seigneur, la crainte que notre conduite, nos actes ne soient dignes du Seigneur et fidèles à son Evangile..

V18 :On sait , dans la religion juive, l’importance des sacrifices pour le péché notamment le sacrifice de Yom Kippour. Le sacrifice du Christ met fin à cette économie.  Pierre semble s’inspirer des chants du Serviteur du prophète Isaïe.

« Au long de ces textes se dessine le portrait robot du croyant : instruit par la Parole, il vit dans l’intimité de Dieu et met toute sa confiance en Lui. « Il ne crie pas , il n’élève pas le ton » (Is 42 ) ; mais il reste inébranlable » il ne s’étiole pas , il ne ploie pas » (Is 42), il est la lumière des nations pour que le salut soit présent  jusqu’à l’extrémité de la terre » (Is 49). « Le Seigneur Dieu lui vient en aide, dès lors il ne cède pas aux outrages » (Is50) ; enfin il porte les fautes des foules pour les pécheurs, il vient s’interposer » (Is 53). En écho Pierre affirme : «  le Christ est mort pour les péchés une fois pour toutes ». Cette expression une fois pour toutes est un cri de victoire. Le monde du mal et du péché est définitivement vaincu dans l’obéissance du Fils » MN Thabut dans Intelligence des Ecritures I,289.

Peut-être serait-il bon de nous interroger et nous laisser mettre en question par le monde sur notre éventuelle espérance ? Espérons-nous encore dans notre monde déboussolé ? Les épreuves et les échecs accumulés n’ont-ils pas tué toute espérance en nous ? Le monde qui nous voit vivre, devine-t-il qu’une espérance nous habite ?

Ne soyons pas de celles et ceux dont l’espérance n’est qu’un article du catéchisme. Ne défendons pas le Dieu que nous nous sommes fabriqués. Il nous faut répondre de l’ espérance fondée sur une Parole qui nous fait découvrir dans l’épaisseur de notre quotidien, la présence d’un amour gratuit. Nous avons à faire fleurir la présence de Dieu par l’espérance dont nous vivons et dont nous avons à être prêts à répondre si du dehors on nous en demande compte.

Jamais aucun triomphalisme ne rendra compte de l’espérance qui est en nous, mais la conscience de notre pauvreté, nourrie de la Parole, qui pourra en toute simplicité signifier que nous sommes tournés vers l’avenir parce que le Dieu de Jésus Christ est un Dieu qui fait histoire avec les hommes, qui nous met sans cesse en route parce qu’il est toujours un Dieu de l’avenir.

L’espérance, il faut être prêt à s’en expliquer calmement et avec respect pour l’adversaire. Mais plus que par des paroles, pourtant indispensables, c’est par notre adhésion au Christ vivant que nous rendrons compte de l’espérance qui nous habite.