St Joseph des Champs  – 6 août 2017  – Transfiguration

Daniel 7, 9-10. 13-14 2  – Pierre 2, 16-19 –  Matthieu 17 1-9

Avec le livre de Daniel, nous sommes vers 164 avant J.C. A Jérusalem, la population supporte mal l’occupation des Grecs qui dominent, en ce temps-là, le Moyen-Orient. Fatigué des tracasseries menées par les prêtres du Temple qui cherchent à rétablir un minimum d’indépendance, le roi Antiochus Epiphane (-215- à -164) déclenche une persécution contre les Juifs. Elle fait beaucoup de victimes. Pour soutenir le moral du peuple de Dieu, des écrits circulent sous le manteau. Parmi d’autres, sous le nom de Daniel, un auteur inspiré écarte le voile qui bouche l’horizon. En fait, la fin de l’épreuve arrivera avec la mort Antiochus Epiphane.

Dans le texte que nous lisons aujourd’hui, Daniel s’exprime dans un langage codé. Avec un foisonnement d’images, il nous introduit dans une salle d’audience où va se dérouler un jugement. Des sièges sont mis en place pour les autorités. Dans la culture de ce temps-là, le blanc étant la couleur du ciel, Dieu, le Juge, est présenté comme un vieillard aux cheveux blancs, revêtu d’un habit blanc. Il prend place sur un trône. Des milliers de serviteurs sont à son service. Entre lui et l’assistance, il y a comme un fleuve de feu qui tient la foule à distance. La séance commence par l’ouverture des livres avec, (peut-être !) la liste des prévenus et leur dossier. Un Fils d’homme (on peut comprendre tout simplement : un homme) venu avec les nuées du ciel parvient jusqu’au vieillard. Il lui est présenté. Cela ressemble à un entretien d’embauche. Le résultat est satisfaisant puisqu’il lui donne la domination universelle et une royauté indestructible. Un jour, interrogé par le grand-prêtre de Jérusalem, Jésus s’identifiera à ce Fils d’homme. Au-delà de l’épreuve qui l’attend, il y a une justice qui remettra les choses à l’endroit.

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Une observation. Le peuple juif persécuté par un peuple païen, cela n’a rien d’étonnant. Dans un premier temps, ce peuple juif s’est présenté, dans le concert des nations, comme étant au service d’un Dieu unique. Cela ne dérange personne. Cela fait seulement un dieu de plus dans la galerie universelle des dieux. Mais que ce Dieu des Juifs, qui se dit uni-que, prétende éliminer tous les autres dieux, n’est pas admissible. Le peuple juif est a-lors perçu comme une menace pour tous les peuples qui confient leur avenir à d’autres dieux et considèrent leur empereur comme un dieu à qui on doit un culte.

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Moins de deux siècles plus tard, nous découvrons une situation stupéfiante : des Juifs persécutent d’autres Juifs ! A Jérusalem, les hauts responsables de la communauté ont condamné et mis à mort un concitoyen, un dénommé Jésus, pour la raison qu’il se dit Fils de Dieu. Il s’ensuivra une persécution menée par des Juifs contre des Juifs. Le pharisien Paul sera un témoin complaisant du meurtre du diacre Étienne. Le peuple Juif voudrait-il s’autodétruire ? Revenons au temps de Jésus. En montant vers Jérusalem, il prépare trois de ses apôtres, Pierre, Jacques et Jean, à l’épreuve qu’il va traverser et qui les déstabilisera : sa passion et sa mort honteuse. Pour cela, il les emmène à l’écart sur une haute montagne et là, il est transfiguré devant eux. C’est bien lui, mais autrement ! Il leur dévoile ainsi un aspect inimaginable de sa véritable identité. Moïse et Élie viennent l’entourer.

La présence de Moïse affirme la concordance de la Parole de Jésus avec la Loi de Dieu proposée au peuple sur le mont Sinaï et, derrière Élie, on perçoit tous les prophètes qui, sans arrêt et sans succès, ont rappelé cette Loi. Jésus n’est pas un déviant. Les trois apôtres vivent un moment de bonheur absolu. Pierre est séduit : « Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. » L’agrément ne dure pas longtemps. Ils ne sont plus spectateurs ; ils sont intro-duits dans l’événement : « Une nuée lumineuse les couvrit de son ombre. » Sont-ils dans le noir ou dans la lumière ? « De la nuée, une voix disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie. Écoutez-le. » Voilà une bonne nouvelle et un conseil qui déclenchent la peur. La Parole de Dieu bouscule : « Ils furent saisis d’une grande crainte. » Jésus les rassure et, en descendant de la montagne, il leur dit : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. » Ils observèrent la consigne. Qu’auraient-ils pu dire ?! Le Fils de l’homme ressuscité d’entre les morts ! Qu’est-ce que ça veut dire ?

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Jésus donc a fait cadeau à Pierre Jacques et Jean d’une expérience spirituelle très forte. Dans sa deuxième lettre, adressée sans doute aux chrétiens d’Asie mineure, Pierre présente une sorte de testament spirituel à l’approche de sa mort. L’avenir va être difficile pour la communauté des croyants mais Dieu continue de conduire les événe-ments. Un repère utile en tout temps : se méfier des beaux parleurs qui ne sont que séducteurs. Pierre n’est pas un orateur professionnel. Il évoque un souvenir : « Ce n’est pas en ayant recours à des récits imaginaires sophistiqués que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus-Christ mais c’est pour avoir été les témoins oculaires de sa grandeur. » Il dit simplement ce qu’il a vu et entendu : « Cette voix venue du ciel nous l’avons entendue nous-mêmes ». S’il y a quelqu’un qui mérite d’être écouté, c’est bien Jésus. Sa parole nous a été transmise par des témoins. « Justice et droit sont l’appui de son trône (…) Il domine de haut tous les dieux.»

La Transfiguration. Le Christ transfiguré entre Élie (le prophète) à sa droite et Moïse (la Loi) à sa gauche. En bas de gauche à droite les apôtres Jacques, Jean et Pierre.