1ère lecture : Genèse 15/1-6 et 21/1-3
15.1 Après ces événements, la parole du SEIGNEUR fut adressée à Abram dans une vision. Il dit: «Ne crains pas, Abram, c’est moi ton bouclier; ta solde sera considérablement accrue.»
- Abram répondit: «Seigneur DIEU, que me donneras-tu? Je m’en vais sans enfant, et l’héritier de ma maison, c’est Eliézer de Damas.»
- Abram dit: «Voici que tu ne m’as donné de descendance et c’est un membre de ma maison qui doit hériter de moi.»
- Alors le SEIGNEUR lui parla en ces termes: «Ce n’est pas lui qui héritera de toi, mais celui qui sortira de tes entrailles héritera de toi. »
- Il le mena dehors et lui dit : Contemple donc le ciel, compte les étoiles, si tu peux les compter. Puis il lui dit : «Telle sera ta descendance. »
- Abram eut foi dans le SEIGNEUR, et pour cela le SEIGNEUR le considéra comme juste.
- 1 Le SEIGNEUR intervint en faveur de Sara comme il l’avait dit, il agit envers elle selon sa parole.
- Elle devint enceinte et donna un fils à Abraham en sa vieillesse à la date que Dieu lui avait dite.
- Abraham appela Isaac le fils qui lui était né, celui que Sara lui avait enfanté.
A propos de cette première lecture :
Il s’agit dans ces deux textes d’un raccourci entre la promesse faite par Dieu à Abram de lui donner une descendances et la réponse de Dieu dans sa réalisation par la conception et la mise au monde de l’enfant de Sara.
La Genèse consacre les chapitres 12 à 25 à ‘l’histoire d’ Abram, à son élection et les chapitres suivants à l’histoire de sa descendance. Pourquoi ce long déroulement ? Ruelle écrit : « les écrits de l’Ancien Testament n’ont pas été réunis par hasard : ils tirent leur origine de la vie de la communauté des croyants ; ils ont été suscités pour remplir des fonctions vitales pour la Foi. »
« Ce recueil vise à attester que Yaweh conduit toute l’Histoire et que la Foi est à vivre comme une itinérance, une quête permanente dont Abraham est le prototype. La foi est un défi à assumer à l’épreuve des événements : elle est totalement fondée sur le Parole donnée du Seigneur, notre seul garant, notre bouclier face aux situations éprouvantes de notre existence » Ruelle dans « Prions ensemble ».
L’épisode commence par l’ inquiétude : Abram à qui tout avait été promis, un pays et un fils et qui ne voit rien venir ! Pouvait-il encore attendre quelque chose étant donné son âge avancé? Abram croit que non. C’est l’histoire de la nuit dans la foi. Le premier des croyants, notre père dans la foi, a connu cette nuit, et d’autres patriarches, comme Isaac et Jacob, ont tous fait la même expérience.
C’est souvent durant la nuit que les choses nous paraissent insolubles, mais aussi dans la nuit qu’il se passe quelque chose, que le Seigneur envoie son ange et que les patriarches reçoivent un message de la part du Seigneur. C’est la foi qui leur permet de discerner et de répondre par oui à Dieu.
Dieu fait sortir Abram de son sommeil pour lui dire : « Ne crains pas, c’est moi ton bouclier, ta solde sera considérablement accrue ». Même cette parole ne le rassurera pas !
Alors que son couple est stérile, Dieu promet un avenir et une descendance.
Pour le conduire sur le chemin de la foi, Dieu mène Abram au dehors, non pas pour regarder la petite ou la grande ourse, mais pour l’inviter « a un autre regard. Il ne donne pas de nom aux étoiles mais ce sont les étoiles qui lui révèlent autre chose. Abram regarde comme lorsqu’on regarde les oiseaux, les lis des champs. En regardant de cette façon, on ne s’approprie rien mais on se laisse approprier. Abram regarde avec les yeux de la foi. » Cette foi qui va faire de lui le père d’une multitude. (Abraham)
« Au verset 6 apparaît pour la première fois le verbe croire, de la racine hébraïque qui a donné le terme amen qui signifie « être fondé solidement, être maintenu en lieu solide », d’où « se fier à quelqu’un, le considérer comme digne de confiance, fidèle ». J. Radermakers dans Paroles sur le chemin p 43
« La réaction d’Abram retient toute notre attention : il eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste » Feu Nouveau 61/1
D’où vient tout à coup cette foi ? Rien ne nous le dit mais une lumière s’est levée en lui. Sa plainte s’estompe et une fois encore il entend une parole à laquelle il adhère en raison de sa foi. Dieu va le considérer comme juste. (Sola fides) .
« Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste ». C’est sur sa foi que l’alliance est fondée. Il eut foi dans le Seigneur mais demanda quand même: « à quel signe je vais savoir que je l’ai en héritage ? ».
Sa femme, Sara, elle non plus n’a pas cru et s’est dit : « A d’autres, votre belle histoire ». Abraham a cru en son Dieu. En toute simplicité, sans plus. L’enfant viendra en temps voulu car Dieu est fidèle à sa parole. Et cet enfant reçoit un nom original : « Isbas » ce qui veut littéralement dire «Il m’a fait rire ! » ou « il rit ». Isaac est l’enfant du rire, le rire de la foi au-delà des larmes de l’épreuve. C’est le rire de l’action de grâce. Ce qui est incroyable s’est quand même vérifié grâce à la fidélité de Dieu à ses promesses et grâce à la conviction d’avoir à contribuer à la réalisation de la promesse. Nous aussi pouvons « aider » Dieu à accomplir ses promesses par une foi active. « Jésus le Christ, lumière intérieure, ne laisse pas les ténèbres me parler, Jésus le Christ, lumière intérieure, donne-moi d’accueillir ton amour ».
Que retenir ? Nous désirons toujours des preuves, enclins à chercher des signes. L’aventure de la foi n’a rien de passif mais dans sa quête permanente de Dieu elle le rencontre à travers les événements. La foi « est à vivre comme un nomadisme ». Notre stabilité de foi en Dieu n’a rien d’un immobilisme mais une marche dans l’invisible sans cesse à reprendre.