Pâques Messe du Jour -C-
Actes 10, 34, 37-43
1 Corinthiens 5, 6-8
Jn 20, 1-9
– Descendu de la croix, le corps de Jésus a été déposé dans un tombeau disponible, déjà creusé dans la roche. Le sabbat terminé, Marie-Madeleine s’y rend alors qu’il fait encore nuit. Elle n’a rien de particulier à y faire. Elle découvre que la pierre qui ferme le tombeau a été roulée sur le côté. Sa conclusion est simple : on a enlevé le corps ! Elle court avertir Pierre et Jean.
– Arrivé le premier, Jean n’entre pas dans le tombeau. Il confirme l’absence du corps et remarque que les linges qui ont servi à la toilette funèbre sont bien rangés.
– Entré dans le tombeau, Pierre ajoute que le suaire est à sa place, c’est-à-dire à hauteur de la tête. Que faire devant un tombeau vide ?
*Pierre rentre à la maison avec une question sans réponse. Qui sont ces violeurs de tombe qui laissent les linges de sépulture sur place ?
*Jean rumine ce qu’il a observé : le tombeau est vide. N’importe qui peut y entrer et découvrir les linges bien rangés. Cela donne à penser que Jésus n’en a plus besoin. S’il n’en a plus besoin, c’est qu’il est vivant ! De quelle manière ? Qui peut le dire ?! Il garde ses réflexions pour lui. « Il vit et il crut. »
*Marie Madeleine, restée seule près du tombeau, interpellera un jardinier qui par hasard se trouve là. En fait, c’est Jésus ! Elle le reconnait au son de sa voix ! Pécheresse, remise d’aplomb après sa rencontre avec Jésus, elle sera le premier témoin de la Résurrection et la première missionnaire chargée d’informer les disciples.
Avant d’aborder le récit des Actes des Apôtres, il faut franchir quelques étapes : Jésus ressuscité s’est manifesté à ses apôtres et a dû vaincre leur incrédulité. Finalement, l’Esprit de Pentecôte les fait sortir de l’entre-soi.
Un jour, Pierre est amené à accueillir un païen qui, de plus, est officier d’une armée romaine d’occupation qui a participé à la crucifixion de Jésus. La vie nouvelle que Jésus propose ne concerne pas seulement les Juifs mais tous les païens ! Quiconque donne sa foi à Jésus devient membre du peuple de Dieu qui est un peuple de frères ! Une fraternité toujours à construire ! Une fraternité rude, solide, féconde !
Un peuple de frères ! Paul essaie d’ouvrir ce chemin. A Athènes, il s’adresse à la fine fleur intellectuelle de la ville, des gens blindés derrière leurs convictions ! Avec toutes les astuces de son art oratoire, il a voulu séduire son auditoire. Résultat : un sou-rire méprisant l’invite à faire sa valise et à raconter ailleurs son histoire de résurrection des morts. Il n’y aura pas de lettre de Paul aux Athéniens !
Instruit par cet échec, il va à Corinthe, et s’adresse au tout-venant. C’est un port de 700.000 habitants avec 50% d’esclaves. On l’écoute ! Une communauté chrétienne s’organise avec des débardeurs du port, des commerçants, des trafiquants, des hommes libres et des esclaves. Chaque catégorie de citoyens a nécessairement ses repères de vie qui font naître des situations conflictuelles. Les faux pas sont inévitables.
Un peuple de frères ! Le chantier est toujours ouvert avec des obstacles, toujours les mêmes, qui s’empilent les uns sur les autres. Chaque vie humaine est plombée par l’histoire de son pays et de sa famille, par sa culture, ses instincts. Quand l’occasion se présente, pourquoi ne pas chercher une vie facile, quitte à exploiter le voisin ?
« Ne savez-vous pas qu’un peu de levain suffit pour que fermente toute la pâte ? Purifiez-vous donc des vieux ferments et vous serez une pâte nouvelle. »
Toute pâte est travaillée par le ferment qu’on y met. Pour changer la société, il faut changer de ferments. En ressuscitant, Jésus n’a pas abandonné son humanité. En lui, elle est devenue ce que son Père désirait.
Une goutte d’évangile dans une vie peut assainir l’atmosphère d’une famille, d’un quartier. De proche en proche, une société peut, avec le temps, être transformée.
Notre carême nous a-t-il permis d’identifier les ferments de notre vie qui empoisonnent notre entourage ? Le Temps Pascal va-t-il nous permettre d’accueillir le ferment nouveau ? Jésus pénètre notre vie sans être complice de nos écarts. Par sa Parole et son Corps offert dans l’Eucharistie, il fait en sorte que sa vie peut devenir la nôtre. A chacun de nous de l’accueillir.