JÉSUS, NOTRE MÉDECIN
Jésus n’est pas venu à nous en vain, car il n’est pas venu les mains vides. Comment serait-il venu les mains vides, celui en qui habite la plénitude de la divinité. En effet, l’Esprit ne lui a pas été donné avec mesure. Il est venu dans la plénitude des temps, montrant que lui-même était rempli. Il est bel et bien rempli, lui que le Père a oint d’une huile de joie plus que tous ses semblables ; Il l’a oint et Il l’a envoyé plein de grâce et de vérité. Il l’a oint pour qu’il oigne. Sont oints par lui tous ceux qui ont mérité de recevoir de sa plénitude. Aussi dit-il : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que j’ai reçu son onction ; il m’a envoyé porter la bonne nouvelle à ceux qui sont doux, guérir les cœurs brisés, annoncer le pardon aux captifs et la liberté à ceux qui sont dans les chaînes, publier une année de grâce pour le Seigneur ».
Il vient donc, entends-tu, oindre nos plaies et calmer nos douleurs ; c’est pourquoi il vient oint, il vient doux et tendre et plein de pitié pour tous ceux qui l’invoquent. Il savait qu’il descendait vers des infirmes et il s’est montré tel qu’il devait être. Et parce que les maladies étaient nombreuses, ce médecin prévoyant eut soin d’apporter des remèdes divers. Il a apporté l’Esprit de sagesse et d’intelligence, l’Esprit de force et de conseil, l’Esprit de science et de piété, l’Esprit de crainte du Seigneur.
Vois-tu combien le médecin céleste a préparé de fioles remplies de parfums pour guérir les blessures de cet infortuné tombé entre les mains des brigands ? L’Esprit de vie était dans ces fioles. Il a versé de l’huile sur mes plaies ; il a versé aussi du vin, mais moins que d’huile. Car pour soigner mes infirmités, il fallait que la miséricorde l’emportât sur le jugement, comme l’huile mélangée au vin surnage à sa surface. Il a donc apporté cinq jarres d’huile, et deux seulement de vin. Le vin, en effet, c’est seulement la crainte et la force ; les cinq autres montrent que c’est de l’huile par la douceur qui leur est propre.
Ô Sagesse ! Avec quel art médical tu as restauré la santé de mon âme par le vin et par l’huile, doux avec force, fort avec douceur ! Fort pour moi et doux à mon égard. Tu atteins d’une extrémité du monde à l’autre avec force et tu disposes tout avec douceur, chassant l’ennemi et protégeant le malade. « Guéris-moi, Seigneur, et je serai guéri ». Je chanterai et confesserai ton nom et je dirai : « Ton nom est une huile répandue ! ». Non pas un vin répandu : je ne souhaite pas que tu entres en jugement avec ton serviteur, mais une huile, car tu me couronnes par ta miséricorde et ta compassion. Vraiment l’huile qui flotte à la surface de tous les liquides auxquels on la mélange, montre clairement que ce nom est au-dessus de tous noms. Ô nom très doux et très agréable ! Ô nom cher entre tous, choisi entre tous, élevé entre tous, exalté pour les siècles des siècles !
Voici vraiment l’huile qui fait resplendir de joie le visage de l’homme et qui parfume la tête du pénitent afin qu’il ne sente plus l’huile du pécheur. Voici le nom nouveau qu’a prononcé la bouche du Seigneur, le nom dont il fut appelé par l’Ange, avant d’être conçu dans le sein de Marie. Ce nom, tout homme qui l’invoquera sera sauvé, car il s’est répandu en tous lieux. Ce nom, le Père l’a donné à son Fils, l’Époux de l’Église, notre Seigneur Jésus-Christ, qui est notre Dieu béni dans les siècles des siècles.
Sermon 16 sur le Cantique, 13-15.