En référence aux Actes des apôtres 21, 40 à 22, 21

St Augustin – Glorifie ton fils

Certains pensent que le Fils a été glorifié par le Père, du fait qu’il ne l’a pas épargné, mais qu’il l’a livré pour nous tous. Mais si le Fils a été glorifié dans sa Passion, combien plus dans sa résurrection ! Dans sa Passion, son humilité apparaît plus que sa splendeur, comme en témoigne l’Apôtre lorsqu’il dit : « Il s’humilia lui-même et se fit obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix ». Puis il continue, parlant de sa glorification : « Aussi Dieu l’a exalté et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse aux cieux, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame de Jésus qu’il est le Seigneur, dans la gloire de Dieu le Père ». Voilà la glorification de notre Seigneur Jésus-Christ qui commença à sa résurrection. C’est donc pour que le médiateur entre Dieu et les hommes, l’homme Jésus-Christ, soit glorifié en sa résurrection, qu’il fut d’abord humilié en sa Passion : « Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils ». L’heure est venue de semer l’humiliation, ne diffère pas le fruit de gloire.

Aucun chrétien ne doute, et il est évident que le Fils a été glorifié selon la forme d’esclave que le Père a ressuscitée et fait asseoir à sa droite. Mais le Seigneur ne dit pas seulement : « Père, glorifie ton Fils », il ajoute : « Pour que ton Fils te glorifie » ! On demande, et avec raison, comment le Fils a glorifié le Père. Car la gloire du Père ne peut ni croître ni diminuer, en elle-même. Elle était, cependant, moindre auprès des hommes lorsque Dieu n’était connu qu’en Juda et que les serviteurs ne louaient pas le nom du Seigneur du lever au coucher du soleil. Ce fut là le fruit de l’Évangile du Christ qui a fait connaître aux nations le Père par le Fils. C’est ainsi que le Fils a glorifié le Père. Si le Fils n’avait fait que mourir et n’était pas ressuscité, il n’aurait pas été glorifié par le Père ni le Père par lui ; maintenant, glorifié par le Père en sa résurrection, il glorifie le Père par la prédication de sa résurrection. Cela apparaît dans l’ordre même des mots : « Père, glorifie ton Fils pour que ton Fils te glorifie », comme s’il disait : Ressuscite-moi, afin que tu te fasses connaître par moi à tout l’univers.

Dès cette vie, Dieu est glorifié lorsque la prédication le fait connaître aux hommes et qu’il est prêché par la foi de ceux qui croient en lui. C’est pourquoi le Seigneur dit : « Je t’ai glorifié sur la terre et j’ai achevé l’œuvre que tu m’avais donnée pour que je l’accomplisse ». Le Fils a glorifié le Père en le prêchant aux nations, le Père a glorifié le Fils en le plaçant à sa droite.

« J’ai manifesté ton nom aux hommes », ces paroles comprennent, dans la pensée du Sauveur, tous ceux qui devaient croire en lui comme membres de cette grande Église qui devait être composée de toutes les nations et dont le psalmiste a dit : « Je te rendrai grâces dans la grande Église » ; c’est vraiment, alors, cette glorification par laquelle le Fils rend gloire au Père en répandant la connaissance de son nom parmi les nations et aux innombrables générations humaines.

« J’ai manifesté ton nom aux hommes », non pas ce nom de Dieu, mais celui de Père. Ce nom-là ne pouvait être manifesté sans la manifestation du Fils. Tout peuple, en effet, a eu une certaine connaissance de Dieu comme étant le Dieu de toute créature, avant même de croire en Jésus-Christ. Car la puissance du vrai Dieu est telle qu’elle ne peut être complètement cachée à une créature spirituelle qui veut faire usage de son esprit. Dieu était donc connu dans toutes les nations avant même qu’elles aient embrassé la foi en Jésus-Christ ; il était connu en Juda comme le Dieu dont le service ne pouvait être confondu, sous peine d’offense, avec celui des idoles. Mais le nom de Père de Jésus-Christ, par lequel il enlève le péché du monde, n’était nullement connu, et c’est ce nom-là que le Seigneur manifeste à ceux que son Père lui a donnés.

Homélies sur saint Jean, 104-106