En référence à la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens 4, 1-24

Grégoire de Nysse – Qu’il entre le Roi de gloire

Quel doux compagnon pour les hommes que le prophète David ! On le rencontre sur tous les sentiers où nous allons, et comme il s’adapte à merveille à tous les âges de la vie spirituelle ! Quelles prières David n’est-il pas capable de suggérer ? Quelle fête le prophète n’orne-t-il pas de joie ? On peut le constater dans notre célébration. Car la fête de ce jour est assez grande par elle-même ; mais le prophète la rend plus grande encore, puisqu’il y ajoute la joie venant de ses psaumes, celui-ci par exemple : « Au Seigneur est le monde et toute sa richesse ».

La dernière partie de ce psaume est peut-être plus sublime que l’enseignement évangélique lui-même. Car l’Évangile nous rapporte la vie du Seigneur sur la terre et son retour au ciel. Mais ce prophète s’élève, se dépasse lui-même, se mêle aux puissances célestes, et, comme libéré du fardeau de son corps, il nous fait entendre leurs voix quand, accompagnant le Seigneur dans sa descente sur terre, elles commandent aux anges de la terre à qui a été confiée la vie des hommes : « Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles, qu’il entre le Roi de gloire ! »

Et puisque, là où il est, celui qui contient toutes choses en lui se met lui-même à la mesure de ceux qui le reçoivent, non seulement il se fait homme parmi les hommes, mais demeurant parmi les anges, il s’adapte à leur nature ; aussi les portiers demandent de qui il s’agit : « Qui est ce Roi de gloire ? » On leur dépeint sa grâce : il est « le Fort, le Vaillant des combats ». Il va lutter contre celui qui tient la nature humaine réduite en esclavage et renverser celui qui détient l’empire de la mort ; ainsi, après avoir terrassé ce dernier ennemi, rétablira-t-il le genre humain dans la liberté et la paix.

Et maintenant qu’est accompli le mystère de la mort, de nouveau, l’on entend la même demande. Maintenant est assurée la victoire sur les ennemis, et contre eux est élevé le trophée de la croix : « Il monte dans les hauteurs, emmenant une foule de captifs », celui qui donna la vie et le royaume, ces présents excellents pour les hommes.

Aussi nos gardes courent à sa rencontre pour lui faire escorte, et ordonnent de lui ouvrir les portes, afin que passant de nouveau par elles, il soit glorifié. Mais on ne le reconnaît plus : la robe souillée de notre vie dont il s’est revêtu est salie, rougie du sang jailli du pressoir de la méchanceté humaine. Aussi une interrogation se fait-elle entendre à l’adresse de ceux qui l’accompagnent : « Qui est ce Roi de gloire ? » La réponse n’est plus : « C’est lui, le Fort, le Vaillant des combats », mais : « C’est lui, le Seigneur des armées ! ». C’est celui qui a obtenu la souveraineté du monde, récapitulant tout en lui-même, c’est celui qui tient le premier rang, celui qui rassemble tout en son état premier. « C’est lui le Roi de gloire ! »

Voyez comme David nous rend plus douce cette fête, mêlant sa grâce à la joie de l’Église.

Sermon pour l’Ascension, PG 46, col. 690-693