St Joseph des Champs, 13 janvier 2019

Isaïe 40, 1…11 Tite 2, 11-14 ; 3, 4-7 Luc 3, 15-22

Au fil du temps, l’Histoire se répète : les grandes puissances s’imposent. Une nouvelle venue émerge et entre en concurrence. Les autres pays survivent comme ils peu-vent, parfois en se faisant la guerre sous le contrôle des Grands.

Notre foi ne se vit pas en apesanteur, avec des idées chimiquement pures. Nous la vivons ici et pas ailleurs. Elle est affrontée aux événements locaux, nationaux et inter-nationaux qui la colorent d’une manière ou d’une autre. Les techniques nouvelles simplifient la vie des hommes mais le cœur de l’homme ne change pas. L’Eglise aujourd’hui revit ce que le peuple de Dieu a vécu autrefois.

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Durant plusieurs siècles, les puissances du Moyen-Orient se sont affrontées avec en-train. En face de l’Egypte, à l’Ouest, il y eut successivement, à l’Est, l’Assyrie (Irak du nord, capitale Ninive), vaincue par la Chaldée (Irak du sud, capitale Babylone). Entre ces superpuissances, à l’est et à l’ouest, il y avait la Palestine, un terrain de bataille idéal coincé entre la Méditerranée et le désert d’Arabie. Les peuples qui y vivaient furent emmenés en exil ici ou là, par les uns et par les autres. Parmi eux, il y avait le peuple Juif qui, dit-on, avait été choisi par Dieu pour faire de grandes choses !!!
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Chaque dimanche, la première lecture de la liturgie nous promène d’un siècle à l’autre avant J.C. Dans le texte d’aujourd’hui, nous rejoignons le peuple de Dieu en exil depuis des années. Il se trouve qu’un disciple du prophète Isaïe déporté à Babylone, perçoit une évolution dans la situation du Moyen-Orient. Tandis que les Chaldéens s’endorment, enivrés par le parfum des lauriers de leur victoire sur les Assyriens, une nouvelle puissance s’éveille, la Perse (Iran). Elle allume ici des peurs nouvelles et là un espoir de changement.
Le pouvoir ne reste jamais sans quelqu’un qui le prenne. Les armées chaldéennes qui ont détruit Jérusalem vont être détruites à leur tour par Cyrus, le roi des Perses.
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Les réflexions du disciple d’Isaïe sont notées dans « Le livre de la Consolation » (40-55). Les Juifs étaient arrivés à penser que Dieu avait oublié son peuple en exil et voilà qu’il se réveille. Il dit : « Mon peuple ! »

Parce qu’on a l’idée bien ancrée dans le cœur que Dieu est tout puissant, nous en faisons spontanément notre domestique. Il doit toujours être disponible pour nous éviter les conséquences de nos bêtises. Dieu n’est pas notre domestique. Le salut est toujours possible pour tous mais il faut que chacun prenne le chemin qui a été tracé pour lui. Dieu ne le fera pas à sa place. Le prophète dit des choses invraisemblables.

*« Parlez au cœur de Jérusalem » Une plaisanterie ! Le peuple est exilé et la ville est en ruine ! Peu importe ! Le cœur n’est pas le lieu des sentiments pleurnichards mais le lieu des décisions. Dans la détresse comme au milieu des ruines, il faut retrousser ses manches !
* « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur. » A quoi bon aménager un chemin qui ne servira à personne ! Mais Dieu insiste : « Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissée. »
Et si c’était là des paroles que notre Eglise, pas fière, ces temps-ci, doit entendre dans une société devenue un désert de foi. Le pas que chacun fait dans ce désert crée le chemin.
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Au temps de Jésus, ce sont les Romains qui occupent la Palestine. Le peuple est en attente d’un libérateur mais comment manifester cette attente ? Jean qui baptise dans le Jourdain, serait-il un repère ? Sa stature s’impose. Il ne s’adresse pas à une foule mais à un peuple qui a conscience d’un avenir. Il cherche un guide. D’une manière rude, Jean dit ce qui doit être entendu. Il fait peur et il séduit.

Il propose à chacun une démarche pour manifester la volonté de changer de vie : être plongé dans l’eau pour y laisser le passé, et resurgir pour accueillir une vie nouvelle. Si sa parole retient l’attention, ce n’est pas lui qu’il faut suivre : « Il vient celui qui est plus fort que moi. (…) Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »

Il y a du monde pour recevoir le baptême de Jean. Un individu parmi d’autres se pré-sente. Rien de particulier dans son allure. Quand il sort de l’eau, il se met à prier et son identité est révélée : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » Jésus est cet individu. Parfaitement homme et parfaitement Dieu. Il est le chemin ouvert pour quiconque veut bien le prendre.
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Jean a été un trait d’union entre le peuple et Jésus. Sa mission est la nôtre : ouvrir un chemin à la suite de Jésus, créer des liens, aplanir les difficultés dans la vérité. Le travail nous revient. Dieu donnera la fécondité, quand il voudra.
« La grâce de Dieu s’est manifestée pour tous les hommes. » (Tite 2, 11)

D. Boëton