Assomption

Apocalypse 11,19a ; 12,1-6a.10b               1ère aux Corinthiens 15,20-27 a                           Luc 1, 39-56

Marie a terminé son séjour sur la terre. L’heure est venue pour elle, comme pour tout le monde, de passer devant Dieu qui va évaluer la manière dont elle a rempli sa mission. Le résultat ne fait pas de doute ; elle est accueillie si on peut dire à bras ouverts.

Après un parcours sans faute, elle partage la gloire de son Fils.

Pour trouver les mots qui conviennent, l’Eglise a retenu un passage de l’Apocalypse.

La première chose à noter dans le récit, c’est que le ciel s’ouvre et voilà Marie en présence de l’arche d’Alliance. Marie n’est ni effrayée ni dépaysée. Elle n’a jamais dérivé. Beaucoup de croyants, aujourd’hui comme dans les siècles passés, se regroupent dans les lieux de pèlerinages, célèbres ou modestes,  pour rendre grâce à Dieu et supplier Marie de les accompagner.

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Qu’a donc fait Marie d’exceptionnel pour bénéficier d’une telle gloire ? Si aujourd’hui elle est particulièrement glorieuse, c’est que durant sa vie sur terre elle a été particulièrement discrète. Un poème de la prière de l’Eglise répète ceci : Une femme dont on n’a rien dit… si ce n’est telle ou telle situation qu’elle a traversée.

* J’ai entendu autrefois cette appréciation concernant un petit village rural : « Ils sont tous parents ; ils sont tous fâchés et ils tirent sur tout ce qui dépasse. » Voilà une analyse qui conviendrait bien au village de Nazareth. Que Jésus y fasse parler de lui par ses miracles est indécent. (Mat 13, 55). Il n’est que le fils de Joseph, le charpentier, et de Marie son épouse. Les villageois de Nazareth n’ont jamais soupçonné la relation particulière que Marie avait avec Dieu depuis sa conception.

* Aux noces de Cana (Jn 2), Marie, en bonne maitresse de maison, a remarqué l’agitation insolite des serviteurs : le vin va manquer. Elle n’intervient pas en leur disant : « Ne vous inquiétez pas, je m’en occupe. » Elle leur chuchote, en désignant son Fils « Faites tout ce qu’il vous dira. »

* De son côté, Jésus n’a jamais mis en valeur sa mère. Un jour, s’adressant à la foule, un auditeur bien intentionné lui souffle : « Ta mère est là !». Réplique !  « Qui est ma mère qui sont mes frères ? »  (Mat. 12, 48-50)

Quand tout va bien pour Jésus, on ne parle pas de Marie. On ne la voit jamais aux côtés de son Fils quand  il est acclamé par la foule, mais quand les choses tournent mal, elle est là. On la retrouve au pied de la croix douloureuse et silencieuse. Ayant toujours fait ce que Dieu attendait d’elle, elle est maintenant à ses côtés.

Si nous désirons avoir notre place au paradis. Il n’y a qu’un chemin : dans le quotidien de nos responsabilités, devenir ce que Dieu attend de chacun de nous. Dans notre cheminement derrière Jésus, que Marie nous aide à dire ce qu’elle-même a dit à l’ange Gabriel ! « Que tout m’advienne selon ta parole. » (Luc 1, 37) et à sa cousine Elisabeth : « Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. »

P. Daniel Boëton