St Joseph des Champs, Le 9 juin 2019

Actes des Apôtres 2, 1-11                                Epître aux Romains 8, 8-17                                   Jean 14, 15-16, 23-26

Jésus, Fils de Dieu, a été envoyé sur terre pour apprendre aux hommes à aimer son Père comme lui l’a aimé. En partageant la vie des hommes de son temps, de la naissance à la mort inclusivement, il leur a ouvert un chemin.

*

Dans l’évangile de Jean, le verbe aimer est répété trois fois et, à chaque fois, il est associé au verbe garder.
Dans notre culture, le verbe aimer est ambigu. Il est parfois décrit comme un élan incontrôlable, spontané. On se donne de l’agrément. On parle de conquête amoureuse. Dans cette perspective, la priorité est donnée à l’amour de soi. Pour Jésus, aimer c’est d’abord vouloir le bien de l’autre. Cela conduit à parcourir des chemins difficiles.

*

Jésus dit à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. » Autrefois on apprenait par cœur les commandements de Dieu et de l’Eglise. Aujourd’hui, le mot commandement traîne derrière lui un parfum militaire. On ne discute pas les ordres ; on les exécute. Spontanément, on n’imagine pas aimer sur commande.
Jésus ne demande pas qu’on maintienne des habitudes pour conserver la foi. Selon l’évangile, aimer Jésus et aimer ses commandements, c’est la même chose. Aimer Jésus conduit à faire avec sérieux ce qu’il nous commande. Faire ce qu’il nous commande révèle quelque chose de sa vie autour de nous.

*

Et voilà que le commandement devient Parole ! « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. » – « Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. » La Parole ne supprime pas l’exigence mais elle introduit des étapes : elle demande, encourage, invite, propose, insiste. Chacun, en regardant sa vie, peut témoigner qu’il a fait des choses difficiles par amour. Le Défenseur, promis par Jésus, nous accompagne.

*

Selon la consigne reçue de Jésus au mont des Oliviers, les disciples se retrouvent ensemble à Jérusalem. Ils prient avec quelques femmes dont Marie et élisent un apôtre Matthias, pour remplacer Judas. Le cinquantième jour, Dieu intervient. Pour évoquer ce qui s’est passé, le récit des Actes des Apôtres utilise des images qui ne sont qu’une approche de l’événement : « un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent » – « Alors apparurent des langues qu’on aurait dites de feu et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis de l’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. »
On ne sait pas ce qu’ils ont dit. On observe que ces gens enfermés ouvrent leurs portes, prennent la Parole devant la foule et chacun comprend dans sa langue ce qui est dit. Le premier message de la Pentecôte est simple : la parole de Dieu n’est pas réservée à un petit cercle d’initiés. Toute personne humaine, quelle qu’elle soit, d’où qu’elle vienne, est apte à accueillir la Parole. Qu’elle soit dite est suffisant mais nécessaire.

*

Dans le passage de la lettre aux Romains, le verbe habiter revient trois fois. La Parole de Dieu n’est pas un potin qu’on oublie sitôt entendu. Quand celui qui parle est lui-même habité par la Parole, elle est en capacité d’être accueillie. A chaque écoutant d’élaborer sa réponse !

P. Daniel Boëton