1 Samuel 1, 20-22,24-28 1
St Jean 3, 1-2, 21-24
Luc 2 41-5
En certains domaines, notre société a des exigences de sécurité pointues. Dans le domaine médical, scientifique, et dans tout ce qui concerne la transformation de la nourriture mise sur le marché, la moindre négligence engendre à court ou à long terme des catastrophes irréparables.
Mais en d’autres domaines, on dirait que le flou est de rigueur. Il arrive que des personnalités politiques s’en prennent aux parents qui ne sont pas à la hauteur de leur responsabilité. Mais aujourd’hui, de qui parle-t-on quand on parle de parents ?
J’ai toujours dans la tête la réflexion d’une assistante sociale. Un jour, elle dit à un adolescent de son secteur : « Je voudrais voir ton père. » Réponse : « Lequel ? Celui qui m’a conçu ; celui qui m’a élevé, ou celui qui vit avec ma mère ? »
J’ai aussi le souvenir d’avoir lu cette réflexion enthousiaste d’une petite fille qui racontait à ses copines la chance qui était la sienne. Au moment des étrennes, elle recevait quatre cadeaux. Les quatre hommes qui avaient conquis le cœur de la maman voulaient aussi être bien vus par son enfant.
Et les scientifiques parlent aujourd’hui des perspectives d’avenir. Des entreprises spécialisées soignant le mal à sa racine, seraient en mesure de donner naissance à des enfants parfaits sur tout rapport. Le sourire, le regard et le comportement seraient toujours convenables parce que programmés !
On irait jusqu’à dire que le père de tel enfant sera tel ou tel consortium international spécialisé.
Et voilà que l’Eglise nous raconte aujourd’hui des histoires qui datent de quelques millénaires. Et ce n’est pas une évasion. Elle nous rappelle que c’est Dieu qui donne la fécondité.
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Sortie de l’esclavage en Egypte, chaque tribu d’Israël s’installe en Palestine, et règle comme elle peut ses litiges avec les indigènes. Chaque fois qu’il est nécessaire, un chef se lève, pour défendre le territoire de sa tribu. On l’appellera un Juge. Il rétablit l’ordre.
Le texte d’aujourd’hui nous introduit dans l’Histoire du Juge Samuel.
Anne, épouse d’Elcana, espérant sans succès un enfant, s’entêtait dans la prière. En-fin exaucée elle appela l’enfant Samuel (Dieu entend). Consciente que cet enfant était vraiment un cadeau de Dieu, elle le confia au temple de Silo. (La ville de Jérusalem n’existait pas encore.)
Ce Samuel, le dernier des juges, fut à l’origine d’un nouveau régime, la Royauté. C’est lui qui fit l’onction royale sur Saül d’abord, puis sur David.
On peut retenir de cette histoire qu’en prenant tout son temps, Dieu écoute la prière des pauvres. Pour réaliser son projet d’humanisation des créatures, il se tient loin des éprouvettes de laboratoire mais il choisit de s’introduire dans notre histoire bien humaine. Enfin, les parents transmettent une vie qu’ils ne maîtrisent pas. Combien de fois les parents, qui ont assuré avec sérieux l’éducation de leurs enfants, doivent ad-mettre qu’ils ne contrôlent pas leur avenir.
Après cette histoire de Samuel qui s’enracine dans le temple de Silo, l’évangile de Luc nous emmène au Temple de Jérusalem, le lieu d’une autre détresse. Joseph et Marie ont amené pour la première fois l’enfant Jésus pour la fête de la Pâque qui dure huit jours.
Toute première fois est un événement. Chacun a fait ce qui doit être fait. Jésus a été docile. Il faut maintenant rentrer à la maison. Et voilà que « la Sainte Famille », sur le chemin du retour, s’inquiète : Où est passé Jésus ? Disparition inquiétante à prendre au sérieux. Les recherches dureront trois jours.
Finalement, on le retrouve au Temple en discussion avec les docteurs de la Loi. Un vitrail de la chapelle St Joseph des Champs (Entrammes) représente cette scène. On voit en haut à gauche Marie suivie de Joseph qui entre dans le Temple. Ils sont tellement perturbés qu’ils en ont perdu leur auréole ! Marie joint les mains. Ouf ! Jésus est retrouvé ! Il n’empêche qu’il mérite une remontrance : « Mon enfant, pour-quoi nous as-tu fais cela ? » La réponse de Jésus est désarmante « Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être ! »
La mise au point s’arrête là. En famille, la première prise de responsabilité par un adolescent ne se fait pas dans la nuance. Les parents doivent accepter de ne pas tout comprendre et continuer d’être présents.
Il arrive qu’un pèlerinage change quelque chose dans la vie d’un pèlerin. Joseph, Marie et Jésus en ont fait l’expérience. Revenus à Nazareth, Jésus leur était soumis ! Avec la cadence paisible de la vie journalière, chacun va ruminer ses souvenirs.
L’avenir reste ouvert.
D. Boëton