18ème dimanche du T.O. -C-

Qohéleth 1, 2 ; 2,21-23                               Colossiens 3, 1-5. 9-11                                           Luc 12, 13-21

Par les médias et nos rencontres, nous découvrons des gens estimables. Les uns ou les autres nous apparaissent sympathiques par leur compétence, leur dévouement, leur disponibilité, leur discrétion… Ils font leur travail ; ils sont dévoués à leur famille et attentifs aux besoins des autres. S’il leur arrive d’être connus, ils ne se pavanent pas. Bien sûr, il leur faut de quoi vivre maintenant et ils font des économies pour leur retraite plus tard. Mais amasser de l’argent pour le plaisir de l’amasser n’est pas leur souci.

En contrepoint, voici le livre de Qohèleth. Le texte emploie sept fois un mot rare dans nos conversations : vanité ! On connaît des mots de la même famille : travailler en vain ou encore se vanter. De fait, il y a des gens qui ne ratent pas une occasion de se mettre en valeur. Un proverbe hébreu dit ceci : « Dans une cassette, une seule pièce fait beaucoup de bruit. »

Voici donc un homme très doué qui s’est donné de la peine : « Il est avisé, il s’y connaissait, il a réussi. » Mais on devine que cet homme avait un souci prioritaire : se donner de l’importance en arrondissant son magot.

Un jour, il lui arrive ce qui arrive à tout le monde : il meurt. Sa fortune ne lui est désormais d’aucune utilité. Il a perdu son temps en choisissant comme socle de sa vie une activité qui mobilise beaucoup d’audace, de persévérance et d’énergie mais qui n’a aucun avenir. D’une manière populaire, on pourrait dire que l’homme du livre de Qohèleth a finalement travaillé pour des prunes.

*

L’évangile de Luc nous introduit opportunément dans une famille en deuil. Le père est décédé et le partage de l’héritage, sans doute important, provoque des tensions entre les héritiers.

Un des enfants ne veut pas perdre ce à quoi il estime avoir droit. Il demande à Jésus d’intervenir. Il refuse mais il perçoit que cet homme va déployer beaucoup d’énergie pour avoir satisfaction.

Il profite de cette situation inattendue pour mettre en garde la foule qui le suit. « Gardez-vous bien de toute avidité. » Encore un mot qu’on n’entend pas souvent. Il évoque la gloutonnerie, la cupidité, la convoitise. Un autre proverbe hébreu dit ceci :

« L’homme vient au monde avec les mains vides et il le quitte avec les mains vides. »

Jésus dit : « La vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. » Autrement dit, Dieu n’évalue pas la qualité d’une vie en consultant son dossier à la banque. De son côté, Paul invite à faire un choix (Col 3, 5) : « Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre. »

S’il y a bien des choses qui mourront avec nous, il y en a d’autres qui traverseront notre mort en s’épanouissant. Tout ce que nous aurons fait, à la suite de Jésus, pour aider les autres à avoir une vie plus humaine sera mis en lumière.

P. Daniel Boëton