Genèse 14, 18-20 
1 Corinthiens 11, 23-26
Luc 9, 11-17

En ce temps-là, les guerres entre les tribus nomades étaient fréquentes. Des alliances s’organisaient en restant provisoires. Dans un de ces combats, il arriva que Loth fut capturé. Abraham, son frère, organisa la réplique et le libéra.
En rentrant chez lui, il est abordé par un dénommé Melkisédek. Le mot veut dire roi de justice. Il est roi de Salem. Salem, c’est la paix ! Il est connu pour être prêtre. Alors qu’en ce temps-là, la liste des ancêtres tient lieu de carte d’identité, on ne sait rien de ses origines. Un homme pas comme les autres !

Pourquoi cette rencontre ? Melkisédek veut donner de l’importance à la victoire d’Abraham. Et donc, il offre, non pas un animal sacrifié, mais du pain et du vin.

Le pain et le vin sont le produit de deux forces qui s’harmonisent : Dieu donne la fertilité à la terre et l’homme transforme ce que la terre a donné. Offrir le pain et le vin, c’est rendre grâce pour l’intervention heureuse de Dieu.

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En ces jours-là, les Douze s’inquiètent. La nuit tombe. La foule qui ne veut pas lâcher Jésus va se trouver dans une situation impossible. Une seule solution : la renvoyer avant la fermeture des magasins ! Réaction de Jésus : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Sur quel ton Jésus a-t-il dit cela ?

Est-il agacé ? Fait-il de l’humour ? Parle t-il sérieusement ? En effet, la réserve alimentaire est ridicule : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons. » Mais Jésus ne veut rien entendre : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. » Quelle idée Jésus peut-il avoir derrière la tête !? Les Douze s’exécutent !

« Jésus prit les cinq pains et les deux poissons et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples. La foule eut largement de quoi se nourrir. Ce récit est à entendre encore aujourd’hui.

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* A travers le monde, les forces de l’ordre et du désordre s’affrontent sans qu’on sache très clairement quel est l’ordre que les responsables veulent maintenir ou établir.

* Les différents niveaux de revenus sont devenus insupportables. Tout le monde veut que chacun puisse se nourrir mais c’est aux autres de se priver.

* Quand, en quelque domaine que ce soit, un responsable se trouve en face d’un problème, il élabore une réponse (qui sera toujours contestée). Il suffit de ne pas être au pouvoir pour savoir ce qu’il faut faire.

* A travers le monde, des hommes et des femmes s’engagent pour rétablir la justice avec parfois une éloquence séduisante. Chacun s’engage avec ses propres repères en protégeant ses intérêts.

* Parmi les hommes et les femmes affrontés aux mêmes situations, certains ont une relation sérieuse avec Jésus. Nourrie par l’Eucharistie, elle leur donne une vision argumentée des priorités à mettre en œuvre. Libres à l’égard de leur propre avenir, ils font des choix (contestés bien entendu !). Ils s’engagent avec sérénité. Alors, pour établir, là où nous vivons, une culture du partage, Jésus est-il la source de nos décisions ?

P. Daniel Boëton