St Joseph des Champs, 3 mars 2019 8ème Dimanche du T.O. -C-

Si 27, 4-7

1 Cor. 15, 54-58

Lc 6, 39-45

 
Le sage Ben Sira a vécu à Jérusalem vers 180 ans avant Jésus Christ. Il a réfléchi sur la longue histoire de son peuple qui a dû faire face à toutes sortes de situations : émigré en Egypte et devenu esclave, nomade et éleveur au désert, cultivateur en Terre Promise et puis déporté et finalement rapatrié !
Au fil du temps, combien de paroles ont commenté tous ces événements ? Comment distinguer le vrai du faux ?  Les bruits n’arrêtent pas de circuler !
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Dans le texte lu aujourd’hui, Ben Sira invite ses concitoyens à se méfier du baratin des bonimenteurs et des boniments des baratineurs. S’il faut aider ceux qui n’ont pas la parole au bout de la langue, il ne faut pas suivre, les oreilles ouvertes, ceux qui ont la parole facile ?  Dans le texte, je retiens l’image du tamis.
 
On trouve des tamis dans plusieurs professions : dans les carrières pour trier les pierres, chez les meuniers, les maçons, les jardiniers… Les tamis les plus courants sont composés d’un cadre  de bois sur lequel est fixé un grillage. Le treillage est plus ou moins serré. Il est fait d’un fil de fer ou d’acier tendu et  surtout pas avec de la ficelle ou des élastiques. Quand on secoue quelque chose dans le tamis, un tri se fait. On conserve ou on jette ce qui reste.
 
Ben Sira nous invite à passer au tamis toutes les paroles que nous entendons. Il aurait pu ajouter « et les paroles que nous viennent à l’esprit ». « Quand on secoue le tamis, il reste les déchets ; les petits côtés d’un homme apparaissent dans ses propos. » Il arrive aussi qu’on garde précieusement ce qui reste dans le tamis ! Des pépites d’or en Guyane par exemple ! Encore faut-il avoir un tamis et s’en servir. Nous en avons un ; il a été construit, jour après jour, par l’éducation que nous avons reçue.
 
Chaque époque a ses repères dominants, ses idées à la mode. Les chrétiens ne sont pas les suiveurs du premier venu ; ils passent au tamis ce qu’ils entendent et ce qu’ils disent. Le tamis, qui règle leur entendement et leur comportement, c’est la Parole de Dieu.
 
Dans une vie chrétienne, la fabrication du tamis commence au Baptême. Les parents choisissent le texte de la Parole de Dieu qui va inaugurer la vie chrétienne de leur enfant. Il serait bon que l’enfant, ayant grandi, sache quelle a été cette première parole de Dieu dans sa vie, ce premier fil du treillage de son tamis.
Mais si toute sa vie, son tamis n’a qu’un fil, ce sera tout sauf un tamis !
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Tout homme aujourd’hui est continuellement noyé dans une cascade de paroles. On peut dire qu’il est trempé ! Que retenir ?
Chaque dimanche, la Parole de Dieu est proposée aux chrétiens. Ce qu’ils entendent peut contribuer au treillage de leur tamis. En retenant telle ou telle parole qui lui plaît, il tricote, précise, affine, resserre les mailles de son tamis. Le tamis d’un chrétien qui aura retenu beaucoup de paroles de Dieu aura les mailles plus serrées. S’il est habité par la Parole de Dieu, On ne lui fera pas faire ou dire n’importe quoi.
Nous pourrions, cette semaine, faire un exercice : nous dire à nous-mêmes les paroles de Dieu que nous sont familières. Nous aurons une idée de l’efficacité de notre tamis.
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Dans l’évangile de Luc, je retiens cette question : « Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? »
Cette parole interpelle notre société qui actuellement est riche en scandales de toutes natures. Ce qui nous est révélé de la vie de ceux qui font la Une des médias, n’est pas qu’une paille ! Mais si la paille de tel ou tel atteint l’ampleur d’une poutre, quelle peut être l’ampleur de la poutre  qui déforme ma vie ? Il faudrait savoir si ce que nous vivons ces temps-ci n’est pas le fruit d’un laisser-aller général et consenti.
 
Continuellement, nous entendons parler de droits. C’est bien nécessaire mais nous arrive-t-il de parler de devoirs ? Faut-il dire que les délinquants d’aujourd’hui sont, pour une part, le fruit d’un choix de société ? « Un bon arbre ne donne  pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bons fruits. »
 
Ce que dit St Paul aux Corinthiens peut nous faire du bien : « Soyez fermes, soyez inébranlables, prenez une part toujours plus active à l’œuvre du Seigneur car vous savez que, dans le Seigneur, la peine que vous vous donnez n’est pas perdue. »
 

D. Boëton