St Joseph des Champs   7 avril  2019
5ème dimanche de Carême -C-

Isaïe 43, 16-21

Philippiens 3, 8-14

Jean 8, 1-11

 
Avec un lointain disciple du prophète Isaïe, nous rejoignons le peuple de Dieu en Chaldée. Cela fait près de 40 ans qu’il moisit en exil, et personne n’en voit la fin. Une conviction gagne les mentalités. Autrefois, Dieu a pris soin de son peuple en le faisant sortir d’Egypte pour qu’il tienne sa place au milieu des nations. Aujourd’hui, il a oublié son peuple qui rumine dans la tristesse son glorieux passé. Le disciple d’Isaïe réagit : « Ne songez plus aux choses d’autrefois. »
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Notre mémoire est sélective. Spontanément, chacun se souvient des services  rendus et des choses désagréables subies. Mais chacun peut regarder son passé en faisant l’inventaire de ce qu’il a raté. Et il peut aussi affiner son regard pour identifier les causes du malheur qui l’a atteint.
Il nous est bon d’objectiver nos erreurs par la parole, de mettre des mots sur nos écarts, sur ce que nous avons pensé, dit ou fait. A partir de là, une route nouvelle apparaît. C’est la démarche que propose le sacrement de réconciliation.
 
Dieu dit : « Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? » Le germe que le prophète perçoit s’appelle Cyrus, le jeune roi des Perses. Il va bousculer le paysage politique du Moyen-Orient (6ème s. av. J.C.) et anéantir ces Chaldéens qui ont emmené en exil le peuple de Dieu. Cerise sur le gâteau, il va autoriser les déportés de tous les pays  à rentrer chez eux.
 
Dans le désordre de notre monde actuel, je ne saurai dire qui est le germe qui va le restaurer, mais chacun peut, là où il vit, essayer de mettre un peu de vérité, de  dou-ceur, de pondération dans son comportement. Le terrain devenu favorable, un germe se manifestera. Une route s’ouvrira qu’il faudra choisir de prendre !
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Vérité, douceur et pondération ! A première vue, ce n’est pas ce que l’évangile de Jean propose ce matin.
 – Regard sur le peuple : Au temple, il s’agglutine autour de Jésus qui s’assoit et parle. Une intervention inattendue perturbe son enseignement.
 
 – Regard sur les scribes (les spécialistes des textes) et les pharisiens (les rigoristes de la loi). Ils vont profiter de la présence de la foule pour déconsidérer Jésus. Ils lui présentent une femme surprise en situation d’adultère. La loi juive demande la mise à mort par lapidation mais la loi romaine se réserve la peine de mort. Et comment inoculer un peu de miséricorde dans une situation réglée par la loi ? 
 
 – Regard sur Jésus. Interpellé, il n’entre pas dans un débat. Toujours assis, il trace, du doigt, on ne sait quoi sur le sable. Le temps passe. On persiste à l’interroger, et le silence devient pesant. Finalement, Jésus se redresse et met en lumière la faille dans l’argumentation des accusateurs.
Scribes et pharisiens veulent la lapidation ? « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Toujours assis, il se  remet à écrire sur le sol et se désintéresse de ce qui arrive. Ce qui arrive, c’est que peu à peu, le vide se fait autour de la femme. Même la foule a disparu !
 
 – Regard sur la femme adultère. » En tête à tête, Jésus engage le dialogue. Aucune condamnation n’a encore été prononcée contre elle. Jésus conclut: « Moi non plus je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus ! »
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– Scribe, pharisien, pécheresse publique, quelle que soit sa prétention, sa gloire ou sa honte, chacun doit entendre cet impératif : Va ! 
– Ne pas s’enfler de nos succès ! Ne pas se réduire à nos fautes. A la suite de Jésus, un chemin est toujours ouvert.
– Les scribes et les pharisiens ne se doutaient pas de la chance qu’ils allaient offrir à une femme de mauvaise réputation.
 – En résumé voilà un peuple en exil et une femme en mauvaise posture.
Dieu n’a pas envoyé son Fils sur terre pour condamner à mort quiconque. Il offre à chacun de choisir la vie. A chacun d’élaborer sa réponse en prenant la bonne route !
 

D. Boëton