Michée 5,1-4
Hébreux 10, 5-10
Luc 1, 39-45

Une fois de plus, le peuple de Dieu est engagé dans une impasse. Le prophète Michée ne veut pas participer aux lamentations qui font perdre le moral. Il s’appuie sur le socle de sa foi qu’on peut exprimer ainsi : le peuple est engagé par l’Alliance qui le lie au Seigneur. Pour sortir de cette situation humiliante, vivre dans la fidélité à Dieu (et donc dans la justice), quoi qu’il en coûte, sera plus efficace, pour retrouver la paix et la gloire, que d’offrir des sacrifices. Si Dieu ne s’achète pas, il est fidèle à la promesse faite à David selon laquelle il y aura toujours un roi pour guider son peuple.

Pour trouver un Roi-Sauveur, le regard se porte naturellement vers Jérusalem, la capitale. Cela, c’est la façon humaine de réagir. Le prophète guide notre regard vers Bethléem. Pourquoi ?
Parce que Dieu se plait à déjouer les calculs des puissants de la terre. Il choisit ses té-moins, non point à Jérusalem devenue orgueilleuse, mais dans des bourgades sans re-nom, comme Bethléem. A noter par exemple que c’est dans ce village que le prophète Samuel, autrefois, est allé chercher un gamin, du nom de David pour en faire un roi. Sa référence ? Il gardait les troupeaux de son père !

Les hommes ont toujours su s’organiser pour que les choses aillent de travers. Quand Dieu aura estimé qu’il est temps pour lui d’intervenir à nouveau dans les affaires humaines, il s’y prendra, comme d’habitude, en suivant sa méthode qui toujours sur-prend tout le monde.
« Parole du Seigneur. Toi, Bethléem Ephrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que je ferai sortir celui qui doit gouverner Israël. »

Dieu laisse donc les choses aller comme elles sont menées jusqu’au jour « où enfantera celle qui doit enfanter. » Alors les choses changeront. Le nouveau-né sera un berger qui assurera la sécurité du peuple. Ce Sauveur, qui aura la mission d’apprivoiser toutes les nations, naîtra dans une bourgade du plus petit des clans de Juda, Bethléem !
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Celle qui doit enfanter s’appelle Marie. A Nazareth, elle a appris deux choses par l’ange Gabriel. Alors qu’elle envisageait de se marier avec Joseph, elle apprend qu’elle va concevoir de l’Esprit Saint et enfanter un fils qui s’appellera Jésus (Dieu sauve).
Comme pour confirmer cette annonce, l’ange lui a dit que sa cousine, Elisabeth, déjà avancée en âge, attend, elle aussi, un bébé. Elle en est à son sixième mois.
Et voici Marie sur la route d’une région montagneuse qui s’en va rendre visiter à sa cousine Elisabeth.

La rencontre de deux futures mamans n’est jamais banale. Naturellement, c’est Ma-rie qui, la première, salue Elisabeth mais c’est Elisabeth qui engage la conversation et ce n’est pas pour se lancer dans les banalités d’usage. La salutation de Marie a fait tressaillir l’enfant qu’elle porte, un tressaillement d’allégresse.

Ce tressaillement est significatif. En intervenant au temple dans le service qu’accomplissait Zacharie, l’ange lui avait dit que l’enfant qui allait naître de son épouse, Elisabeth, sera rempli d’Esprit Saint dès le sein de sa mère. (Luc 1,15)
Marie n’a rien raconté de ce qui lui est arrivé mais intuitivement Elisabeth est con-vaincue que Dieu est intervenu dans chacune de leur vie.

La rencontre des deux futures mamans met en lumière la cohérence du plan de Dieu. L’Esprit Saint ne peut pas se contredire. Chaque enfant, rempli de l’Esprit Saint accomplira sa mission avec fidélité, ce qui ne veut pas dire dans la facilité. Habités tout au long de leur vie par le souci de remplir leur mission, ils connaîtront tous les deux une mort violente.
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La lettre aux Hébreux nous évite d’oublier l’acteur principal de l’entreprise. Jésus s’adresse à son Père : « Je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté. » Le scénario est simple : Jean Baptiste invitera ses auditeurs à suivre Jésus et Jésus n’aura pour objectif que de faire la volonté de son Père.

Pour nous situer dans ce scénario, il faut regarder Jean Baptiste. Notre mission s’en-racine dans la sienne : préparer la venue du Seigneur qui, sa mission terminée, offrira à son Père une humanité lumineuse.

En chaque personne humaine, Dieu dépose un germe de sa propre vie. En se développant, ce germe devient une mission qui dépasse sa capacité.
Que Dieu accorde donc à chacun, quand il découvre la rudesse de sa mission, de se référer à la grâce particulière qu’il a reçue.

D. Boëton