St Joseph des Champs, le 12 mai 2019

4ème Dimanche de Pâques -C- (Vocations)

Actes 13, 14.43-52                    Apocalypse 7, 9 et 14b-17                     Jean 10, 27-30

 

Chaque année, ce 4ème dimanche de Pâques nous invite à prier pour les vocations. Spontanément, cette prière s’enracine dans le désir d’avoir des prêtres à notre disposition. C’est peut-être un peu court comme objectif mais Dieu n’est pas contre. Puisqu’il aime ce monde qu’il veut sauver, il ne cesse d’appeler. Mais pour qu’il ait une réponse positive, il faut que son appel germe dans un terreau favorable. Ce n’est pas le cas pour toutes sortes de raisons. J’en retiens deux.

 – Le signe est là que tous les niveaux de l’Eglise actuelle peuvent être contaminés par les multiples capacités de dérives humaines. Le scandale autour de la pédocriminalité dans le clergé ne va pas faciliter les réponses à l’appel.

– Par ailleurs, le climat de notre société conduit à penser que la solution de tous nos problèmes est à chercher dans le tiroir-caisse. Dans les médias, quel que soit le sujet abordé, on arrive toujours à deux questions : Combien ça coûte ? Combien ça rapporte ? L’argent qui doit rapporter de l’argent n’est plus serviteur, il est le maître qu’il faut satisfaire. Les disciples de l’Argent deviennent inhumains.

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Dans l’évangile de Jean, je retiens cette parole de Jésus : « Mes brebis écoutent ma voix. » La brebis reconnaît la voix de son berger. Elle le suit en toute sécurité. Et voici deux questions : la voix de Jésus est-elle audible aujourd’hui ? A-t-il encore des brebis derrière lui ?

 

Quelques généralités sur la voix humaine :

 – Envolées oratoires et slogans publicitaires ! Qui peut faire la liste des voix qui se donnent à entendre ? Télé, radio, prédicateurs du dimanche, déclarations de militants, de manifestants, de candidats aux élections, sans oublier le babillage des bébés et toutes nos conversations. Que de voix différentes qui disent de tout et beaucoup d’autres choses !

 – La voix est au service de la parole. Elle en est le véhicule et lui donne une originalité, une identité. La particularité de chaque voix permet d’identifier celui qui parle mais cela suppose une relation construite au fil du temps.

 – Il arrive qu’une voix attire notre attention. Parce qu’il y a une personne derrière chaque voix, parce que son timbre est agréable ou déplaisant, parce qu’on pressent ce qu’elle va dire, on choisit d’écouter ou de ne pas écouter le message.

 – Il y a ce qui est dit et la manière de le dire. On parle avec le sourire ou en fronçant les sourcils. La musique de la voix fait réagir autant que le message.

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 – Jésus ne travaille à son compte. Sa voix porte la Parole du Père. Dans la bousculade de sons et des paroles que nous entendons à longueur de journées comment reconnaître sa voix ? C’est d’autant plus difficile que pour entrer en contact, il utilise le canal des voix humaines. Il faut donc un filtre pour reconnaître sa voix et  retenir sa parole.

 – La voix de Jésus a une originalité : elle ne fait pas de bruit. Pour l’entendre, il faut se réserver des temps de silence.

– Reconnaître la voix de Jésus suppose une intimité avec lui. Elle se nourrit dans la rumination de la Parole de Dieu et la prière. Cette familiarité permet de repérer dans

le flot des voix qui s’expriment, celle qui construit une humanité fraternelle.

 – A nous tous, il arrive d’avoir une idée qui nous traverse la tête. On ne l’a pas cherchée ; elle est là ! Il arrive qu’elle oriente un choix et déclenche une décision. On se sent invité à faire ceci plutôt que cela. On peut rendre visite à quelqu’un pour lui cas-ser la figure ou parce qu’il est malade. Ces décisions n’ont pas la même source.

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L’évangile invite chaque baptisé à vérifier l’état du terreau de sa foi. De quelle manière sommes-nous habités par l’Esprit de Jésus ou infectés par l’esprit du monde ?

Que chaque baptisé cherche donc à discerner sa vocation précise dans notre monde tel qu’il est et l’Eglise aura les serviteurs, toutes catégories, dont le monde a besoin simplement pour vivre humainement. Chaque baptisé a une parcelle de la réponse.

Le synode diocésain offre une occasion de discerner la voix du Seigneur, de la dégager dans le flot des multiples paroles qui surgissent ici et là.

« Seigneur, apprends-nous à reconnaître ta voix. » (Lit des Heures, vol II p. 526)

P. Daniel Boëton