St Joseph des Champs, le 5 mai 2019
3ème Dimanche de Pâques -C-

Actes des Apôtres 5, 27…41
Apocalypse 5, 11-14
Jean. 21,1-19

 

A Jérusalem, cette année-là, les choses ne se sont pas passées comme d’habitude. L’entrée triomphale de Jésus s’est achevée sur une croix.

 De manière inattendue, le troisième jour après sa mort, Jésus se manifeste vivant à ses disciples. Il ne s’agit pas d’une illusion. Il montre ses plaies. C’est bien lui.

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N’ayant plus rien à faire à Jérusalem, des disciples retournent en Galilée. Aujourd’hui, nous les retrouvons au bord de la mer de Tibériade. Pierre prend une initiative: “Je m’en vais à la pêche!”  Que faire après un deuil, sinon reprendre l’activité du quotidien ?

 

De nuit, les voilà partis sur le bateau mais, au matin, pas un seul poisson ! Cela n’aide pas à la bonne humeur. Le jour se lève, il ne reste plus qu’à rentrer.

La malchance prend un visage : un client les interpelle de la plage justement pour avoir du poisson et rien à lui offrir !

Ce client a une idée bizarre : « Jetez le filet à droite de la barque ! » Après tout, pourquoi pas ! Et voilà que les poissons se précipitent dans le filet.

 

Intuitif, Jean (Le disciple que Jésus aimait) identifie le client : « C’est le Seigneur ! »

Spontané, Pierre se jette aussitôt à l’eau pour le rejoindre au plus vite.

Réalistes, les autres disciples ramènent la barque remplie de poissons sur le rivage.

Attentif, Jésus a apporté du pain et préparé un feu de bois pour préparer un repas. Les poissons seront au menu.

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Quelques remarques

 – Devant une situation, chacun réagit selon son tempérament. Au cœur de chacune des choses que nous faisons, il y a un projet plus ou moins modeste, plus ou moins ambitieux : ranger ses affaires, faire le ménage, les courses, la cuisine, assurer l’éducation et l’avenir des enfants, exercer son métier, préparer la retraite, vérifier le compte en banque, se positionner dans les relations sociales etc !

– Ce jour-là, les disciples ont appris quelques petites choses qui leur seront utiles plus tard. A longueur de vie, les apôtres pourront faire au mieux tout ce qui leur semble convenable, c’est Jésus et Jésus seul, qui assurera la fécondité.

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J’ai retenu quelques réflexions entendues il y a quelques bonnes dizaines d’années. Un paroissien soucieux d’être utile, à la société me confiait son ambition : « Rendre service, oui ! Mais pas de service ailleurs qu’au sommet » Il était naturel pour lui d’être maire d’une petite commune plutôt qu’adjoint dans une commune importante.

Un autre me disait : « Rendre service, d’accord ! Mais jamais au premier rang ! »

Il est bon de se rappeler que Jésus ne peut agir dans le monde qu’à l’intérieur des décisions des uns et des autres. Il appelle, mais chacun réagit avec son tempérament et sa culture. Dans le concret de notre vie, Jésus se faufile comme il peut pour laisser une trace de sa présence.

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La suite de l’Evangile nous propose un exemple concret.

S’il y a eu dans l’Histoire un Pie XII et un Benoît XVI, il n’y aura pas de Jésus II ou de Jésus III. Jésus n’aura pas de successeur  mais il aura des témoins.

Ce jour-là, il choisit Pierre pour coordonner l’action des autres apôtres. (Les successeurs de Pierre ont la même mission). Il fait subir à Pierre comme un entretien d’embauche.

Il ne lui demande pas la liste de ses diplômes, ou l’état de ses finances. Il l’appelle par son nom et lui demande simplement : « Pierre, m’aimes-tu. ? »  Question désarmante !

On peut aimer quelqu’un parce qu’il nous rend la vie facile ou agréable. Dans ce cas, on s’aime soi-même. On peut aimer quelqu’un en faisant le nécessaire pour qu’il déploie ses capacités. On peut aimer quelqu’un et se mettre à son service.

C’est ce que fera Pierre. Il apprendra à vivre à la suite de Jésus qui, lui-même, n’a qu’un souci : faire la volonté de son Père.

Jésus attend quelque chose de précis de chaque baptisé. Nous savons lui demander d’arranger nos difficultés. Avons-nous le souci de percevoir ce qu’il nous demande ?

P. Daniel Boëton