Sophonie 3, 14-18a
Philippiens. 4, 4-7
Luc 3, 10-18

Vers 630 av. J.C., un enfant de 8 ans, Josias, monte sur le trône de Jérusalem après l’assassinat de son père. Naturellement, les intrigues s’enchaînent à la cour pour manipuler l’enfant-roi. Le prophète Sophonie critique les ministres, les princes de l’entourage royal et ceux qui collaborent avec les Assyriens en adoptant leur culture.

Tout le Moyen Orient est devenu instable. Pour les petits royaumes, comme celui de Juda, la survie n’est pas assurée. Dans ce contexte Sophonie parle du Jour de l’Eternel. Il s’agit du jugement concernant Jérusalem et l’humanité entière.

Les prophètes ont toujours un temps d’avance sur les événements. Quand les affaires vont bien, quand le peuple s’amuse en ignorant la misère du voisin, le prophète an-nonce des jours difficiles et quand le peuple a perdu ses repères, il invite à la joie !

Dans la période troublée que nous traversons, ce troisième dimanche de l’Avent nous invite à voir avec Sophonie la liturgie en rose ! « Pousse des cris de joie, fille de Sion (…) Ne laisse pas ta main défaillir ! Le Seigneur, ton Dieu est en toi. » ! »

Dans nos conversations, quand le mot Joie nous échappe, c’est souvent pour dire : « C’est pas la joie ». Spontanément, on parle plutôt de plaisir, un mot qui apparaît dans notre vie à la suite d’une intervention extérieure : une visite, une bonne nouvel-le, un bon repas, un gâteau, le soleil….

S’il arrive qu’on se fasse plaisir, la joie nous est donnée au bout d’un chemin à par-courir. Elle a sa source en chacun de nous. Quels que soient les événements heureux ou difficiles qui affectent notre vie, il nous arrive de connaitre une certaine harmonie, quelque chose comme une paix heureuse. La joie fait vivre… malgré tout.

Pour marquer la Béatification des martyrs d’Algérie célébrée le 8 décembre dernier, je vous propose un texte écrit par l’un d’eux, le Père Christian de Chergé, prieur de la Trappe de Tibhirine, assassiné en 1996.

Par delà toutes les péripéties de sa vie, Jésus a vécu dans la joie. Aucun écart, aucun regret, aucune amertume dans sa vie. Quelle est donc la joie de Jésus ?

 C’est sa joie bien à lui de révéler le Père ;

C’est sa joie toute à lui d’être le Prince et le principe de la vie ;

C’est sa joie d’être entré à cœur ouvert dans le jeu de nos existences et d’avoir affronté toutes nos morts pour nous en délivrer ;

C’est sa joie vraiment d’être le gage et l’artisan de toute résurrection ;

C’est sa joie vive de savoir parler le langage de l’homme et de pouvoir faire tressaillir pour chacun la lettre des Ecritures et le cœur des créatures ;

C’est sa joie secrète de demeurer parmi nous par son Esprit et d’être pour les siens le pain d’aujourd’hui.

C’est sa joie encore d’être ce Corps, démultiplié à l’infini de l’espace et du temps, où la communion avec tous peut se recevoir comme la vocation de chacun.

Cette joie qui est la sienne, voici qu’en ce jour, elle nous est tout entière communiquée. Il n’en retient rien pour lui. Et nul ne pourra nous la ravir.

Mais il nous faudra encore tout le dynamisme de l’Esprit pour qu’elle trouve en nous son passage, un chemin de Pentecôte (Magnificat N° 223)

Avec l’évangile de Luc, nous retrouvons Jean Baptiste. Au lieu d’être comme son père Zacharie, au service du Temple, il harangue les gens qui viennent l’écouter au bord du Jourdain. Il les invite à se plonger dans l’eau pour manifester leur volonté de changer de vie. Parmi eux, se trouvent des collecteurs d’impôts et des soldats.

Ils prennent conscience du mal-être qui empoisonne leur existence et posent à Jean u-ne question désarmante : « Que devons-nous faire ? » Ce n’est pas la question que nous posons spontanément. Ce que nous savons dire, c’est ce que les autres doivent faire.

Changer de vie ! Par quel bout commencer ? Jean donne quelques repères : l’honnêteté, le refus de la violence, la recherche de la vérité, une vie simple. Au cœur de ces pistes, il y a l’attention aux autres. S’engager sur ces pistes permettra de reconnaître le Sauveur quand il se manifestera.

Dans sa lettre aux Philippiens, Paul emploie un mot qui résume tout : « Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. »

La bienveillance ! Un chemin vers la joie

P. D.Boëton