3ème Dimanche de Carême -C-
Exode 3, 1-8. 10. 13-15
1 Corinthiens10, 1-6. 10-12
Luc 13,1-9
S’il fallait trouver un titre pour résumer la Parole de Dieu aujourd’hui, on pourrait risquer celui-ci : « Quand le quotidien explose ! » Au jour le jour, les médias nous signalent un immeuble qui s’écroule, une inondation, un incendie, un pétrolier qui coule, un cyclone… Et d’une manière plus discrète, il y a aussi des changements brutaux d’orientation qui affectent telle ou telle famille : décès, mutations professionnelles.
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Moïse a eu un parcours chaotique. Hébreu né en Egypte, il est venu au secours d’un frère de race maltraité par un Egyptien, il tue l’agresseur et doit s’enfuir. Réfugié dans le pays de Madiane, il trouve un emploi de berger. Bien intégré dans la tribu, il épouse la fille du chef, Jéthro, et fonde une famille.
Un jour, il conduit le troupeau de son maître au-delà du désert et arrive à l’Horeb, la montagne de Dieu. Et là, Dieu lui apparait dans la flamme d’un buisson en feu. Par nature, le feu est lumineux, insaisissable… et destructeur. Or ce jour-là, il ne détruit pas le buisson. Moïse veut comprendre mais le Seigneur intervient : « N’approche pas d’ici ! » Il a un message à transmettre à Moïse mais il faut garder les distances.
Après les présentations d’usage, Dieu donne à Moïse la raison de son intervention : il a vu la misère de son peuple en Egypte et il va le libérer. Il a choisi Moïse pour mener cette opération. De même que le buisson n’est pas détruit par le feu, le peuple de Dieu ne sera pas détruit par l’épreuve.
Moïse est réaliste. S’il accepte, que pourra-t-il dire aux hébreux pour être crédible ? Au nom de quoi et de qui vont-ils le croire et le suivre ? Réponse de Dieu : « Je suis qui je suis. » Réponse énigmatique mais Dieu précise : il est le Seigneur, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob, les ancêtres de Moïse.
Au terme d’un long débat, Moïse entre dans le projet de Dieu et prend la route vers l’Egypte avec sa famille (Exode 4, 29). Le voilà engagé sur une route périlleuse.
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Pour nous mettre au diapason de l’Evangile, on peut s’imaginer devant la télévision à l’heure de la météo. Depuis toujours, les hommes cherchent et trouvent des indices dans le ciel pour savoir le temps qu’il va faire. Devant la foule, Jésus fait cette remarque : « Vous savez interpréter l’aspect de la terre et du ciel ; mais ce moment-ci, pourquoi ne savez-vous pas l’interpréter ? (Lc 12, 56)
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Ce moment-ci, c’est notre quotidien avec ses faits divers. Dans le public qui entoure Jésus, deux événements sont évoqués : un massacre de Galiléens sur ordre de Pilate pendant qu’ils offraient un sacrifice et l’écroulement de la tour de Siloé qui a fait dix-huit victimes. Dans la mentalité de l’époque, ces victimes sont forcément coupables de péchés graves devant Dieu. Si c’est vrai, réplique Jésus, vous mourrez tous de manière brutale parce que tous, vous êtes pécheurs.
Comme pour corriger la brutalisé de sa réponse, Jésus ouvre une porte de secours : se convertir. C’est la parabole du figuier stérile. Puisqu’il ne rapporte rien ; il est raisonnable de l’arracher.
Et c’est vrai que Dieu a de bonnes raisons de se fatiguer de nos lâchetés, négligences, égoïsmes, aveuglements etc. Mais Jésus, (le vigneron) intercède et demande un délai et encore un délai ! En lui donnant la bonne terre dont il a besoin, peut-être ce figuier donnera-t-il du fruit ? Peut-être allons-nous nous convertir !
Ce carême nous invite à forger notre réponse.
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Dans sa 1ère lettre aux Corinthiens, Paul évoque le comportement ambigu du peuple de Dieu sur la route qui le conduisait en Terre Promise. Certains contestaient la capacité de Dieu : ils sont morts en route ! Conclusion de Paul :
« Celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber. »
La maitrise du corps (le jeûne), la prière et le partage. Voilà trois repères pour nous aider à traverser le Carême, en claudiquant peut-être mais en avançant quand même.