Daniel. 12, 1-3
Hébreux 10, 11-14,18
Marc 13, 24-32

Dimanche dernier, la Parole de Dieu attirait notre attention sur le comportement de deux veuves en situation difficile. L’une a donné de son nécessaire à un inconnu de passage en difficulté et l’autre à une institution, le Temple. L’opinion publique a-t-elle eu connaissance de leur comportement ? Quand les comptables du Temple se sont trouvés en face des deux piécettes de la veuve, ont-ils frémi d’émotion ?
Aujourd’hui, le Secours Catholique sollicite notre générosité pour soulager, selon nos moyens et la disposition de notre cœur, les détresses de notre temps.

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Les épreuves, quand elles s’accumulent, peuvent aussi défigurer une nation. Ce matin, avec le prophète Daniel nous regardons le Peuple de Dieu. Après quelques périodes glorieuses, il n’a connu que des humiliations. Avant d’être occupée par l’armée romaine, sa terre a été envahie successivement par les Assyriens, les Chaldéens, les Perses et les Grecs. A la mort du Grec Alexandre le Grand, ses généraux se sont partagé son empire. La Palestine est tombée dans l’escarcelle d’Antiochus Epiphane, un spécialiste de la démesure. Il exigeait tout simplement qu’on lui rende le même culte qu’à Dieu. Des juifs renièrent leur foi. D’autres moururent martyrs. « Ce fut un temps de détresse comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent. »

Nous sommes donc au 2e S. avant J.C. Dans un langage codé, le prophète Daniel met en scène Michel, le chef des Anges. Il se tient près des victimes de la persécution et ouvre un avenir inattendu. Jusque là, on comprenait que l’avenir ne concerne que le peuple. D’où l’importance d’avoir des enfants. S’il a survécu à toutes les épreuves, cette fois, il s’agit d’autre chose.

« Beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la déchéance éternelle. » Il s’agit bien des corps que l’on dépose dans les cimetières. Dans l’histoire du peuple de Dieu, c’est la première fois qu’est évoquée la résurrection des morts. Ceux qui croient que leur éternité dépend de ce qu’ils auront fait de bien dans leur vie « brilleront comme les étoiles pour toujours et à jamais. » Nous avons là l’acte de naissance de la foi en la résurrection, un acte de foi enfanté dans la douleur.

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Avec l’évangile de Marc, nous sommes encore dans le chaos. Cette fois, c’est la création qui déraille. Le désordre qui défigure la terre a contaminé le soleil (il s’obscurcit), la lune, (elle ne donne plus sa clarté) et les étoiles (elles tombent du ciel) Tout est déréglé. Les repères habituels ne sont plus opérationnels.

Et nous vivons dans ce monde déréglé. Voici quelques observations à corriger (sans doute) et à compléter (sûrement).
– Il se trouve toujours quelqu’un pour justifier n’importe quel comportement qui, quelquefois, n’est qu’une dérive. Souvent, on entend dire : J’ai le droit !
– Il est convenu que ceux qui exercent (ou exerceront) le moindre pouvoir ne peuvent (ne pourront) faire que des bêtises et il est vrai qu’une décision, estimée nécessaire, engendre toujours des inconvénients imprévus et difficiles à supporter. Nous vivons dans un monde imparfait et les imperfections se manifestent avec vigueur.
– Il n’y a pas d’antidouleur pour les réformes douloureuses. Nous sommes tous pareils : nous les acceptons à condition de ne pas en souffrir. Un seul remède, la solidarité.
– Si on sait toujours jouer des coudes pour se faire valoir, on joue de plus en plus avec le pouce. Autrefois, il fallait une manivelle pour lancer le moteur de la voiture. Aujourd’hui, il suffit d’appuyer sur un bouton. C’est avec le pouce qu’on éclaire l’appartement, qu’on entre en contact avec un correspondant à l’autre bout du monde etc. Dans notre monde, qui nous apprendra la patience ?

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Jésus invite à regarder un figuier. Il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour que les feuilles apparaissent et se développent.
– Il ne suffira jamais d’appuyer sur un bouton pour changer le cœur de l’homme. Il est le même depuis toujours. Pour éviter les conflits, il faut que chacun développe le germe de vie que Dieu a déposé dans son cœur. Ce germe de vie est capable de surmonter tous les obstacles.

Ce qui apparaît comme la fin du monde est en réalité un rendez-vous pour entrer dans un monde nouveau. Dans le chaos que décrit Marc, le Fils de l’homme apparaît dans sa gloire. Tout ce que les hommes peuvent imaginer pour le détruire ne laisse sur lui aucune trace de salissure et « il rassemble les élus des quatre coins du monde. »

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La lettre aux Hébreux nous invite à regarder Jésus. Il a subi toutes les capacités de nuire de l’humanité. Depuis sa résurrection, « il est assis pour toujours à la droite de Dieu. » Ceux qui suivent Jésus croient que les puissances du mal peuvent s’agiter et même envahir notre vie. Elles finiront dans la honte et le ridicule.
D. Boëton