On ne nait pas sage, on le devient peu à peu ! Faire d’un enfant un sage, c’est le travail des parents et des éducateurs.  Rechercher la sagesse vise à mettre en œuvre des repères dans la conduite quotidienne d’une vie concrète. Elle n’est jamais acquise de façon définitive. Adultes, nous passons encore beaucoup de temps à hésiter entre plu-sieurs routes à suivre, à établir des priorités à partir de ce qui nous parait essentiel, …plus ou moins humain. Quelquefois nous décidons trop vite. Il nous arrive  de suivre, sans réfléchir, nos pulsions qui vont dans  tous les sens.

Il nous arrive aussi de nous arrêter pour prendre le temps de réfléchir.

Ce qui est vrai pour chacun est vrai aussi pour chaque peuple. Aucun peuple n’est de-venu peuple du soir au matin. Il a fallu du temps aux esclaves échappés d’Égypte pour commencer à devenir le peuple de Dieu. La traversée du désert a été une épreuve ; le don de la Loi sur le Mont Sinaï est devenu un repère ; le frottement avec les traditions des tribus de Canaan, puis des peuples voisins, a été l’occasion d’un mûrissement. Il en est sorti une sagesse à explorer, à respecter et à cultiver.

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Des siècles ont succédé aux siècles. Avec le Livre de la Sagesse nous nous retrouvons environ 50 ans avant J.C. à Alexandrie, en Égypte. C’est une ville de renommée mondiale par sa bibliothèque. Pourtant, en ce temps-là, l’Égypte ne conduit pas le monde. Elle subit l’influence de la culture grecque devenue dominante. Or, il y a, à Alexandrie, une communauté juive importante qui risque d’être contaminée par la Sagesse grecque. Parce qu’il faut être de son temps, des juifs se laissent séduire et vivent à la grecque. La colonie juive est menacée dans la pureté de sa foi. Un juif sonne l’alerte : ne pas oublier le Sinaï !

« L’amour trouve sa joie dans ce qui est vrai. » (1 Cor. 13, 6) S’il y a une sagesse grec-que née de la réflexion humaine, il y aussi une sagesse qui a sa source en Dieu. S’il y a des choses à retenir dans la sagesse grecque, il y en a d’autres à purifier. Que dit le texte ?

 « La Sagesse est resplendissante. La Sagesse de la Loi juive n’a rien à envier à la Sagesse grecque. « Elle ne se flétrit pas. » Elle n’est pas une mode passagère.

« Celui qui la cherche dès l’aurore (…) la trouvera assise à sa porte. » Pas besoin d’aller la chercher au bout du monde ou au sommet des diplômes. Elle est accessible à quiconque la cherche dans le réel de son quotidien. Et celui qui se démène pour la trouver la rencontrera  « souriante au détour d’un sentier. »

Elle aide quiconque se met à son école à prendre courageusement les bonnes décisions. Pour être habité par la Sagesse, il faut la chercher en se méfiant de nos réflexes.

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Dans le déroulement de son histoire, le peuple de Dieu n’a pas toujours été sage mais Dieu n’a jamais renoncé à son alliance. Un jour, il a envoyé son Fils. Parfaitement Dieu et parfaitement homme, il n’a jamais trahi ni son Père ni son peuple.

Un jour, devant ses disciples, il invente l’histoire de dix jeunes filles invitées à une

noce. Pas de fête sans lumière ! Elles sont là avec leur lampe. Dans toute fête, il

peut arriver un imprévu qui dérange le programme. Ce jour-là, il y a un homme qui n’en finit pas d’arriver. C’est le marié !

Cinq des jeunes filles sont présentées comme « insouciantes ». Ce n’est pas la peine d’emporter plus d’huile qu’il n’en faut. Les cinq autres sont présentées comme « pré-voyantes ». Il est mieux d’avoir de l’huile en réserve. On ne sait jamais.

Quand le marié arrive enfin, les insouciantes se trouvent piégées. Ne pouvant allumer leur lampe, elles sont inutiles. Avec tristesse, le marié leur dit : « Je ne vous connais pas ! » Elles restent à la porte. Être prévoyant, c’est avoir l’esprit en éveil.

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Ce récit nous invite à découvrir ce qui se passe dans notre vie.

Quelles que soient nos responsabilités en n’importe quel domaine, nous sommes toujours en même temps éveillés et insouciants. Pour distinguer ce qui nous tient en éveil de ce que nous considérons comme négligeable, un test quotidien nous éclaire : à par-tir de quels repères faisons-nous le tri dans notre courrier ? Que gardons-nous ? Que jetons-nous à la poubelle ?

 

Ces jours-ci, l’actualité attire notre attention sur le comportement de quelques personnalités astucieuses. Elles ont une telle dévotion envers l’argent qu’elles en deviennent aveugles. A partir de combines finement étudiées, il se trouve que c’est le peuple qui reçoit la charge de payer l’impôt qu’il leur reviendrait de verser.  C’est choquant ! Mais tout citoyen qui veut placer la plus modeste somme d’argent cherche aussi l’optimisation fiscale !

Les lois les plus fines seront toujours détournées, c’est le cœur qu’il faut changer.

Il peut donc arriver que notre attention soit déréglée et que notre insouciance soit coupable. Au moment de paraître devant Dieu, nous saurons à quoi nous avons veillé dans notre vie et ce que nous n’avons pas voulu voir.

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Les remarques de Paul dans sa lettre aux Thessaloniciens orientent notre réflexion. En toute chose, il faut considérer la fin. Alors que le récit de Matthieu nous parle de jeunes filles assoupies, Paul nous invite à regarder des gens tellement endormis qu’ils sont morts !

Quand Jésus présentera notre vie à son Père, nous découvrirons l’avenir vide de ce que nous considérions comme des priorités et la valeur de ce que nous avons négligé.. Au bout du compte, puisse-t-il nous dire : « Entre dans ma joie ! Je me reconnais dans les choix que tu as faits ! »

D. Boëton