St Joseph des Champs 20 janvier 2019
2è Dimanche du T.O.-C-
Isaïe 62,1-5 1 Corinthiens 12, 4-11 Jean 2, 1-12
Avec enthousiasme, le peuple de Dieu s’est engagé à suivre la Loi de Moïse. Mais quand la vie facile arrive à portée de main, Dieu perd sa séduction. En vain, les prophètes dénoncent les dérives. Au fil du temps, fidélités, négligences et trahisons s’enchaînent et le peuple échoue sur les bords du fleuve de Babylone. Pendant 50 ans d’exil, il rumine : « Nous voici anéantis par ta colère ; ta fureur nous épouvante : tu étales nos fautes devant toi, nos secrets à la lumière de ta face » (Ps 89, 7-8)
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Le temps passe. Les générations disparaissent les unes après les autres. Les jeunes reçoivent en héritage la situation créée par les générations précédentes mais ne portent pas la responsabilité de leurs péchés. Au retour de l’exil, la vie est toujours très difficile mais, quand il pardonne, Dieu ne se contente pas de demi-mesures. Il ouvre un avenir radieux.
Un prophète, qui se situe dans la ligne d’Isaïe, annonce la gloire du peuple de Dieu remis à neuf. Il va retrouver ses racines et son identité. « On ne te dira plus délaissée ! (…) Toi, tu seras appelée Ma préférence, cette terre se nommera l’Épousée. »
L’étiquette Peuple d’Israël a été souillée par une longue suite d’infidélités. Changer de nom ouvre un avenir nouveau. Dieu ne se contente plus de faire un contrat avec des nomades errants dans le désert. Il veut une terre pour son peuple.
Et voilà Dieu qui épouse ce peuple minable rescapé d’un désastre. Son regard voit au-delà des apparences. Le spécifique de son amour n’est pas de jouir, mais de construire. Lui et son peuple ne seront pas de simples citoyens qui rentrent chez eux après avoir signé un contrat. Il veut une vie commune durable avec un peuple repérable au milieu des autres. Fréquenter l’épousée allumera le désir de connaitre l’époux.
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Avec l’évangile de Jean, nous nous retrouvons à un repas de noce à Cana, en Galilée. Jésus, sa mère et ses disciples ont été invités. On ne sait rien des jeunes mariés, de leur histoire, de leur projet.
En bonne maîtresse de maison Marie a observé plusieurs choses : l’étonnement des invités devant des cruches de vin qui restent vides, les allées et venues des serviteurs embarrassés, et peut-être aussi un brin d’inquiétude dans le regard du marié. Si rien n’est fait, chacun ne retiendra de la noce que l’incident : « On manqua de vin ! »
Marie alerte son Fils qui semble pris au dépourvu : « Mon heure n’est pas encore venue. » Mais devant les serviteurs, Marie ne désarme pas : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »
Et Jésus fait remplir d’eau six jarres qui se trouvent là. Il ne fait aucun geste mais dit aux serviteurs : « Maintenant, puisez et portez-en au maître du repas. » Avec la première cruche qui lui tombe sous la main, un serviteur remplit le verre du Maître du repas qui est un connaisseur. Spontanément, il s’adresse au marié pour le féliciter de son initiative : il a réservé le meilleur vin pour la fin. Voilà un échange construit avec des paroles convenues et hors sujet. Le marié n’a rien compris !
Remarques.
Jésus laisse le maître du repas faire son commentaire. Il ne réclame pas sa part de gloire. Ce sont les disciples et peut-être les serviteurs qui parleront.
Dans la Bible, le vin est lié à la fête mais ce n’est pas la fête tous les jours ! Qu’est-ce qui fait que notre vie se déroule parfois sans relief, dans la platitude ?
Un jour, l’amour du Père pour son peuple, et du peuple pour son Père ne connaîtra pas de manque. A Cana, Jésus, parfaitement Dieu et parfaitement homme, annonce l’heure où, sur la Croix, il sera l’anneau de la noce qui unira son Père et l’Humanité. « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. » (Ps.22, 1)
Seuls, Marie, les serviteurs et les disciples sont témoins du signe que Jésus a fait. C’est elle, la Mère, qui déclenche l’opération. Oublieuse d’elle-même, elle voit ce qui se passe et pressent ce qui va arriver. De Mère, elle devient disciple, les serviteurs font ce que Jésus demande et Jésus donne un pétillement nouveau à la fête.
Un signe n’est jamais évident. Il ne s’impose pas. Il est perçu par les uns et reste insignifiant pour les autres. Il faut comme une secrète complicité pour percevoir un signe et déchiffrer son message.
Ce récit donne une ligne de conduite pour chaque baptisé dans l’Eglise. Oublieux de lui-même, il observe ce qui se passe dans son entourage. Devenu serviteur, sa parole, son comportement deviennent parole et comportement de Jésus.
« Les dons de la grâce sont variés mais c’est le même Esprit. (2 Cor. 12, 4)
D. Boëton