Genèse 2, 18-24
Hébreux 2, 9-11
Marc 10, 2-16

Les premières pages du Livre de la Genèse racontent les origines de l’humanité. Ce livre a été écrit par les Juifs au retour de l’exil. Ils avaient besoin de réveiller leurs racines pour se situer à nouveau comme peuple, au milieu des autres peuples. Marqués par la culture et la littérature de leur terre d’exil, ils en utilisent les images tout en spécifiant l’originalité de leur foi au Dieu unique.

Le texte d’aujourd’hui nous présente Dieu dans un costume de potier, puis de chirurgien. Avec de la poussière tirée du sol, il crée l’être humain et il découvre que sa créature a besoin d’un vis-à-vis qui soit à la fois semblable et complémentaire. C’est en prenant de la chair de l’humain qu’il crée la femme. Et l’humain devient alors homme et femme. Les expressions « Chair de ma chair, os de mes os » disent da-vantage la similitude que la différence.
Sous une signature d’emprunt, la revue Magnificat (Octobre 2018 – N° 311 p. 115) propose ces réflexions :

Dieu façonne l’homme en une seule chair. Puis il prend un côté de l’homme pour façonner la femme.
Dieu crée pour ainsi dire l’être humain en deux moitiés. Et il donne à ces deux moitiés la vocation de conjuguer leur vie jusqu’à redevenir une seule chair.
Pourquoi Dieu sépare-t-il l’être humain en deux moitiés si la vocation qu’il lui donne est d’être un ? (Réponse) Pour que l’être humain lui ressemble, pour que l’être humain soit amour, ne soit qu’amour. Dieu est amour.

L’amour est cette puissance mystérieuse qui, depuis toute éternité, comble la distance entre les personnes divines en un seul Dieu.
Cette puissance éternellement divinisatrice, l’amour conjugal, Dieu donne la vocation à l’être humain de la mettre en œuvre, afin qu’à sa ressem-blance ces deux moitiés ne soient plus deux mais un seul, tout en restant deux.
Ils sont deux pour s’aimer, ils sont un parce qu’ils s’aiment, ils demeurent deux pour ne jamais cesser de s’aimer, pour être amour.

Le projet est magnifique mais au fil du quotidien, la relation homme-femme n’est pas toujours facile. Jésus ne pouvait échapper à une question qui traverse les siècles.
Dans l’Evangile de Marc, ce sont les pharisiens qui la posent : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? Cette question divisait les spécialistes de la Loi. A qui Jésus va-t-il donner raison ?

Jésus renvoie les Pharisiens à ce que dit la Loi. Ils ont la réponse. « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. » Il faut que les choses soient claires et enregistrées de façon officielle.
Jésus attire alors leur attention sur la dureté de leur cœur.
Ce qui reste vrai, c’est que le renvoi du conjoint défigure le plan de Dieu : « L’homme s’attachera à sa femme et tous deux deviendront une seule chair. »

S’engager dans le mariage ne se fait pas sur un coup de tête ou un coup de foudre !
La décision de se marier ne peut être prise que par deux adultes. Dans notre société, faire, défaire et refaire le lien du mariage est devenu une banalité. Les unions et les ruptures font parfois la Une de la presse spécialisée. Serait-il vrai qu’on devient ado-lescent de plus en plus tôt et adulte de plus en plus tard ? Sur ce terrain mouvant, que deviennent les enfants ?
En élargissant notre horizon, les médias nous montrent ce que les enfants vivent, dans des situations différentes (la guerre ou les catastrophes naturelles), à travers le monde. Pour se construire, ils ont besoin de stabilité et de sécurité. Quels adultes seront-ils plus tard ?

Justement, sans prévenir, voilà des enfants qui débarquent dans le récit. Instinctivement, ils sont écartés par les disciples. Qu’ils laissent les adultes discuter des choses sérieuses! Dans la mentalité de l’époque, les enfants sont considérés comme n’ayant aucune capacité de comprendre la Loi. Les amener à Jésus est donc inutile.

L’indignation de Jésus s’explique : l’enfant ne comprend pas tout, mais il observe et absorbe tout. Sans avoir les mots pour le dire, il perçoit comment il est aimé. Incapable de discuter des choses de Dieu, il est capable d’accueillir ce qui est un don.
On ne croit pas en Dieu parce qu’on a tout compris. La foi ne demande pas un quotient intellectuel minimum. On perçoit un peu de ce que Dieu nous révèle. La foi est un don qui demande à être accueilli avec confiance. Spontanément, l’enfant s’en remet à ses parents. Le croyant s’en remet à Dieu.
D. Boëton