Sagesse 2,12.17-20
Jacques 3,16-4,3
Marc 9,30-37
Le livre de la Sagesse nous emmène à Alexandrie, en Egypte, environ 50 ans avant J.C. La communauté juive est confrontée à un défi qui est aussi le nôtre : comment, dans une culture qui s’impose et nous façonne, demeurer fidèle à sa foi ?
Voilà donc à Alexandrie des gens ordinaires qui entretiennent des relations convenables entre eux. Un projet va mettre au jour le vrai de leur personnalité.
Minés par le goût du profit, certains veulent profiter d’une occasion qui se présente. Elle est douteuse mais elle peut être d’un bon rapport. Le texte dit simplement : « Ils méditent le mal. » Loin d’être stupides, ils pressentent que le projet ne va pas plaire à tout le monde ce qui, de fait, arrive. Un honnête homme dit son désaccord. Il est mal reçu car : « ceux qui méditent le mal sont pris dans leur engrenage.
Il faut neutraliser celui qui n’entre pas dans leur projet : « Attirons-le dans un piège car il nous contrarie. » « Il nous reproche de désobéir à la Loi de Dieu et nous accuse d’infidélité à notre éducation. » Qu’est ce que son Dieu vient faire dans cette histoire ? Qu’on prenne donc au mot cet homme honnête ! « Soumettons-le à des outrages et à des tourments, nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un interviendra pour lui. » Le texte ne dit pas ce qu’il est advenu de ce juste. Le pire est possible. Quelques lignes plus loin dans le texte, on lit ceci : « Les âmes des justes sont dans la main de Dieu ; aucun tourment n’a de prise sur eux. » (Sag. 3, 1)
*
Environ 50 ans plus tard, en Palestine, c’est dans le peuple de Dieu qu’il y a des tensions. Le comportement de Jésus n’est pas clair. Qu’il guérisse les malades ! Personne ne va s’en plaindre mais qu’il prenne des libertés avec la Loi est insupportable. Si le peuple en vient à mépriser la Loi, il disparaît.
En ces jours-là, Jésus traversait la Galilée. Comme il avait prévu un temps de formation pour ses disciples, il se déplace discrètement. Ce qu’il dit est surprenant : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Information claire… et incompréhensible !
Jésus se rend compte que ses auditeurs ont la tête ailleurs. Ne comprenant rien à ce que dit Jésus, ils discutent entre eux de choses sérieuses : qui est le plus grand ?
La recherche des titres honorifiques ou des responsabilités qui font parler de soi est de tous les temps. La réponse de Jésus ne cesse d’interroger : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. ».
Pour illustrer son propos, il prend un jeune enfant, l’embrasse et commente : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. » L’enfant a un besoin vital des services de son entourage et il est incapable de donner quoi que ce soit en échange. En grandissant, il rendra des services, mais tant qu’il n’est pas apte à prendre sa vie en main, on dit qu’il est à charge.
Il n’y a pas que les enfants qui sont confiés à l’attention bienveillante des autres : les malades dans les hôpitaux, les résidents dans les Ehpad, les nouveaux arrivés dans le village et un nouveau curé dans notre paroisse. Sans oublier les émigrés… Si on les accueille moins facilement que les touristes, il doit y avoir une raison.
Pour vivre, tout homme doit se sentir accueilli depuis le premier instant de sa conception jusqu’à son dernier souffle.
Un livre dans la Bible rassemble 150 Psaumes. En parcourant les 55 premiers, je n’ai trouvé que deux fois le verbe accueillir. Il concerne la relation du croyant avec Dieu.
Le premier est un constat : « Le Seigneur accueille ma demande, le Seigneur entend ma prière. » (Ps 6, 10)
Le second est une prière : « Accueille les paroles de ma bouche, le murmure de mon cœur ; qu’ils parviennent devant toi, Seigneur, mon rocher, mon défenseur. » (18B, 15).
Quelques remarques :
* Le Seigneur ne manquant de rien, nous n’avons rien à lui apporter. Son accueil est gratuit.
* Quand Dieu accueille notre prière, il ne supprime pas nos difficultés,
il nous accompagne pour les surmonter.
* L’homme qui se sait accueilli par Dieu traverse sa vie sans être détruit par les adversités.
* Notre relation à Dieu donne une couleur à nos relations avec le prochain.
* Accueillir, c’est se décentrer. Etre accueilli par Dieu doit nous rendre accueillants.
* Tout geste d’accueil nous identifie à Jésus qui s’est fait serviteur.
* Accueillir quiconque au nom de Jésus (c’est à dire à sa manière),
c’est accueillir son Père.
Père D. Boëton