Deutéronome 4, 1-8                                    Jacques 1, 17…27                                                  Marc 7, 1-23

 

Après avoir piétiné dans le désert pendant 40 ans, les Hébreux arrivent en vue de la terre qui leur est promise. Nomades, devenus sédentaires, ils auront des contacts avec des tribus cadrées par des repères culturels et religieux différents.

Et donc, ils devront être attentifs à conserver l’originalité de leur foi au Dieu unique et ne pas se laisser aller à faire des offrandes aux dieux païens pour assurer une bonne récolte.

Si Dieu les a sortis d’Égypte, ce n’est pas pour subir un autre esclavage. Inversement, les tribus païennes s’interrogeront sur ce peuple bizarre qui n’a qu’un seul Dieu et qui connaît une harmonie enviable.

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Les consignes de Moïse ont été observées diversement au cours des siècles et l’harmonie n’a pas toujours été au rendez-vous. Le peuple de Dieu a connu des moments de prospérité et de gloire. Mais, la nature humaine est ainsi faite : quand ça va très bien, on se laisse aller.

Une longue période de relâchement les a jetés en exil en Chaldée. 40 ans ! Ils découvrent que leur malheur est dû au non respect de la Loi. A leur retour, ils la prennent très au sérieux. Les pharisiens et les scribes vont devenir comme une sorte de police chargée de veiller au respect du règlement. Ils font consciencieusement leur travail.

 

Justement dans l’évangile de Marc, ils interpellent Jésus. Ses disciples ont été pris en flagrant délit : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leur repas avec des mains impures ! » De fait, ils ne s’étaient pas lavé les mains avant de se mettre à table !

Puisqu’il est interpellé sur l’observance de la Loi, Jésus répond en s’appuyant sur une parole du prophète Isaïe. : « Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. » Jésus conclut : « Vous aussi, vous laissez de côté les commandements de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. »

 

Quelques remarques :

 – Il faut prendre au sérieux la Parole.

Notre Dieu est un Dieu qui nous parle. Dans sa Parole, il y a deux choses : il y a le message et le support du message. Le message a plusieurs costumes dans sa garde-robe. Il peut être énoncé par un jeune enfant, un vieillard, un homme surchargé de travail, un chômeur, un émigré sur son radeau…

 

 – Écouter ne suffit pas.

Dans sa lettre, l’apôtre Jacques écrit : « Mettez la Parole en pratique, ne vous con-tentez pas de l’écouter. » Mettre la parole en pratique, ce n’est pas réciter par cœur des prières, une page de catéchisme ou d’évangile. Il faut que la Parole se rende visible par un comportement cohérent. Spontanément, nous en voulons à ceux qui sont experts pour rappeler la loi… et la détourner. Il ne doit pas y avoir de contradiction entre ce que je dis et ce que je fais.

 

 

 – Il faut garder le lien entre la parole et l’action.

Le comportement de celui qui écoute la Parole de Dieu est différent du comportement de celui qui ne l’écoute pas. La Parole de Dieu interpelle sans cesse notre manière de nous situer devant ce qui se passe.

La fidélité à la Parole de Dieu ne se réduit pas à faire comme d’habitude. Être traditionnel, ce n’est pas répéter ce que nos anciens dans la foi ont fait. Il faut sans cesse mettre ce que nous vivons en face de la source, l’évangile.

 

Le déroulement cohérent d’une vie n’est pas une accumulation d’improvisations. Il y a dans nos vies des mécanismes bien rodés et tant mieux mais il nous arrive aussi de faire les choses que Dieu demande pour pouvoir dire qu’on les a faites. Si le cœur n’y est pas, Dieu et l’homme sont perdants.

 

Il y a dans nos vies des mécanismes qui ont perdu leur signification. Il peut nous arriver de serrer la main à quelqu’un en regardant ailleurs. Il est difficile d’être présent à ce qu’on fait. Il faut donner du sens ce que nous faisons. Avoir une vie unifiée est toujours un objectif.

 

Nous n’avons pas à répondre aux problèmes des générations de chrétiens des siècles passés mais aux problèmes de notre temps. L’évangile est à mettre en relation avec la réalité concrète qui s’impose à nous.

Si notre diocèse s’est engagé dans un synode, c’est justement pour que les chrétiens, toutes catégories, regardent en face la réalité qui s’impose à eux et la mette sous la lumière de l’Évangile. Aimer son prochain, c’est quoi aujourd’hui ? Que changer dans notre vie concrète pour introduire l’esprit de l’évangile dans notre monde ?