Josué 24, 1-18 Ephésiens 5,21-32 Jean 6, 60, 69
Si le progrès séduit depuis toujours, il nous humilie parfois, parce que nous avons du mal à suivre. On dirait même que, Dieu, devenu plus vieux que vieux, est aujourd’hui hors sol. En fait, il reste Dieu. Jamais utilisable, il n’est pas à notre service. Avec patience, il nous ouvre une route que nous hésitons à prendre.
Les nouvelles découvertes n’ont pas que des avantages. Certaines nous rendent proches de ceux qui sont loin et loin de ceux qui nous côtoient. Et elles sont vite dépassées.
Aujourd’hui, on va plus vite, plus loin. Mais notre société n’arrive pas à éradiquer la misère, l’injustice, la violence spontanée ou planifiée. Si la vie est plus facile avec les nouvelles techniques, elle n’est pas devenue plus humaine. Elles ne changent pas le cœur de l’homme dans un monde où tout est devenu marchandise.
Aujourd’hui, la dispersion des membres d’une même famille, le brassage des populations, brouillent les repères traditionnels. Ce sont là des situations difficiles à gérer. Arrivés en Terre Promise avec Josué, les Hébreux ont connu cette situation.
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Nomades devenus sédentaires, ils ont tout à apprendre du travail de la terre. Instruits par les tribus locales, ils trouvent convenable d’invoquer leurs dieux qui, dit-on, assurent une bonne récolte. Le Dieu qui les a sortis d’Égypte ne semble pas adapté à cette situation nouvelle. Il reste qu’il n’a pas lâché prise. Il veut être suivi par des hommes libres.
La question de Josué nous interpelle : « S’il ne vous plait pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir. (…) Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur. » Dans un moment d’enthousiasme, la foule répond : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux. » Cet enthousiasme va se refroidir devant les difficultés. Servir Dieu est exigeant. Qui sait ce qu’il est capable de nous demander ?
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Dans l’évangile de Jean, Jésus a choqué son auditoire en annonçant qu’il fallait manger sa chair et boire son sang. La parole de trop ! Les réactions ne se font pas attendre : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » Jésus persiste : « C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. » Résultat : « Beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. »
En résumé, des Hébreux affirment haut et fort leur fidélité. Des Juifs, après avoir écouté Jésus, décrochent.
Dans notre monde, nous retrouvons ces comportements. Des baptisés chantent le Credo avec ardeur mais restent de pauvres pécheurs. D’autres baptisés décrochent quelquefois avec fracas, le plus souvent avec discrétion.
« C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. »
– Vivre selon la chair, c’est resté enfermé dans les calculs humains au point d’en être prisonniers. C’est vouloir tirer le maximum du moment présent pour un pro-fit personnel. C’est gaspiller les ressources de la planète.
– D’une génération à l’autre, l’homme butte contre ses limites. Capable d’enthousiasme, il recule devant l’effort qui lui parait déraisonnable. C’est aux autres de payer les factures.
– Sont-ils nombreux dans notre monde ceux qui s’interrogent sur ce que Dieu attend d’eux ? Il est toujours là. Il veut sauver le monde et il a besoin de chacun pour cela.
– Notre société est contrastée. Des gens se démènent pour secourir des personnes en situation de détresse, pour débrouiller des situations insolubles et d’autres ne se posent qu’une question : pourquoi se soucier de servir dans un monde où il suffit de se servir ? On connaît cette observation : des gens se croient dans l’Église et ils sont dehors ; d’autres se croient dehors et ils sont dedans.
– Quelles sont donc nos raisons de vivre ? Qu’est ce qui nous donne la force d’affronter les difficultés ? Peut-on vivre sans servir, sans rendre service, sans être utile ? Peut-on vivre sans accepter des contraintes ?
– Le futur de l’humanité… humaine ( !) s’enracinera toujours dans la Parole de Dieu. Cette Parole ne peut être féconde que vécue par ceux et celles qui choisissent de se mettre à la suite de Jésus. C’est un choix à reprendre chaque jour.
« Je suis ton serviteur, éclaire-moi ; je connaitrai tes exigences. ( Ps 118, 125)