St Joseph des Champs,10 mars  2019
1er  Dimanche de Carême – C-

Deutéronome 26, 4-10

Romains 10,8-13

Luc 4, 1-13

Le récit du livre du Deutéronome nous renvoie à l’époque où le peuple de Dieu est établi en Terre Promise. Devenu sédentaire, il a appris le B A BA du métier d’agriculteur auprès des cultivateurs locaux qui, par honnêteté professionnelle, n’ont pas manqué de signaler qu’il fallait faire des offrandes aux dieux compétents pour avoir une bonne récolte.
Comme les Hébreux ne savaient rien des compétences de Dieu en agriculture, ils ont trouvé normal de se fier aux dieux locaux ! La foi au Dieu unique étant menacée, est arrivé le moment où il fallut mettre au point une démarche qui reconnaissait Dieu comme maître de la nature. C’est le rituel de cette démarche que nous est rappelé aujourd’hui. Quelques observations :
 
 – Si l’auteur du Deutéronome dit comment les cultivateurs doivent se comporter devant Dieu, c’est qu’ils ont négligé, et peut-être oublié, leur relation avec lui. Quel que soit le problème, ils doivent s’adresser au Dieu qui a fait alliance avec son peuple.
 – Avoir une relation avec Dieu demande qu’on en prenne le temps. Evidemment, on a toujours autre chose à faire. Mettre en pratique un rituel demande qu’on interrompe ses obligations quotidiennes.
 – Une originalité : le cultivateur hébreu s’adresse à son Dieu non pas pour demander une bonne récolte au temps des semailles, mais pour rendre grâces au temps de la moisson. L’homme fait le travail mais c’est Dieu qui donne la fécondité.
 – Dans tout rituel, il y a le geste et la parole. Ici le cultivateur apporte au prêtre non pas ce qui reste quand il a tout vendu ou qu’il a suffisamment de réserve. Il offre les premiers produits de la terre. Dieu premier servi ! Le rituel ne dit rien de la qualité de la récolte. Qu’elle soit bonne ou moins bonne, il faut rendre grâce parce que Dieu n’abandonnera jamais son peuple.
 – En faisant le geste d’offrande, il dit sa foi. Il ne récite pas des formules intellectuelles mais il évoque des événements qui ont marqué l’histoire de son peuple : « Mon père était un araméen nomade…» Le cultivateur dans son champ est la dernière étape d’une longue histoire chargée d’épreuves, de négligences et de trahisons. Dieu a toujours été là pour ouvrir un chemin de salut. Au début de ce carême, chacun peut relire son histoire personnelle au cœur d’un diocèse qui a aussi son histoire.
– Comment entendre ce récit quand on a atteint le grand âge ? Si on n’a que notre dépendance à offrir. Il faut le faire ! Jésus cloué sur sa croix ne pouvait plus rien faire ! Il offrait ce qu’il est devenu.
 – Dans le récit, je note quelques verbes : Le Seigneur fait sortir de l’esclavage. Il conduit son peuple ; il donne une terre. Il prend des initiatives et maîtrise la situation.
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Changement de décor avec l’évangile. C’est « celui qui divise », (le diable), qui a l’initiative. Il conduit Jésus au désert pour le mettre à l’épreuve.
1ère tentation : « Ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Si la pierre peut devenir du pain, la faim dans le monde n’est plus un problème, sauf qu’arrivera le jour où il n’y a plus de pierre. Réponse : « L’homme ne vit pas seulement de pain. » Il ne vit pas seulement de biens matériels. Est-il en rapport de communion avec les autres ou en rapport de consommation ? Quand l’homme n’a plus aucun désir, que va-t-il faire de sa vie ?  A-t-on jamais fini d’entretenir notre faim de Dieu ?
2ème  tentation : Dominer le monde : avoir le pouvoir de vie et de mort sur le bas peuple et ceux qui vous courtisent !  Réponse : A Dieu seul, tu rendras un culte. Il veut faire de son peuple un peuple de frères. Quand l’argent ne sert qu’à rapporter de l’argent, il déshumanise et le pauvre et le riche. A-t-on jamais fini de devenir serviteur ?
3ème tentation au sommet du Temple : « Jette-toi en bas ! » demande le diable.
Réponse : Jésus ne fait rien pour se mettre personnellement en vedette. Son but, c’est dévoiler la gloire de Dieu. A-t-on jamais fini de découvrir qui est Dieu ? 
 
Dans sa lettre aux Romains, Paul écrit : « C’est avec le cœur que l’on croit pour devenir juste. C’est avec la bouche que l’on affirme sa foi pour parvenir au salut. »
Le temps du carême nous est proposé pour nettoyer notre cœur pour que nous puissions dire des paroles et prendre des décisions qui construisent une humanité fraternelle.

D. Boëton