Le 17 janvier 2021 ;  Is 9,1-6 ; Rm 12,9-16b ; Jn 2,1-11

Pour méditer la Parole de Dieu en ce jour anniversaire des apparitions de la Vierge Marie à Pontmain la liturgie nous propose la lecture du récit des noces de Cana. C’est le premier signe que Jésus accomplit devant les hommes pour annoncer le Royaume de Dieu. Marie en est le déclic par son attention aux besoins de ce jeune époux qui est visiblement dans une impasse : « ils n’ont plus de vin ». Par Marie le Christ a été donné au monde : Dieu s’est fait l’un de nous. Par Marie le Christ, Fils de Dieu, commence sa mission chez les hommes pour les ramener dans le cœur du Père. Le Royaume est comparable à des noces éternelles entre le Fils du Père et tous les hommes qui aiment pour célébrer la gloire éternelle de la communion du Fils avec le Père dans un éternel Amour qu’est l’Esprit. « Ils n’ont plus de vin » : quelle place inouïe de Marie dans ce dessein d’amour. Il me semble qu’à Pontmain, de nouveau Marie accomplit sa mission si spécifique de retourner les cœurs des hommes vers le cœur de son Fils pour qu’ils s’abreuvent à ce vin toujours nouveau du Royaume des cieux car il n’y a plus de vin. Alors je me pose la question : Comment Marie s’y prend, à Pontmain, pour que le miracle du vin du royaume puisse couler en abondance. La piété suscitée dans ce sanctuaire depuis 150 ans le manifeste certainement.

Pourtant la piété des paroissiens de Pontmain, il y a 150 ans, est manifeste, du matin au soir on dit des prières, celles du matin et du soir, celle qui sont faite à l’école, celle de participer à la messe et aux vêpres le dimanche. Depuis 35 ans l’abbé Michel Guérin exhorte ses fidèles à être fidèles à Dieu et à vivre chrétiennement. Mais à cette époque les temps sont difficiles : la guerre, le froid glacial propice aux aurores boréales après un long été caniculaire, l’épidémie de choléra, un long tremblement de terre ce 17 janvier, etc. Tout cela trouble les gens. Ils son inquiets, et scrutent « les signes du temps », comme ils disent, pour deviner quel présage de malheur ou de salut va leur arriver. Tout cela se résume bien par la réaction d’un paroissien le dimanche précédent qui s’interpose au geste du curé allumant les quatre cierge autour de la statue de l’Immaculée Conception que ce dernier avait installer au dessus du maître-autel :  « Monsieur le curé, n’éclairez pas, cela ne sert à rien de prier, Dieu ne nous écoute pas ». « Ils n’ont plus de vin ». Marie a été attentive à cette détresse des cœurs. L’apparition peut être alors vue comme l’intervention de Marie pour que de nouveau la joie de Dieu habite les cœurs des hommes.

Pour exprimer cela je ne retiendrai que deux faits dans le déroulement de l’apparition. Ce sont les deux fois où Marie « tombe en humilité » comme dit le petit Eugène. Deux fois Marie devient triste alors que tout le reste du temps elle ne cessait de sourire aux enfants et même de participer par des signes de la main au chant du cantique « Mère de l’Espérance dont le nom est si doux ». La première fois est lorsque, quasiment depuis le début de l’apparition tous les gens vont et viennent, y vont de leurs commentaires sur la vision qu’il ne voient pas si bien qu’il y a un brouhaha et de l’agitation qui motive la tristesse de la Dame. Elle est blessée par toutes ces plaisanteries  selon les enfants. Alors on se met à prier par le chapelet et des chants. Cette prière deviendra de plus en plus fervente et intense au fur et à mesure que le temps passe. La tristesse de Marie est que ses enfants, les hommes, ne prient pas : « mais priez mais enfants ». Marie répond ainsi aussi au paroissien qui ne croit plus à la prière. En cette prière, pourquoi ne pas y voir cette eau que les serviteurs puissent dans les jarres de purification pour qu’elle soit portée au maître de maison qui constate qu’elle est transformée en vin du Royaume. La prière demande toujours à être purifiée pour accueillir la volonté de Dieu : « mon fils se laisse toucher… » Cette transformation en vin-du-Royaume se manifeste lorsque la prière habite le cœur et devient paix, louange et action de grâce dans le Seigneur.

Marie est dans la joie et même semble participer aux chants de fidèles émus devant cette Mère qui avive l’espérance de son soutient dans les épreuves de la vie. Mais la Vierge devient de nouveau triste, d’une tristesse que Joseph Barbedette dit être très impressionnante d’intensité. On chante alors un chant de pénitence et un crucifix apparait dans les mains de Marie. Serait-elle de nouveau contrariée ? Certainement, si  dans le cœur des fidèles s’instaure la peur de la colère de Dieu du fait qu’ils se reconnaissent  pécheurs ? Or le cœur du Père et le cœur de son Fils battent au même rythme de l’amour sauveur qui va jusqu’au don de la vie du Fils pour manifester combien le pécheur est aimé gratuitement et qu’il sera accueilli dans ce Royaume dans la joie et l’allégresse dès qu’il se converti, dès qu’il se nourrit de l’amour sauveur et ainsi entrer dans la communion nuptiale de Dieu avec l’humanité. Jésus est mort sur la croix pas amour, du même amour que le Père manifeste à son Fils et aux hommes. Alors Marie, par sa tristesse, serait en train de dire aux chrétiens : « ne vous trompez pas de crainte, il ne faut pas avoir peur de Dieu mais bien plutôt du mal qui habite encore votre cœur et qui vous empêche de vous abandonner entre les mains de mon Fils qui se laisse toucher puisqu’il vous aime : là vous serez consolés. Vivez dans l’Espérance que votre vraie demeure est la vie dans son Royaume par la foi ». Marie présente le crucifie pour nous dire : « dans vos épreuves regardez mon Fils en croix, regardez son amour qui ne fait qu’un avec celui du Père et jetez tous vos soucis dans son cœur ». Lorsqu’est chanté ensuite l’Ave maris stella la joie de Marie revient car la crainte a fait place à la joie, à l’amour. A Pontmain la Vierge Marie nous dit donc aussi comme aux serviteurs des noces de Cana : « faites ce qu’il vous dira ». Faites ce qu’Il vous dira c’est-à-dire accomplissez les deux commandements qui ne font qu’un et, dans la prière, vous recevrez la vie qui est vie du Royaume, qui est vie éternelle.