16ème Dimanche du T.O. -C-
Genèse 18, 1-10
Colossiens 1, 24-28 
Luc 10, 38-42

Abraham est habité et fragilisé par une question qui le taraude. Un jour, il y a bien longtemps, Dieu lui a fait savoir qu’il était choisi pour être la source d’un peuple impossible à compter. Il a cru en cette promesse et il constate qu’il ne réussit même pas à avoir un premier enfant !
Il arrive qu’un jour de grande chaleur, il fait la sieste devant sa tente, et le voilà  interpelé par trois hommes venus d’on ne sait où. Il ne les connaît pas ? Qu’importe !
Devant ces inconnus, il se veut « serviteur ». Spontanément, il donne de sa personne, active sa femme et secoue son personnel. Il met de côté son angoisse intérieure et ne se demande pas si ces étrangers ont de quoi payer.
« Où est Sara, ta femme ? » demande l’un d’eux. Question indiscrète et annonce stupéfiante ! Elle va avoir un fils. Le récit d’aujourd’hui s’arrête là.

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Ce récit interroge notre société occidentale. Parmi d’autres, on peut retenir deux tendances fortes :
* Derrière l’accueil, l’argent. Que les médias nous parlent de n’importe quoi, arrivent toujours les mêmes questions : combien ça coûte, combien ça rapporte ? Notre société accueille volontiers les touristes. En fin de saison, on saura combien ils ont dépensé ! Et la même société refoule les émigrés : ils apportent leurs misères ! Evidemment, les touristes vont repartir, mais ils reviendront l’an prochain.
* Plutôt le vivre entre soi que l’accueil ! Chaque groupe humain a ses repères, ses habitudes, son rythme de vie. Affronter une autre culture déstabilise notre sécurité. Tout accueil apporte un risque et ouvre de nouveaux horizons.
L’argent et l’entre soi, devenus un absolu, conduisent à des conflits.

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Dans l’évangile de Luc, Jésus n’est ni touriste, ni émigré mais il est sur la route et fait face aux aléas des rencontres. Arrivé dans un village, « une femme, nommée Marthe, le reçut. » Quand on voit son agitation, on peut penser qu’elle est prise au dépourvu. Elle se démène pour servir un repas convenable.
A plusieurs reprises, elle a dû faire signe à sa sœur, Marie, de l’aider mais, captivée par la Parole de Jésus, on dirait qu’elle ne veut rien entendre de sa sœur. Elle ne bouge pas. Débordée, Marthe interpelle Jésus : « Dis-lui donc de m’aider ! » C’est vrai que cuisiner, quand on accueille qui que ce soit à l’improviste, est un vrai souci. Mais le repas ne se réduit pas à dire, (quand on y pense !) : « C’est très bon ! »
Dans tout repas, il y a deux choses : la Casserole et la Parole.
Pour Abraham et Marthe, accueillir, c’est activer une compétence en cuisine.
Pour Marie, accueillir, c’est écouter une parole qui ouvre un horizon.
Dans notre quotidien, il peut arriver qu’une Casserole éveille une Parole.

P. Daniel Boëton