11 juin 2017
Sainte Trinité – A-

Cela fait des siècles et des millénaires que des gens essaient de découvrir quelque chose de la vie intime d’un Dieu qui se dit unique. Ce Dieu a voulu construire un peuple qui serait son peuple. Son argument pour séduire : Il fait des promesses !
On ne réussira jamais à imaginer le bouleversement qui s’est produit en ce Dieu u-nique quand il a décidé d’envoyer son Fils sur terre. L’irruption dans l’histoire de Jésus, charpentier à Nazareth, a été une étape décisive dans la recherche et la con-naissance de ce Dieu. Il disait qu’il est son Père !
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Pour approcher le mystère de Dieu, que nous dit l’évangile de Jean ?
« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas. »
La visée de Dieu est universelle mais l’accueil est personnel. Quiconque, c’est n’importe qui dans le monde.
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Dans le texte, il n’est pas question du Père mais on le découvre quand Jean évoque son Fils Unique. Il n’est pas question du Saint-Esprit mais on le reconnait dans le Don.
Le Fils unique n’est pas donné au monde pour le contrôler ou le juger mais pour qu’il partage la vie des hommes et leur ouvre une route. Une fois la route ouverte, par l’amour inconditionnel du Fils à l’égard de son Père, l’Esprit est envoyé.

Dieu n’a qu’une seule activité : aimer. Tout ce qu’il dit, tout ce qu’il fait à sa source dans son amour. Le fait que son Fils soit devenu homme n’a pas altéré cet amour. Il l’a élargi. Par son Fils, il aime toute l’humanité qui n’est pas particulièrement séduisante.
Pour qualifier cet amour, Jean emploie un mot qui fait partie de notre vie quotidienne : le verbe donner. » Il a donné son Fils unique » A partir de ce mot, on peut se poser deux questions :

1). Que se passe-t-il quand l’homme donne ? Chacun a sa réponse ! Quelques pistes :
– Se proposer de donner, c’est s’exposer à une fin de non-recevoir ou à un merci simplement poli.
– Donner, c’est ne plus avoir la mainmise sur la chose dont on se sépare.
– L’homme qui dispose d’une autorité donne une permission…. ou une correction !
– Quelquefois, il donne, il abandonne ou se débarrasse. Quand il donne quelque chose à Emmaüs, il sait qu’il rend service à une institution fondée par l’Abbé Pierre. Il ne sait pas ce que va devenir ce don, à qui il va rendre service.
– Quelquefois, le don cache une sorte de marchandage. On espère un retour. On don-
ne de l’argent à la banque qui dispose du don. Il est quand même convenu que le donateur recevra des intérêts en même temps qu’une certaine sécurité.
– Quelquefois, on donne pour avoir prise sur celui qui reçoit.
– On donne une partie de notre temps à un voisin pour le dépanner ou à une institution parce qu’on s’intéresse à son projet. Mais on garde la maitrise de notre emploi du
temps. Arrive le moment où l’âge ou la santé oblige au retrait.
– Quelquefois ce don n’est qu’un prêt. Il est convenu que tel livre qu’on donne à tel ou tel pour rendre service doit nous revenir.
Quelquefois nos dons veulent faire plaisir. Quelquefois, ils sont un calcul.

2). Que se passe-il quand Dieu donne ?
Il ne peut faire autre chose que se donner. A la source de tous ses dons, il y a l’amour.
Il se donne en son Fils. Il le donne au monde avec une mission à accomplir : vivre la vie divine dans la condition humaine. Les hommes réagiront… humainement. Rejeté à la périphérie de Bethléem à sa naissance, il mourra hors les murs de Jérusalem, sur une croix.
Dieu se donne librement ; il laisse l’homme libre d’accepter.

Il arrive que l’homme se donne.
– Le militant se donne à une cause qui, à ses yeux, en vaut la peine. Et la peine est quelquefois lourde à porter. Il doit être assez convaincu de la justesse de la cause qu’il défend pour accepter d’être ridiculisé par les professionnels de la moquerie et démoli par ceux qui militent pour une autre cause.
– L’homme et la femme se donnent l’un à l’autre dans le mariage. « Je te reçois com-me époux (comme épouse) et je me donne à toi. »
– Des hommes et des femmes se donnent à Dieu dans la vie sacerdotale ou religie-se. Ils répondent à un appel sans savoir où leur réponse va les entraîner.
Se donner est un chemin pour approcher le mystère de Dieu.
Quand l’homme se donne, il peut dire qu’il est à l’image de Dieu.
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St Grégoire (évêque de Nazianze en Asie Mineure au 4ème s°) a écrit un poème que l’Eglise a introduit dans sa prière. Il commence ainsi :
« O toi, l’au-delà de tout,
n’est-ce pas là tout ce qu’on peut chanter de toi ? »

Au 14ème s., Ste Catherine de Sienne a écrit un poème où on peut lire ceci :
Toi, éternelle Trinité, tu es comme un océan profond ;
plus j’y cherche et plus je te trouve :
plus je trouve et plus je te cherche.

La recherche de Dieu ! Une activité qui a de l’avenir !
D. Boëton