À St Joseph des Champs, le 19 Mars 2019
Homélie
Galates. 1-5 ; 7-9 
Matthieu 2, 13-17
 
Si Dieu a préparé le cœur de Marie pour être la mère de son fils, il a préparé aussi le cœur de Joseph pour le rendre capable d’assumer sa responsabilité de chef de famille dans une situation inédite. La préparation a été rude.
Comme tout jeune homme juif, Joseph envisageait de se marier pour que l’un ou l’autre de ses descendants puisse accueillir le Sauveur que tout juif attendait. Son mariage avec Marie était annoncé. Et voilà qu’il se fait doubler par le Saint Esprit : Marie attend un enfant ! Et Joseph doit entrer dans un projet qu’il n’avait jamais imaginé. Il sera l’époux de Marie, comme prévu, mais il sera chargé de l’éducation d’un enfant né de son épouse de par l’action de l’Esprit-Saint !
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On pouvait imaginer que Dieu aurait la délicatesse de faire le nécessaire pour que son Fils soit accueilli convenablement ! Raté ! Pas de comité d’accueil à Bethléem ! Que Joseph se débrouille ! La naissance aura lieu dans une grotte ! Le Sauveur commencera (et finira) sa vie à la manière d’un exclu.
 
Quand Jésus atteint l’âge de deux ans environ, Joseph est averti en pleine nuit qu’il doit fuir immédiatement avec Marie et l’enfant. Direction l’Egypte ! Pour sauver son pouvoir à Jérusalem, le roi Hérode veut supprimer l’enfant que les mages lui ont présenté comme roi. Faute de renseignements précis, Hérode fait massacrer tous les jeunes enfants de Bethléem et des environs. Sécurité d’abord !
Hérode mort, un ange informe Joseph qu’il peut rentrer au pays d’Israël. Le lieu est laissé à la décision prudente de Joseph. Ce sera Nazareth, un village remarquable par son insignifiance. Personne n’aura l’idée d’y chercher un roi !
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L’insécurité des enfants est toujours d’actualité. Certains meurent dans les pays atteints par la famine. D’autres sont victimes des bombardements de populations civiles. Ailleurs, des parents ont choisi de fuir leur pays pour sauver leurs enfants mais la mort les rattrape. Ils meurent naufragés en Méditerranée !
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Des enfants survivent, mais en quel état ? Ils trottinent à côté des parents à la recherche de pays qui acceptent de les accueillir. On les retrouve dans des camps durablement provisoires. Ces enfants sont imprégnés d’inquiétude et d’incertitudes.
Et quel avenir pour les enfants, enrôlés dans l’armée, à qui on apprend à tuer ? Quel avenir pour les enfants qui ne connaissent pas leur père ? Quel avenir pour les enfants qui vivent dans une société obsédée par le sexe et l’argent ?
 
On dit que les jeunes enfants ne comprennent rien à ce qui leur arrive. Ils n’ont pas les mots pour dire ce qu’ils ressentent. Mais ils absorbent tout. Leur vécu ne les quittera jamais. Ayant commencé leur vie dans la peur, la terreur et l’insécurité avec la faim au ventre, comment vont-ils traverser leur adolescence ? Quels adultes, quels parents deviendront-ils ? Avec tant d’enfants blessés dans leur cœur, leur intelligence et leur sensibilité, quelle allure aura l’humanité dans quelques dizaines d’années ?
 
Regarder St Joseph peut aider. Voilà donc un homme banal qui a été dérouté de son 
projet de vie personnel, et embarqué dans des situations invraisemblables. On le voit obligé de fuir, de s’expatrier ; il connaît la peur. C’est aussi un homme de foi. Il réagit avec la certitude que Dieu l’accompagne. Il est disponible et il réussit à construire un foyer où l’enfant pourra s’épanouir et remplir sa mission.
 
Evidemment, on se pose la question : Que fait donc Dieu  aujourd’hui ? D’une manière qui nous échappe, il veille au grain comme il a toujours fait. Deux exemples :
 – Année 1793 ! En France, c’est le régime de la Terreur révolutionnaire. A Laval, c’est la naissance de Thérèse Rondeau, sur la Paroisse St Vénérand. Le curé étant un prêtre constitutionnel, ses parents vivent leur foi dans la clandestinité. Les premières années de Thérèse Rondeau sont imprégnées par cette ambiance de violence et de méfiance. Son cheminement l’a conduite à fonder la Congrégation des Sœurs de N.D. de la Miséricorde pour aider les jeunes femmes en difficulté !
 –  Année 1936 ! Jorge Bergoglio, né en Argentine dans une famille d’émigrés italiens, devient le pape François à une époque où les flux migratoires  vont dans tous les sens sur la planète.
 
Aujourd’hui, nous pouvons porter dans notre prière les personnes qui, d’une manière ou d’une autre, tentent de reconstruire les enfants victimes de situations inhumaines provoquées par les adultes d’aujourd’hui. St Joseph a su s’y prendre !
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Quelques remarques pour finir :
Quelques soient les techniques nouvelles, le cœur de l’homme ne change pas. Dans la lettre de Paul aux Galates, quelques expressions pourraient être écrites aujourd’hui : 
Développer l’esprit de douceur. La violence ne sait engendrer que la violence.
« Porter les fardeaux les uns des autres » ce qui demande qu’on ouvre les yeux et son cœur.
 « Faire la vérité sur soi-même » Repérer nos fragilités. Ne pas se faire d’illusion.
« On récolte ce qu’on a semé » et donc ne pas se lasser de faire le bien.

D. Boëton