Nous ne savons pas grand-chose de la sainte Famille.

Aujourd’hui, nous entendons les paroles de Siméon, paroles qui ont dû troubler Joseph et Marie encore plus qu’ils ne l’ont été le jour de l’Annonciation, dont nous entendions le récit dimanche passé. Siméon prend l’enfant dans ses bras comme un parrain pourrait le faire, mais il ne distribue pas des dragées : « Ton cœur sera transpercé d’un glaive « .

Nous savons que Joseph avait un métier, celui d’artisan, qu’avec son épouse il a présenté l’offrande des pauvres. Jésus était l’enfant d’une famille modeste. A part cela nous ne savons pas grand-chose sur « la Sainte Famille ». Encore faut-il savoir s’il est nécessaire d’en connaître plus ? L’évangile nous dit généralement l’essentiel, aussi savons-nous donc ici l’essentiel sur cette famille. Marie et Joseph crurent ce qui leur était dit. Voilà l’essentiel.

Dans cet évangile de grands espoirs sont formulés à propos de Jésus, cependant le contexte est très simple. Dans une simplicité « frustrante » : « l’enfant grandit tranquillement sous le regard de Dieu ». C’est dans cette tension entre les grands espoirs et la simplicité de ce foyer, que se cache toute la dynamique du récit, que se cache la bonne nouvelle ! La vie de Jésus en ses commencements a été pour ses parents source d’insécurité et de peur. L’avenir de leur enfant grandissant exige de ses parents une attitude de foi. Ce qui est dit à propos de l’enfant, n’est pas évident. De Marie et de Joseph qui ont dû entendre cela, il est dit simplement qu’ils étaient « étonnés ». Et comme si tout était normal, comme si tout allait de soi, ils retournent à la maison où ils aideront l’enfant à grandir, jour après jour, sous le regard et la bénédiction de Dieu.

La rencontre de la Sainte Famille avec des personnes âgées qui, outre une grande expérience humaine, ont aussi l’expérience de Dieu qui leur permet de lire les signes des temps, fait de la famille de Jésus une famille en marche, une famille unie, non repliée sur elle-même. Une famille où il faut vivre avec ce fils qui n’est pas de tout repos et qui finira par être tué parce qu’il a osé bousculer les idées de son temps.

Chaque soir, l’Église dans le bréviaire nous fait dire les paroles tellement simples et solennelles de Siméon. Il donne à l’enfant le nom de « salut », de « sauveur ». C’est toute la signification du nom de « Jésus ». Un enfant est toujours plus grand, plus riche que nos attentes. Ce dimanche de la Sainte Famille est une invitation à regarder avec étonnement l’enfant qui vient après nous. Il nous faut le regarder avec foi comme Abraham et comme Marie, même si nous ne comprenons pas. Au bout du chemin, Isaac renaît, malgré tout ! Et nous dirons aussi après coup : « Il m’a fait rire ». Et nous pourrons comme la prophétesse Anne, poursuivre notre route en rendant gloire à Dieu. L’enfant qui traverse la mort fait de nous des sœurs et des frères, la famille de Dieu, l’Église parmi les hommes. Bonne Nouvelle !

M. Debrock