A propos des textes

1ère lecture : Isaïe 55,1-11

55,1 Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer.
2 Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses !
3 Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. Je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle : ce sont les bienfaits garantis à David.
6 Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; invoquez-le tant qu’il est proche.
7 Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon.
8 Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, oracle du Seigneur.
9 Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées.
10 La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, donnant la semence au semeur et le pain à celui qui doit manger ;
11 ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission.

En cette fête du baptême du Christ, que retenir de ces très beaux textes bibliques ? On pourrait faire un raccourci : baptême du Christ, image de notre baptême, à nous de le suivre sur la même route !!!

Les chapitres 40 à 55 d’Isaïe s’appellent le Livre de la Consolation : Dieu annonce à son peuple, exilé à Babylone, sa libération toute proche. Le peuple est pris entre la foi dans la Parole du prophète et le doute de sa réalisation effective. La mission d’Isaïe est maintenant de fortifier la foi du peuple.

Pour bien comprendre ce passage, allons revoir les versets 6 à 9 qui disent que l’efficacité de la parole c’est en vue d’une conversion « 6 Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; invoquez-le tant qu’il est proche. 7 Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon. 8 Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, oracle du Seigneur.

Nous sommes au lendemain de l’Exil : une fois revenus à Jérusalem et passé l’enthousiasme du retour, pour les déportés de Babylone ce n’est pas la gloire.

Par la voix du prophète, Dieu même s’exprime. Il invite les exilés d’hier à prendre l’aliment solide de son enseignement. Il les presse de lui faire confiance, de compter sur l’abondance de ses dons et de ses pardons, car sa Parole ne déçoit jamais. Il s’agit de « venir », de « tendre l’oreille » et d’écouter pour trouver en lui la vie !

Les viandes grasses, le vin auxquels ils aspirent autant de symboles pour désigner tout ce qui apaise la soif spirituelle et que Dieu va leur donner doivent éveiller en nous une autre soif, un autre désir, une nourriture spirituelle : celui d’écouter la Parole de Dieu. « Écoutez…écoutez-moi et vous mangerez ce qui est bon » Tous les biens vivifiants seront offerts gratuitement. Il s’agit de « venir », de « tendre l’oreille » et d’écouter pour trouver en lui la vie !

On peut y voir trois thèmes :

* l’invitation pressante d’un Dieu proche

– au banquet que Dieu offre gratuitement à ceux qui écoutent sa parole :  tout le monde peut se rendre à cette invitation puisque la barrière de l’argent n’existe plus. Il suffit de venir, d’avoir faim et soif de ce qui nourrit vraiment et rassasie réellement On l’a bien compris, ce qui fait vivre, ce qui nourrit c’est la Parole :  » écoutez et vous vivrez ». C’est dans et par sa Parole que Dieu se fait le plus proche.

L’appel à écouter est répété 4 fois.

* appel à la conversion.

Les chemins, les pensées de l’homme n’ont rien de commun avec ceux de Dieu :  » à des années lumières » dirait-on. Pour que la rencontre soit possible, il ne suffit pas à Dieu de faire toute la route, l’homme doit changer de chemin, de pensées, les quitter.

V7 : Le premier fruit de la proximité de Dieu c’est la conversion, le retour du pécheur vers Dieu par une sorte d’attirance libre : « le méchant abandonne sa voie, l’homme inique ses pensées. Il s’agit d’ajuster les pensées du croyant à celles de Dieu et non pas le contraire.

* efficacité de la parole d’un Dieu proche et tout autre.

L’efficacité, la fécondité de la Parole de Dieu, ici personnifiée, est aussi infaillible que celle de la pluie et toujours disponible. Comme son Envoyé, elle accomplit jusqu’au bout ce qu’elle dit, elle fait toujours ce qui lui plaît, c’est-à-dire créer fidèlement une histoire d’alliance entre elle et le peuple. Telle est la puissance, la fécondité de la Parole. L’Esprit est l’agent de la germination ; enfin c’est toute la création qui est concernée par l’action du semeur et par la manière dont les terrains reçoivent la semence ». La création n’est pas faite une fois pour toutes, elle est toujours à l’œuvre. Jésus a été façonné par cette Parole : « elle dit ce que Dieu veut et elle fera ce que Dieu dit ».

La Parole de Dieu exécute ses desseins comme à l’origine de la création. Son œuvre depuis l’origine n’a pas fini de transformer toute la terre et le cœur des hommes. A un peuple qui se met à douter de la fidélité de Dieu à sa Parole, le prophète rappelle que, par-delà l’apparente déconvenue, Dieu a sa façon à lui de tenir parole. Il faut prendre le risque de continuer à lui faire confiance.

Il faut dès maintenant nous préparer à cette Rencontre avec le Seigneur, nous mettre à son écoute, laisser sa Parole pénétrer, nous apprivoiser pour entrer dans le mouvement de conversion dans lequel elle nous entraîne.

1 Jean 5, 1-9

5, 1 Celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ; celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui.
2 Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements.
3 Car tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau,
4 puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi.
5 Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?
6 C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité.

C’est la victoire de la foi.

Et pourtant le mot « foi » n’apparaît qu’une fois en 1 Jn 5, 4 : il utilise toujours le mot « croire »

Il n’est pas inutile de relire les versets qui précèdent : 19 Quant à nous, nous aimons parce que Dieu lui-même nous a aimés le premier. 20 Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. 21 Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. »

L’amour n’a de sens qu’en relation avec l’amour fraternel : impossible d’aimer Dieu sans aimer les frères. On voit que Jean est concret et sait de quoi il parle : « si quelqu’un dit » : il est injustifiable d’abuser de son frère qui est là devant vous et en même temps de prétendre aimer Dieu que nul n’a jamais vu ».

L’idée de l’amour amène à celle de notre relation avec Dieu, qui conduit à son tour à celle de la victoire. L’amour et la foi sont liés l’un à l’autre (cf. 4.16), et le croyant triomphe du monde.

1 « Celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ».

La foi ne peut être séparée de notre façon de voir Jésus, et Jean insiste sur cette vérité du début à la fin de cette épître. Il est indispensable de croire que Jésus est le Christ. On est alors né de Dieu (grec : « a été engendré par Dieu »). Le fait de confesser que Jésus est le Christ n’est pas le fruit d’une compréhension intellectuelle. L’homme qui confesse cette vérité prouve que Dieu a agi en lui (cf. 1 Co. 12.3). Il aimera alors ses frères chrétiens, car quiconque aime celui qui l’a engendré, aime aussi celui qui est né de lui.

2 « Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu. »

Jean ne cesse d’insister sur l’idée que l’amour pour Dieu et l’amour pour les hommes sont étroitement liés. D’habitude, il parle plutôt de l’amour pour Dieu qui se manifeste dans l’amour pour les frères. Il adopte ici la proposition inverse. Nous savons que nous aimons les enfants de Dieu, quand nous aimons Dieu. L’amour de Dieu et l’amour de l’homme, avec la vie qu’ils inspirent, ne font qu’un. Jean, qui a 1’esprit pratique, ne se limite pas à la pensée de notre amour pour Dieu. Il ajoute : « et que nous pratiquons ses commandements. » Celui qui aime vraiment, a le souci de faire la volonté de Dieu.

3 « Car tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements … »

En fait, l’apôtre peut définir l’amour de Dieu en ce qu’il consiste à garder ses commandements. Jean n’est pas légaliste. Il reconnaît néanmoins que l’amour est agissant. Notre amour se manifeste tout naturellement en nous poussant à faire ce qui plaît au Bien Aimé, et qu’est ce qui peut le mieux nous renseigner sur ce qui lui plaît, si ce n’est ses commandements ? En ajoutant ses commandements ne sont pas pénibles, Jean ne veut pas dire que ce soit tout à fait facile de s’acquitter de ses obligations envers Dieu, mais plutôt que les commandements de Dieu ne sont pas un fardeau ennuyeux. Ils peuvent être difficiles, mais c’est une joie de les observer.

4 « Puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. »

Il est question à présent de la victoire. La source de notre victoire c’est Dieu dont nous sommes ses Bien Aimés. L’ « objet » , le destinataire premier de cet amour, c’est son Christ et , en lui tout croyant né de son Amour. Vainqueur du monde, c’est à dire de toutes les forces du Mal qui se conjuguent, dans l’homme et le monde pour mettre en échec le projet de Dieu. Il vaut la peine de remarquer que le premier verbe triomphe a plutôt le sens de « a triomphé ». La victoire décisive a été gagnée dans le passé, quand Christ est mort pour vaincre le mal et que les croyants lui ont accordé leur confiance. La position à la fin de la phrase de « c’est notre foi » met cette expression relief (qui n’apparaît qu’à cet endroit dans 1 Jean, et ne se retrouve ni dans l’évangile ni dans 2 et 3 Jan.).

5 « Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit »

Cette question à allure rhétorique insiste sur la place qu’occupe la foi. La victoire est pour celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu. Notez qu’une fois de plus, l’accent est mis sur l’importance d’une vue juste de sa personne. Voici encore un exemple de l’habitude qu’a Jean de répéter un mot pour le mettre en évidence, car ces deux versets renferment une triple allusion à la victoire sur le monde. Cela ne peut nous échapper.

Le témoignage rendu au Fils

Puisqu’il importe tellement d’avoir une juste conception de Jésus, il est d’un grand intérêt que celui-ci soit clairement présenté. Jean va citer une partie du témoignage qui fonde sa position.

6 « C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang… »

Jean accrédite son affirmation en appelant trois témoins : l’eau, le sang et l’Esprit. Qu’il soit venu avec de l’eau est sûrement une allusion à son baptême, son immersion dans le Jourdain, signifiant son Incarnation, tout comme le sang de son baptême dans la mort de la croix et l’Esprit qui nous en déchiffre le sens. Ces témoignages sont concrets et constatables : lors du baptême, il entendit la voix céleste et il commença solennellement son ministère, et le sang a jaillit du côté transpercé du Christ. Tout semblait clair en ce qui concerne l’eau, mais il fallait que Jean insiste sur 1e sang. C’était cela, la pierre d’achoppement. Mais c’était aussi (et c’est toujours) le centre même de l’Évangile.

7 Jean nous apprend en plus que c’est l’Esprit qui rend témoignage (le participe présent « celui qui est en train de rendre témoignage évoque une activité continue). II est parfaitement qualifié pour le faire, car l’Esprit est la vérité (cf. Jn. 14. 6, où une affirmation semblable est faite au sujet de Jésus).

8 En fait il y en a trois qui rendent témoignage. L’Esprit est cité le premier, peut-être parce qu’on vient tout juste d’en parler et peut-être aussi parce que, étant une personne, il se trouve être un témoin plus explicite que l’eau et le sang. Ce témoignage est harmonieux. Le témoignage intérieur de l’Esprit, ainsi que tout ce qu’impliquent le baptême et la mort du Christ, ne sont pas trois thèmes qui n’auraient aucun rapport les uns avec les autres. Tous trois évoquent le même acte que Dieu a accompli en Christ pour le salut de l’homme.

9 Jean en appelle au fait bien connu de la confiance humaine. Nous croyons ce que les hommes nous disent. Nous devrions donc aussi accepter le témoignage dont l’apôtre a parlé, car le témoignage de Dieu est plus grand, et c’est de son témoignage qu’il est question. Dieu rend témoignage à son Fils.

Évangile de Marc 1, 7-11

– Pour Mc, Jésus est le nouveau Moïse, son baptême est un nouveau passage libérateur de la mer Rouge. Jésus pasteur d’un nouveau peuple de Dieu, lui-même investi par l’Esprit, il conduira son troupeau à la Terre promise, en donnant à chacun le souffle de l’Esprit.

Jésus vit les cieux se déchirer.

– Selon la tradition juive les cieux s’étaient fermés après la disparition des derniers prophètes au 6e et 5e siècle avant JC.

– La communication entre Dieu et les hommes passait pour être rompue.

– Avant la venue de Jésus, l’Esprit est éteint, et ne descend plus pour inspirer les nouveaux prophètes.

– C’est dans ce climat de manque qu’une prière ardente montait vers le Seigneur pour lui dire  » ah si tu déchirais les cieux, si tu descendais ».

Tout change avec Jésus.

La déchirure du ciel indique la réouverture de la communication entre Dieu et les hommes. Le Messie est bénéficiaire de cet événement.

Marc peut décrire l’Esprit descendre sur Jésus comme une colombe : la descente de l’Esprit sur Jésus ouvre une nouvelle ère de salut ; avec le don de l’Esprit le Messie ouvre le passage vers Dieu et nous donne le pardon de nos péchés.

Au Jourdain il est dit trois choses : – tu es mon fils – un fils bien aimé – en toi j’ai mis tout mon amour.

L’évangéliste annonce en germe ce que sera le nouveau baptême du Messie et aussi le nôtre : nous sommes surs de l’Amour du Père, et comme Jésus nous sommes immergés dans la solidarité des plus pauvres et ceux qui aspirent à une autre manière de vivre.

Il nous faut entendre la voix qui nous vient de la faveur du Père et qui nous est dite à chacun de nous personnellement, qui nous redit que nous sommes enfants du Père « tu es mon fils bien aimé…en toi j’ai tout mon amour » et accepter de nous noyer là où nous avons été enracinés dans l’Amour de notre baptême.

Il faut laisser venir l’Esprit nous investir, afin de vivre cette Pâques dans les marasmes d’aujourd’hui.

La suite du texte de Marc nous dit qu’ensuite Jésus poussé par l’Esprit va au désert :

C’est ce que nous vivons, nous aussi après nos assemblées dominicales qui ont été un peu comme des cieux ouverts, durant lesquelles nous avons nous mettre à l’écoute de la Parole du Seigneur…après nous allons au désert des hommes, et comme Jésus confrontés à Satan- qui a échoué dans sa tentative

Si cette fête nous fait découvrir la profonde identité de Jésus, indirectement, c’est aussi notre fête, la fête de notre identité profonde. Baptisés dans l’Eau et l’Esprit, baptisés dans la lumière des Écritures, nous apprenons quelle est notre destinée : un peuple qui renaît, un peuple de pécheurs pardonnés. Sur ce peuple de baptisés que nous sommes, repose l’Esprit de sainteté et la bienveillance du Père. Être baptisé, c’est devenir le fils bien-aimé du Père, appelé à être témoin de la miséricorde : Bonne Nouvelle !