Lectio   Éphésiens 1,17-24

Éphésiens 1:15-23 

15 Voilà pourquoi, moi aussi, depuis que j’ai appris votre foi dans le Seigneur Jésus et votre amour pour tous les saints, 
16 je ne cesse de rendre grâce à votre sujet, lorsque je fais mention de vous dans mes prières.
17 Que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père à qui appartient la gloire, vous donne un esprit de sagesse qui vous le révèle et vous le fasse vraiment connaître ; 
18 qu’il ouvre votre cœur à sa lumière, pour que vous sachiez quelle espérance vous donne son appel, quelle est la richesse de sa gloire, de l’héritage qu’il vous fait partager avec les saints,
19 quelle immense puissance il a déployée en notre faveur à nous les croyants ; son énergie, sa force toute-puissante,
20 il les a mises en œuvre dans le Christ, lorsqu’il l’a ressuscité des morts et fait asseoir à sa droite dans les cieux,
21 bien au-dessus de toute Autorité, Pouvoir, Puissance, Souveraineté et de tout autre nom qui puisse être nommé, non seulement dans ce monde, mais encore dans le monde à venir.
22 Oui, il a tout mis sous ses pieds et il l’a donné, au sommet de tout, pour tête à l’Église 
23 qui est son corps, la plénitude de celui que Dieu remplit lui-même totalement.

C’est une prière…

En commençant notre lecture au verset 15, à la suite des nombreux motifs d’action de grâce de Paul nous comprenons mieux le sens de sa prière pour la communauté d’Éphèse. Son action de grâce pour leur amour et leur foi.

V 15 : « on m’a dit comment, dans le Christ Jésus, vous vivez la foi et l’amour pour tous les saints, je veux dire pour nos frères. Aussi je vous tiens présents dans mes prières et sans cesse je rends grâce pour vous ».

On m’a dit comment vous vivez la foi et l’amour pour nos frères ».

Paul se réjouit de la foi des Éphésiens, mais plus que tout il prie pour qu’ils aient l’espérance : elle sera la source de leur dynamisme. Il décrit les pas de l’espérance : connaître le Père, apprécier l’héritage réservé aux saints.

Comprendre avec quelle force Dieu agit pour nous amener à la réalisation de cette espérance.

« S’il y a action de grâces, c’est parce que la communauté vit dans la foi qui consiste dans l’adhésion et la fidélité constante à la personne de Jésus, qualifié ici de Seigneur…quant « à l’amour pour tous les saints » second motif de l’action de grâce, il découle de la foi et définit le type de relations qui doit exister dans une communauté centrée sur le Christ. » Ch Reynier dans l’Épître aux Éphésiens.

C’est par cette action de grâce que commence sa prière de prière de demande, d’intercession : « que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un esprit de sagesse » et « qu’il ouvre votre cœur à sa lumière » mais aussi émerveillement pour l’espérance, la richesse, la puissance que Dieu a déployé pour son Fils et en même temps pour tous ceux qui croient en lui. Les richesses du Christ ressuscité sont aussi celles de son corps l’Église unie à Lui comme le corps l’est à la tête. (v23)Ce que Dieu a fait pour son Fils, en le ressuscitant,  il le fera aussi pour les croyants. « C’est pourquoi l’auteur demande en tout premier lieu « un esprit de sagesse et de révélation » pour connaître vraiment Dieu…connaître Dieu ne relève pas de la science…des seules forces humaines. Seul l’Esprit de Dieu révèle dans sa sagesse que Dieu « est Père de la gloire » par le don qu’il fait de lui-même pour que le Christ habite en nous » (Ep 3, 16-17). L’œuvre de l’Esprit est une « illumination des yeux du cœur » (v18)  qui introduit le croyant dans la connaissance de l’identité de l’action même de Dieu » Ch Reynier  Épitres aux Éphésiens p 70

Dans cette prière s’affirme l’idéal du chrétien : connaître Dieu et comprendre ses intentions à notre égard, en contemplant le Christ glorifié. Découvrir Dieu par l’esprit de sagesse qui vous ouvrira à sa lumière, mais comment ? En nous rappelant qu’il a mis en nous une espérance.

Il nous promet un héritage hors de prix que nous partageons avec les saints, cad les fidèles (selon certaines traductions) ou les anges selon certains interprètes. Cet héritage est déjà une réalité présente par la puissance que Dieu déploie en notre faveur. Cette puissance ne nous est pas inconnue. C’est celle par laquelle Dieu a ressuscité le Christ et l’a fait asseoir à sa droite. (ps 109)

V 18 C’est cette espérance qui a fait craquer l’immobilisme des sociétés antiques. Paul vivait dans un monde où l’espérance était vue comme une maladie. Tout projet de transformer les hommes passait pour une illusion et c’est ainsi que les espoirs de la science naissante ont été alors vite étouffés.

Les croyants faisaient dans leur vie une expérience de résurrection.

Aujourd’hui avec notre foi individuelle nous ratons magistralement ce pour quoi nous avons été appelés à savoir que nous sommes pour le monde l’incarnation vivant de son espérance, du moins en vivant notre foi de ressuscité. Nous portons l’espoir du monde en nous en germe sans doute, mais quand même. Nous n’avons donc pas à craindre les perturbations du monde présent et à venir, puisque le Christ est la clef de voûte de l’univers.

V21 : établi au-dessus de toutes les puissances, principautés.

On ne doutait pas de ce temps-là que le monde était gouverné par des puissances surnaturelles, des anges. Ils les appelaient « principautés, Autorités, Puissances » et Paul nous dit ici que tous ces pouvoirs sont inférieurs au Christ.

Aujourd’hui le monde semble soumis aux lois de la nature, aux forces de la vie, aux lois du marché, la puissance militaire. On sait aujourd’hui combien elles peuvent être fragiles face à certains événements comme une pandémie.

Jusqu’à la venue du Christ ces forces guidaient et dirigeaient le monde. On en tenait compte.

V22 Tout sous ses pieds : Paul ajoute aussitôt « il l’a constitué tête de l’Église »

Le Christ agit différemment dans deux domaines : dans le monde où il est le centre mais efficace de notre histoire dans l’Église dont il est la tête et où il peut déployer toutes les richesses de Dieu dans l’Esprit.

V23 : constitue le couronnement d’un passage qui célèbre le mystère pascal et manifeste la suprématie du Christ sur tout l’univers. Christ n’a rien perdu des solidarités qu’il avait tissées avec nous. Au contraire Dieu a fait de lui la Tête de l’Église qui lui est unie comme son corps et le rend présent au monde comme lui-même nous rend présent auprès de Dieu.

« Dans cette perspective globale, le regard se porte en finale sur l’Église, unie au Christ comme le corps l’est à la tête. Elle est donc le bénéficiaire privilégié des dons du Christ qui lui-même est comblé par Dieu. « C’est ainsi que la puissance divine s’est déployée lors de la résurrection /intronisation du Christ, atteint maintenant l’Église appelée à se développer jusqu’à recevoir toute la plénitude de Dieu. « En cela l’Église n’est pas séparée du monde, puisqu’elle est le lieu central où s’exerce la seigneurie universelle du Christ. On peut en déduire la responsabilité des chrétiens par rapport au monde

Feu Nouveau écrit à propos des v 22-23 : « Ensuite, un retour sur le mystère pascal du Christ, considéré comme le fondement sûr et inébranlable de toute promesse venant de Dieu : on trouve ici les mots « énergie, vigueur, force ». La résurrection de Jésus est alors traduite en termes d’exaltation ou élévation à la droite du Père, selon la figure royale d’un adoubement conférant au prince héritier une pleine et entière souveraineté. Enfin, une référence à l’Église, en tant que Corps du Christ, donc à la fois soumise à l’autorité du Christ Tête et réalisant la pleine extension de son être, ce que le texte nomme « l’accomplissement total du Christ ». L’Église est donc bien à la fois distincte du Christ –comme le corps peut l’être à l’égard de la tête – et inséparable de lui, assurant en quelque sorte la diffusion cosmique du Christ en positon de Seigneur universel. » Feu Nouveau mai 2020 Yves-Marie Blanchard.