A propos des lectures de ce dimanche 21 juin 2020

Lectures du livre du prophète Jérémie 20, 10-13,
de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 5, 12-15
et de l’Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 10, 26-33

Le prophète Jérémie a brisé symboliquement une cruche, (chap 19) annonçant ainsi une catastrophe imminente pour le pays. Ainsi il dénonce les agissements du peuple, c’est pourquoi il est persécuté parce qu’il démoralise le peuple.

Dans sa prière Jérémie est séduit, il exprime la rencontre bouleversante qu’il a avec Dieu face aux idoles que se font les hommes à leur mesure.

Mais aussi il nous emmène sur le chemin de l’interrogation quant à la confiance, à la foi. Peut-on avoir confiance en Dieu ? Non seulement il semble abandonné., isolé mais encore raillé, moqué même emprisonné.

Découragé Jérémie a des propos très durs par rapport à Dieu. « Tu as abusé de moi ! » C’est dire la déception, l’immense détresse qui habitent Jérémie.

C’est un modèle de prière peu habituel dans nos liturgies et les premières phrases sonnent comme une rupture de confiance entre l’homme et son Dieu.

J’ai cru en tes paroles, je veux toujours croire en tes paroles mais je n’y arrive plus !

Et ce qui blesse le plus le prophète, ce n’est pas que la parole du Seigneur ne s’accomplisse pas ou qu’elle ne soit pas vraie. Non ce qui est insupportable, c’est le résultat négatif sur sa propre vie qu’engendre la proclamation de la parole : le découragement du peuple qui ne veut pas croire.

On sait que finalement Jérémie retrouvera la confiance et la joie d’accomplir sa vocation. Finalement dans sa prière il se souvient que Dieu est avec lui et pour lui car il est resté fidèle à sa volonté. Cette conviction lui donne l’énergie pour continuer sa mission et délivrer une action de grâce : « chantez le Seigneur, louez le Seigneur »

Avec Paul nous plongeons directement dans le livre de la Genèse et le péché originel. Ce que Paul veut nous révéler avant tout c’est la grâce, don gratuit de Dieu face au péché entré dans le monde par un seul homme.

Ce péché nous pouvons l’appeler un péché d’orgueil : Adam et Ève n’ont pas voulu rester à leur place et désiré devenir semblable à Dieu, devenir des dieux. Disant à Dieu je n’ai pas besoin de toi, je serai dieu sans toi ».

Ricoeur dit bien que le péché c’est le terrible revers d’une liberté qui est donnée à l’homme. Alors comment en sortir ?

« Combien plus » « à plus forte raison », introduit la pointe de ce passage, sa signification essentielle : énonce la démesure de la grâce de Dieu, de sa faveur pour les hommes, de proclamer l’immensité du don spirituel que nous vaut l’action salvifique de Jésus-Christ face à notre péché.

Cette perception de la surabondance fait partie de la conscience chrétienne de Paul : il l’exprime en comparant les souffrances qui nous accablent présentement avec la gloire à venir.  Il n’y a pas de commune mesure entre elles, car la mesure éternelle de gloire « qui nous est préparée par la légère affliction du moment » est précisément « au-delà de toute mesure ».

Le Christ est la réponse de Dieu au mal. La réponse est accomplie en Jésus-Christ : il s’est fait péché aux yeux des hommes, non pour le supporter mais pour le porter, le traverser par sa Résurrection.

« Le génie historique du christianisme est d’avoir prononcé et annoncé- Bonne Nouvelle, Nouvelle annonce – que le Mal – peut être battu… Cela est permis, on en a rigoureusement le droit …et c’est même un devoir…il peut être battable, être battu ! On peut donc le combattre » Gesché.

En Matthieu 10,16 23, Jésus annonçait à ses futurs témoins que des persécutions les attendaient. La séquence évangélique d’aujourd’hui est le pendant de cette annonce. Elle invite les disciples à entretenir une confiance sans faille au sein des épreuves. Pour nous en convaincre, l’Évangéliste reprend une tradition    qui regroupe trois séries de sentences.

 Elles s’ouvrent à chaque fois par cet ordre : « Ne craignez pas !»

Ne pas craindre : oser parler. Jésus est venu pour dévoiler le Royaume, ces « choses cachées depuis les origines » (Matthieu 13,35). Si, comme on le dit, tout finit par se savoir, à plus forte raison, dira-t-on, les disciples doivent dire au grand jour ce que Jésus leur a confié.

Ne pas craindre : se confier au Père. Les persécutés se trouveront écartelés entre deux craintes, celle des tortionnaires, qui peuvent tuer, et celle de Dieu, a qui on doit fidélité.

Mais la confiance vaincra la peur : Dieu est votre Père, dit Jésus – et on se rappelle les exhortations de Matthieu 6,25 34. Les moineaux à cuire à la broche se vendent au marché un demi sou chacun. Dieu veille pourtant à la survie de leur espèce. Combien plus s’intéresse t i1 aux disciples, jusqu’à leurs cheveux. Même mis à mort, ils sont dans la main de Dieu, maître du corps et de l’âme.

Ne pas craindre : penser au jugement final. Dans la persécution, certains confesseront leur appartenance au Christ, d’autres la renieront, par peur.

A ceux qui lui auront rendu témoignage, Jésus rendra témoignage devant Dieu, lors du jugement final de l’histoire humaine. Matthieu accentue cette initiative de Jésus en lui faisant dire : « je » me prononcerai ; là où les parallèles parlent du « Fils de l’homme » (ainsi Marc 8,38).

A la source du courage. Le triple appel à ne pas craindre se fonde sur une double conviction :

*tout croyant est un témoin, et tout témoin met son honneur à s’identifier à celui dont il témoigne. Or, jésus a dit, au cœur de ce discours : « Le disciple doit se contenter d’être comme son maître, et le serviteur d’être comme son seigneur » (10,25).

*En ce sens, la mission chrétienne implique parfois d’aller jusqu’à l’expérience de la passion du Seigneur. Mais surtout, Matthieu songe à certains membres de son Église qui ont apostasié leur foi, devant les difficultés ; d’autres, même des prédicateurs, rendent un témoignage trop frileux.

Parler ou pas parler ? On est parfois pris entre les deux et on ne sait que faire.

Le vieux sage qui a écrit l’Ecclésiaste disait : « il y a des moments pour parler et des moments pour se taire ».

C’est vrai que parfois on a trop parlé et les mots sont usés, ils ne disent plus rien, pas grand-chose. C’est alors que la vie, le silence peuvent faire mûrir des paroles neuves. Le témoignage peut être la meilleure parole, la plus parlante car elle peut se passer de mots. Elle en dit plus que tout.

 N ‘ayez pas peur dit Jésus de vivre chaque jour davantage selon l »Évangile ;

L’Esprit de Jésus fera monter en vous soit le silence ou les mots.

Notre première parole sera toujours leur vie. Toutes les autres paroles seront toujours à recréer sans jamais s’enliser dans les mots que l’habitude ternit.

Par-dessus tout « n’ayez pas peur » Dieu est avec vous, Dieu est pour vous.