Ce qui caractérise les lectures de ce jour c’est l’urgence.

Le salut, l’amour de Dieu et des hommes n’attendent pas, mais face au refus des hommes Dieu est patient. Le temps est limité, le monde passe et notre vie aussi, il s’agit de vivre pleinement sa vie. Ça veut dire quoi ?

 

Jonas 3, 1-5.10

3, 1 La parole du Seigneur fut adressée de nouveau à Jonas :
2 « Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne, proclame le message que je te donne sur elle. »
3 Jonas se leva et partit pour Ninive, selon la parole du Seigneur. Or, Ninive était une ville divinement grande : il fallait trois jours pour la traverser.
4 Jonas la parcourut une journée à peine en proclamant : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! »
5 Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne, et tous, du plus grand au plus petit, se vêtirent de toile à sac.
6 La chose arriva jusqu’au roi de Ninive. Il se leva de son trône, quitta son manteau, se couvrit d’une toile à sac, et s’assit sur la cendre.
7 Puis il fit crier dans Ninive ce décret du roi et de ses grands :  « Hommes et bêtes, gros et petit bétail, ne goûteront à rien, ne mangeront pas et ne boiront pas.
8 Hommes et bêtes, on se couvrira de toile à sac, on criera vers Dieu de toute sa force, chacun se détournera de sa conduite mauvaise et de ses actes de violence.
9 Qui sait si Dieu ne se ravisera pas et ne se repentira pas, s’il ne reviendra pas de l’ardeur de sa colère ? Et alors nous ne périrons pas ! »
10 En voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés.

4, 1 Jonas trouva la chose très mauvaise et se mit en colère.
2 Il fit cette prière au Seigneur : « Ah ! Seigneur, je l’avais bien dit lorsque j’étais encore dans mon pays ! C’est pour cela que je m’étais d’abord enfui à Tarsis. Je savais bien que tu es un Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment.
3 Eh bien, Seigneur, prends ma vie ; mieux vaut pour moi mourir que vivre. »
4 Le Seigneur lui dit : « As-tu vraiment raison de te mettre en colère ? »
5 Jonas sortit de Ninive et s’assit à l’est de la ville. Là, il fit une hutte de branchages et s’assit dessous, à l’ombre, pour voir ce qui allait arriver dans la ville.
6 Le Seigneur Dieu donna l’ordre à un arbuste, un ricin, de pousser au-dessus de Jonas pour donner de l’ombre à sa tête et le délivrer ainsi de sa mauvaise humeur. Jonas se réjouit d’une grande joie à cause du ricin.
7 Mais le lendemain, à l’aube, Dieu donna l’ordre à un ver de piquer le ricin, et celui-ci se dessécha.
8 Au lever du soleil, Dieu donna l’ordre au vent d’est de brûler ; Jonas fut frappé d’insolation.

A propos de cette lecture

Se sentant défaillir, il demanda la mort et ajouta : « Mieux vaut pour moi mourir que vivre. »
9 Dieu dit à Jonas : « As-tu vraiment raison de te mettre en colère au sujet de ce ricin ? »  Il répondit : « Oui, j’ai bien raison de me mettre en colère jusqu’à souhaiter la mort. »
10 Le Seigneur répliqua : « Toi, tu as pitié de ce ricin, qui ne t’a coûté aucun travail et que tu n’as pas fait grandir, qui a poussé en une nuit, et en une nuit a disparu. 11 Et moi, comment n’aurais-je pas pitié de Ninive, la grande ville, où, sans compter une foule d’animaux, il y a plus de cent vingt mille êtres humains qui ne distinguent pas encore leur droite de leur gauche ? »

Jonas, signe de Jésus.

Dieu envoie Jonas prêcher à Ninive. A la suite de son retentissant refus, considérant cette ville comme le repaire par excellence du paganisme, il se retrouve trois jours dans le ventre d’une baleine puis rejeté sur la rive. Transformé, renouvelé, le voilà une nouvelle fois appelé par le Seigneur pour cette même mission. Il accepte. Il commence par proclamer que Ninive sera détruite si elle ne se convertit pas dans les plus brefs délais.  « Aussitôt les gens de Ninive crurent en Dieu ». Ninive ne tarde pas à se convertir, à jeûner, à commencer par le roi.

La péricope de ce dimanche s’arrête au v10. Je vous invite à lire la suite afin de saisir la révélation de Dieu. Le livre de Jonas veut nous révéler l’infinie (sans limite) miséricorde de Dieu : elle ne connaît pas nos frontières : la patience de Dieu donne à tous et à chacun un délai, une chance.

Nous n’avons pas non plus à nous prendre pour des justes.  Le chapitre 4 dit que nous ne sommes pas les seuls bénéficiaires de la tendresse de Dieu clairement exprimée aux v 10-11 du chapitre 4 : « et moi n’aurai-je pas pitié de Ninive ??? »

 

1 Corinthiens 7, 29-31

29 Voici ce que je dis, frères : le temps est écourté. Désormais, que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’en avaient pas,
30 ceux qui pleurent comme s’ils ne pleuraient pas, ceux qui se réjouissent comme s’ils ne se réjouissaient pas, ceux qui achètent comme s’ils ne possédaient pas,
31 ceux qui tirent profit de ce monde comme s’ils n’en profitaient pas vraiment. Car la figure de ce monde passe.

A propos de cette lecture

Le moment est critique, décisif nous dit Paul. Il y a des choix à faire. A Corinthe il y a des tensions dans la communauté, c’est un moment critique. Faut faire quelque chose pour éviter l’explosion de la communauté. La fidélité au Christ engage à faire des choix. Paul invite à relativiser ce qui risque de détourner de l’essentiel : la polygamie, les affaires, les préoccupations de la vie. : tout un ensemble qui risque de fausser la route.

En tout cas pas d’indifférence qui risque d’enliser, de rendre esclave de ce qui n’est pas le premier, l’essentiel pour le chrétien. Notre société aujourd’hui ne retrouve-t-elle pas des situations semblables à celles de la communauté de Corinthe.: L’Église doit faire des choix comme à Corinthe. Lesquels ? Les encycliques, comme tout dernièrement celles du Pape François, sont autant de points de repères essentiels pour chacun et les communautés. L’exhortation apostolique « Gaudete et exultate » est centrée « sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel » et l’urgence de vivre les béatitudes en solidarité avec les pauvres. Le pape résume ainsi les béatitudes : « Réagir avec une humble douceur, c’est cela la sainteté !

 « Laudato si’, mi’Signore », – « Loué sois-tu, mon Seigneur », chantait saint François d’Assise. Dans ce beau cantique, il nous rappelait que notre maison commune est aussi comme une sœur, Notre terre : jardin confié par Dieu exige des choix parfois radicaux dans l’aménagement et pour la préservation de celle-ci.  « Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe ». (1)

Dans l’encyclique « Fratelli tutti » le pape commence par établir un vaste état du monde, un « monde fermé » rempli d’« ombres » passablement inquiétantes.. Après une pacification, pendant plusieurs décennies, « l’histoire est en train de donner des signes de recul », s’inquiète le pape. Fraternité universelle : c’est l’avenir de l’humanité qui n’est possible que si chacun voit dans celui vient d’ailleurs un frère qui exige le respect.

Dans la crise de société que nous traversons cet appel de Paul reste d’actualité. Sommes-nous assez libres pour l’accueillir et rompre avec le passé, adopter un comportement nouveau ?

 

Marc 1, 14-20

La venue du règne de Dieu (1,14–3,6)

14 Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ;
15 il disait : « Le temps est accompli : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
16 Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs.
17 Il leur dit : « Venez derrière moi. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. »
18 Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
19 Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets. 20 Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent derrière lui.

A propos de cette lecture

Il y a crescendo dans les lectures qui culmine dans l’Évangile qui nous fait assister à la vocation des premiers disciples. La liturgie ne craint pas de nous faire lire deux versions différentes de l’appel des premiers apôtres. Jean nous montrait que c’est à partir du témoignage de Jean-Baptiste : « voici l’Agneau de Dieu » que les premiers disciples se sont mis à suivre Jésus qui les a alors invités à demeurer avec lui pour une rencontre avec celui qu’ils ne quitteront plus tant ils ont été saisis par lui.  Marc nous fait découvrir une autre rencontre des disciples avec Jésus : c’est alors qu’ils sont en train de jeter leurs filets dans la mer ou de les réparer que Jésus les appelle. Ils ne résistent pas : à peine ont-ils entendu l’appel qu’ « aussitôt ils laissent leurs filets et partent derrière lui »…ils se mettent résolument  à sa suite, sans savoir grand-chose sur Jésus mais dans une  totale confiance.

« Le temps est accompli … le règne de Dieu est tout proche » : nous avons quitté les bords du Jourdain et nous sommes sur les bords du lac de Galilée. La plénitude du temps, annoncée par les prophètes, est en train de s’accomplir, le règne de Dieu est à l’œuvre, il s’est approché., il est tout proche. Il n’a rien d’extraordinaire : la seule réponse de l’homme à l’appel de Jésus et à la proclamation de la Bonne Nouvelle c’est le règne de Dieu qui vient. Se convertir c’est tout simplement croire à l’Évangile qui nous met en route à suivre Jésus comme ses disciples sur sa seule parole. Le règne de Dieu est proche et s’approche chaque fois que nous disons oui à la Bonne Nouvelle, oui à Jésus, à son Esprit qui nous attire.

On chercherait des certitudes : c’est sur la seule parole de Jésus qu’ils se sont engagés et mis toute leur confiance en lui. L’accès au Royaume vous est désormais ouvert : non seulement vous pouvez aller à Dieu, mais il est à l’œuvre là au milieu de vous.

Il ne met pas de condition et bien plus il nous donne la clé pour entrer dans le Royaume : « convertissez-vous «  cad  tournez-vous vers la réalité nouvelle qui s’annonce : rompre avec le passé, adopter un comportement nouveau, changer pour accueillir dans la joie la Bonne Nouvelle d’un Dieu tout proche de l’homme et qui l’aime. . La foi n’est rien d’autre : entrer dans le sillage du Christ, suivre ses traces, marcher dans ses pas. Rester attentif à l’écoute de sa voix, c’est découvrir et vivre dans la proximité du Christ.

A nous qui sommes souvent aussi des paumés de la foi, Jésus adresse un appel et nous invite à être dans notre monde des porteurs d’espérance et d’amour : « Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes »