1 Pierre 2,4-9

4 Approchez-vous de lui : il est la pierre vivante rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu.
5 Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus Christ.
6 En effet, il y a ceci dans l’Écriture : Je vais poser en Sion une pierre angulaire, une pierre choisie, précieuse ; celui qui met en elle sa foi ne saurait connaître la honte.
7 Ainsi donc, honneur à vous les croyants, mais, pour ceux qui refusent de croire, il est écrit :  La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle,
8 une pierre d’achoppement, un rocher sur lequel on trébuche. Ils achoppent, ceux qui refusent d’obéir à la Parole, et c’est bien ce qui devait leur arriver.
9 Mais vous, vous êtes une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s’est donné pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière.

1 Pierre 2,4-9

Écrite pour des chrétiens mis à l’épreuve afin de les soutenir en leur rappelant la grandeur de leur vocation baptismale, la 1ère lettre de Pierre les invite à entrer, comme autant de « pierres vivantes » dans la construction du « Temple spirituel » dont le Christ est la « pierre d’angle » : « la pierre éliminée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ».

Le passage se divise en deux parties : le thème de la construction dans lequel il parle des seuls croyants et ensuite il montre que la construction se fonde sur la foi : contraste entre croyants et incroyants.

La maison de pierres vivantes v 4-5

Pierre montre à des jeunes baptisés leur place dans le mystère de l’Église. Il les invite à « aller vers le Seigneur Jésus », à s’approcher de lui.  Du temps de Jésus on s’approchait de lui et la manière de s’approcher de lui c’était par la foi :  seuls ceux qui avaient foi en lui l’approchaient, le comprenaient étaient des proches et restaient près de lui. « Qui est ma mère, mes frères ? par manque de foi beaucoup l’ont abandonné.

C’est à une démarche de foi que Pierre nous appelle ici : nous qui n’avons pas vu Jésus vivre au milieu de nous. Il s’agit d’une adhésion ferme au Christ dans son mystère de mort et de résurrection. Au croyant le Christ apporte un appui très sûr, car il est une « pierre vivante ». Le mot vivant ne veut pas seulement signifier la solidité de la pierre mais surtout pour évoquer le mystère pascal : c’est à Pâques que le Christ s’est manifesté comme « le vivant », celui qui a définitivement triomphé de la mort humaine. Le ressuscité est « la pierre vivante », que par la Passion, les hommes avaient éliminé comme impropre à l’édification de l’histoire, et du peuple de Dieu.

Les hommes l’ont éliminée comme une pierre à mettre au rebut, mais Dieu est allé reprendre cette pierre ; c’est elle qu’il a choisie et dont il a affirmé la « valeur ». Ressuscité le Christ est devenu le fondement d’une construction nouvelle. Ceux qui s’appuient sur lui deviennent eux aussi des pierres vivantes car la vie du ressuscité les envahit et les transforme. Ils sont incorporés au nouvel édifice.

Une communion nouvelle sera celle des baptisés qui s’approchent de Jésus, la Pierre vivante, autant de pierres vives destinées à l’édification d’une maison animée par l’Esprit. Pierre compare l’Église à un édifice dont le Christ est l’élément essentiel.

On parle souvent de l’Église comme quelque chose qui nous est extérieur et on se réfère presque immédiatement à l’édifice-bâtiment de nos églises, au risque de mêler le contenant et le contenu.

Non seulement nous sommes dans l’Église mais nous sommes l’Église, chacun étant membre et faisant partie du corps qu’est l’Église. Chacun de nous est une de ces pierres qui constitue l’Église avec pour pierre angulaire, pour pierre de faîte, le Christ. La pierre de faîte est bien celle qui permet à l’édifice de tenir debout. Nous admirons ces belles cathédrales construites par nos ancêtres dans la foi alors qu’ils n’avaient ni grands moyens ni grandes ressources. C’est grâce à leur foi, à leur courage et leur ténacité que ces monuments purent s’élever un peu partout en Europe. Elles sont le signe tant de la foi convaincue des chrétiens que de leur unité. De telles constructions ne peuvent être l’œuvre de quelques personnes mais c’est toute une communauté animée d’une foi solide et tenace qui édifiait de tels monuments. C’est la foi et l’art de tout un peuple qui s’exprimaient dans l’agencement harmonieux, bien ordonné de toutes les pierres qui s’élèvent comme une offrande à Dieu.

« Le concile Vatican II a utilisé à plusieurs reprises cet important développement soit pour remettre en valeur la dimension de « peuple de Dieu », de l’Église (Lumen Gentium ch 2) soit pour rappeler l’importance du sacerdoce commun de tous les baptisés, le seul dont il est question en notre texte »

« Le Christ Seigneur, grand prêtre pris d’entre les hommes a fait du peuple nouveau un royaume des prêtres pour son Dieu et Père ». Les baptisés, en effet, par la régénération et l’onction du Saint Esprit, sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint, pour offrir, par toutes les activités du chrétien, autant de sacrifices spirituels et proclamer les merveilles de celui qui les a appelés des ténèbres à son admirable lumière. LG 10 » E. Cothenet dans Les épîtres de Pierre.

La foi du peuple de Dieu v 6-9

Pierre utilise une série de textes prophétiques dont il s’est servi pour parler de la pierre choisie par Dieu. Le premier de ces textes, l’oracle d’Isaïe 28,16, lui permet d’introduire le thème de la foi : « voici que je pose en Sion une pierre angulaire, une pierre choisie et de grande valeur » « celui qui croit- en elle- ne bronchera pas » : = Dieu pose une pierre et requiert que les hommes y appuient leur foi. Les chrétiens reconnaissent en Jésus ressuscité la pierre établie par Dieu comme base inébranlable de la foi.

Le Christ est la pierre angulaire pour ceux qui construisent leur vie sur la foi. Pour ceux qui ne croient pas, qui refusent et éliminent cette pierre, il devient pierre d’achoppement.

Par contre, de cette pierre Dieu dit : « celui qui lui donne sa foi ne connaîtra pas la honte ». Que veut dire ce « ne connaîtra pas la honte » ?

Pierre au contraire dit à l’adresse des croyants : « ainsi donc honneur à vous qui avez la foi ». Le croyant est honoré par Dieu en partageant le sort de celui à qui ils donnent leur foi et dont Dieu atteste la valeur.

Pour ceux qui refusent de croire, ils font partie de ceux dont parle le ps 118 et qui ont décidé d’éliminer la pierre que Dieu leur présentait, leur confusion est grande, car « la pierre éliminée par les bâtisseurs est devenue pierre d’angle »

L’Apocalypse décrit la grande Babylone, avec toutes ses futilités. Arrive le moment où Dieu révèle la vraie valeur de cette ville prospère et puissante qui persécute les fidèles. Tous ceux qui venaient à la capitale étaient éblouis par ses édifices, ses lumières. Et au chap 18 Jean annonce : » elle est tombée, Babylone la grande » : elle n’avait aucune consistance. Sa construction était factice…elle avait rejeté elle aussi la pierre d’angle, se prenant pour « pierre d’angle »

Le ps 118 exprime bien le retournement opéré par Dieu à travers la passion et la résurrection du Christ et c’est pourquoi on l’utilise abondamment durant la veillée pascale.

L’hostilité des bâtisseurs contre le Christ s’est donc avérée impuissante. Finalement leurs manœuvres ne nuisent qu’à eux-mêmes, et l’Apoc le confirme.

Le même sort attend ceux qui rejettent le Christ.

Celui qui refuse de s’appuyer avec foi sur la pierre angulaire, celle-ci devient « une pierre sur laquelle on bute, un rocher qui fait tomber ».

Au lieu d’apporter la joie et le salut, l’Évangile provoque irritation, l’endurcissement : « ces gens-là buttent en refusant d’obéir à la parole ».

Après avoir décrit le sort de ceux qui se ferment à la parole, à la foi, Pierre revient aux croyants. Il leur donne tous les titres glorieux promis par le Seigneur à son peuple durant l’Exode : « vous serez pour moi un royaume de prêtres et une nation sainte ». L »’infidélité du peuple n’avait pas permis de réaliser ce projet de Dieu.

V9 : « vous êtes rois et prêtres » : pour comprendre ces mots il convient de relire les paroles de Dieu à Moise dans Exode 19,5.

Dieu avait décidé de se manifester dans le monde et de transformer le cours de l’histoire au moyen d’un peuple de son choix qui serait Israël.

Pierre nous dit que le vrai peuple de Dieu, le véritable Israël c’est vous qui avez accepté le Christ. Vous êtes la race choisie. Prenant appui sur la « pierre choisie » les chrétiens deviennent les choisis, les élus de Dieu.

De par leur adhésion au Christ, ils ne font plus qu’un avec lui et donc avec lui forment « un sacerdoce royal » : -nous sommes prêtres dans le sens que le terme avait autrefois : ceux qui savent, ceux qui peuvent s’approcher de Dieu.

Nous avons reçu cette mission et tous, tout chrétien, nous sommes appelés à faire de la réalité de notre vie un sacrifice agréable à Dieu. C’est le sens de notre eucharistie de chaque matin : elle donne tout le sens à notre vie, ce que nous vivons de beau, de bien, de pénible, toute la vie des hommes, leurs souffrances, … nous l’offrons, nous l’unissons au sacrifice du Christ qui ne cesse de sauver : « pour la rémission des péchés du monde ».

A cela il ajoute la « dignité royale » et la « nation sainte » : rachetés par le sang du Christ nous sommes unis entre nous et avec Dieu d’une manière toute spéciale pour former « le peuple qui appartient à Dieu ».

Face à tant de bonté, de grâces, que Pierre nous rappelle en force aujourd’hui, nous ne pouvons que rendre grâce, exulter de joie pour ce salut qui nous est donné en permanence. A l’action de grâce nous pouvons aussi nous montrer rayonnants de bonté et de joie : le Seigneur a ouvert pour nous des perspectives étonnantes d’éternité et nous pouvons « annoncer les merveilles de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière »