Une Bonne Nouvelle
Livre d’Isaïe 40, 1-5.9-11
Un texte étonnant : il sonne comme un clairon, mais il commence et s’achève sur des notes de velours. Le prophète commente, à la lumière de sa foi, la libération des déportés qui a suivi la chute de Babylone. Il en fait un » mémorial « , un message valable, en raison de ce que Dieu reste toujours le même, pour tous ceux qui se trouvent déportés loin de lui par le péché et ramenés à lui par le Christ. Les exilés de cinquante années, c’est le peuple pécheur à qui les prophètes ont adressé tant de reproches. Jérusalem, c’est l’épouse adultère si souvent vilipendée par ces mêmes prophètes. Le Seigneur a repris à Babylone ses fils et ses filles qu’elle lui avait arrachés. Avec eux, il va rentrer à Jérusalem. On lui prépare une route plane et toute droite.
Il est heureux, enthousiaste, affectueux. Il veut qu’on » crie » à Jérusalem la fin de la corvée et le pardon de son crime et qu’on fasse pousser au peuple un grand soupir de soulagement : » Consolez, consolez mon peuple… Parlez au cœur de Jérusalem. » Il veut que toutes les villes de Juda soient averties : » Voici votre Dieu ! «
Il arrive comme un berger qui pousse devant lui son troupeau, comme jadis Jacob poussait le sien (Genèse 33, 13-14). Et avec quel soin ! Attentif aux brebis qui allaitent, portant dans ses bras, » sur son cœur « , les agneaux, nouveau-nés.
Psaume 84
La justice qui se penche du ciel, c’est Dieu, fidèle à son alliance. La vérité qui germe de la terre, c’est le peuple à nouveau accordé à son Dieu. Tout le reste dit le fruit de la rencontre. Nous sommes tous invités à lui emboîter le pas
Deuxième lettre de Saint Pierre Apôtre 3, 8-14 :8-14
Vivre dans la sainteté pour habiter le monde nouveau
8 Mais voici un point, très chers, que vous ne devez pas ignorer : c’est que devant le Seigneur, un jour est comme mille et mille ans comme un jour.
9 Le Seigneur ne retarde pas l’accomplissement de ce qu’il a promis, comme certains l’accusent de retard, mais il use de patience envers vous, voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir.
10 Il viendra, le Jour du Seigneur, comme un voleur ; en ce jour, les cieux se dissiperont avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée.
11 Puisque toutes ces choses se dissolvent ainsi, quels ne devez-vous pas être par une sainte conduite et par les prières,
12 attendant et hâtant l’avènement du Jour de Dieu, où les cieux enflammés se dissoudront et où les éléments embrasés se fondront.
13 Ce sont de nouveaux cieux et une terre nouvelle que nous attendons selon sa promesse, où la justice habitera.
14 C’est pourquoi, très chers, en attendant, mettez votre zèle à être sans tache et sans reproche, pour être trouvés en paix.
La phrase fondamentale c’est : Dieu n’accepte pas que quelques-uns se perdent. Aux chrétiens qui pensent proche la venue du Seigneur et s’étonnent de son retard, Pierre met ce retard sur le compte de sa miséricorde : Dieu a le temps pour lui et il patiente pour « que tous aient le temps de se convertir « . Du même coup, il les invite à avoir la même patience, pour le salut de leurs frères. Pierre ajoute : ne doutons cependant pas de la venue de Dieu. Et il fait miroiter « les cieux nouveaux et la terre nouvelle où résidera la justice », afin que l’ardeur de l’attente l’emporte sur la lassitude du désenchantement et motive les disciples à se préparer, en sorte d’être « trouvés nets et irréprochables », en mesure de constituer le peuple nouveau.
La réalisation du monde nouveau se fait attendre et on se demande pourquoi ? Est-ce Dieu qui est lent ou l’homme qui ne sait pas attendre ? En fait c’est tout simplement parce que Dieu attend que l’homme se convertisse…et son attente est sans mesure.
Pour expliquer le retard apparent de la parousie 2P utilise le psaume 90,4 selon une interprétation juive traditionnelle qui dit que nous ne pouvons appliquer à la conduite de Dieu nos termes de rapidité ou de lenteur, car pour lui et pour nous l’échelle de la durée n’a pas les mêmes valeurs: FBJ 2 Pierre 3:8 Mais voici un point, très chers, que vous ne devez pas ignorer : c’est que devant le Seigneur, un jour est comme mille et mille ans comme un jour.
Le croyant doit juger le retard sur d’autres critères, selon la décision de Dieu qui est bien autre que celle qu’on pourrait imaginer.
Voilà le retard expliqué : le motif en est tout simplement : la miséricorde de Dieu est la clé de l’histoire : c’est le temps de la longue patience de Dieu. L’auteur parle d’un « temps » qui n’a pas la même valeur que pour les hommes. Le but est que tous aient le temps de se convertir car il n’accepte d’en laisser aucun se perdre.
Voilà la réponse à ceux qui disent que Dieu est sourd, qu’il tarde à venir, qu’il ne tient pas ses promesses : le seul motif de son retard est le délai de sa patience qu’il s’agit de mettre à profit.
Évangile de Jésus-Christ selon Saint Marc 1, 1-8
Sympathique message que celui de Marc : il passe sous silence les coups assénés par Jean Baptiste à son auditoire et ne retient que les encouragements, tout comme le prophète de l’exil et l’apôtre Pierre. Tous trois étaient pourtant conscients d’avoir affaire à un peuple pécheur : cinquante ans d’exil pour Israël, un monde en voie de destruction selon Pierre, insistance de Jean Baptiste à la conversion pour le pardon des péchés. Tous les trois, pourtant, n’ont d’autre but que d’orienter les désirs et les regards vers ce qui vient et qui sera beau : » La gloire du Seigneur se révélera… Il vous baptisera dans l’Esprit Saint. «
Commencement de la bonne nouvelle : c’est un commencement, aussi décisif que la création du monde et pas seulement le début d’un livre. Après des siècles d’attente et d’espoir, voici enfin le commencement de la Bonne Nouvelle. C’est d’ailleurs toujours vrai, ça commence toujours d’une manière nouvelle mais nous n’arrivons pas à y croire, C’est ce que Jésus voudrait nous dire et nous convaincre au début de cette année liturgique : il commence toujours à neuf, une nouvelle création
L’histoire humaine a commencé depuis longtemps mais avec Jésus c’est un nouveau commencent qui débute, une histoire merveilleuse mais aussi le début d’une nouvelle création : celle de l’amour gratuit d’un Dieu qui vient habiter au cœur de l’homme et de l’humanité.
Le début de cette nouvelle création est annoncé et il se confond avec la personne de Jésus. : c’est un principe nouveau qui intervient dans l’histoire de l’humanité. Dieu a décidé d’intervenir personnellement. N’y était-il pas auparavant ? Bien sûr que si mais de façon cachée.
Cette nouvelle création c’est le règne du pardon qui est inauguré. Pour y avoir part il faut se tourner vers celui qui révèle la miséricorde parce qu’il est lui-même l’incarnation de la miséricorde ; il faut se convertir, se purifier. L’annonce du commencement de la création nouvelle se fera par un héraut, qui annonce ce qui va se passer et même s’il n’en découvre pas le sens total il annonce celui qui vient et qui sera la révélation de la miséricorde de Dieu, du pardon de Dieu.
Marc commence de façon solennelle le début de son évangile, de la bonne nouvelle : c’est la déchirure des cieux, la descente de l’Esprit, et la force victorieuse sur les puissances du mal qui vont se manifester.
Marc veut faire découvrir la vraie messianité de Jésus, surtout sa mort et sa résurrection. Nous sommes au tout début : l’annonce que cela va commencer…Le ton est donné : le commencement d’une bonne nouvelle. Les deux termes sont à prendre en considération : on est au tout début…d’une bonne nouvelle, comme pour le commencement du monde, de la création… elle dure depuis des milliards d’années.
Il sera bon d’en tenir compte lorsque nous regardons où on en est aujourd’hui.
Faudra du temps pour découvrir Jésus Fils de Dieu, et en lui que c’est Dieu lui-même qui vient et se met à l’œuvre.
On ne comprendra le sens qu’après la résurrection… et la Pentecôte et encore
Il faudra du temps et encore du temps pour reconnaître en Jésus l’envoyé de Dieu et dans sa BN la Parole de Dieu révélant son dessein pour le monde et l’humanité.
Et même ceux qui l’ont reconnu Pierre et le centurion, Pierre dit : « tu es le Christ » …et le centurion : « vraiment cet homme était le Fils de Dieu »
Et Jean-Baptiste entre en scène : il paraît dans le désert, pas l’endroit idéal pour ameuter les foules et les invites à préparer la route.
Mais c’est là qu’elles viennent le retrouver : on vient de tous les côtés, de toute la Judée jusqu’à Jérusalem. Jean-Baptiste n’est pas n’importe qui : il se distingue par son habillement, sa nourriture : il est prophète…il intrigue surtout par son message qui correspond bien aux attentes des gens.
Il inaugure les temps nouveaux : le changement vient non avec lui mais avec celui qui vient à sa suite et devant qui il doit s’effacer, tellement il a conscience de sa grandeur et de sa mission, et lui de sa petitesse « Je ne suis pas digne de dénouer ses sandales ». Avec celui qui vient après lui tout change, c’est une vie nouvelle : lui baptisera dans l’Esprit. C’est là tout le changement : l’esprit qu’avaient annoncé les prophètes. C’est l’heure de Jésus mais surtout celle de l’Esprit qui va découvrir et révéler l’homme à sa juste mesure.
Avec Jésus nous découvrons un nouveau visage de Dieu, tellement différent qu’il fallait s’y préparer pour l’accueillir. C’est le sens du baptême de Jean-Baptiste.
Dieu se révèle proche de l’homme, de leur vie, de leur soucis et souffrances et y insuffler son souffle de vie. Il ne le fait pas sans l’accord de l’homme et ne peut le faire sans une décision de sa part ni la reconnaissance de son indigence, de sa pauvreté. Est-il bien nécessaire de reconnaître son péché ? L’entrée dans le monde nouveau ne peut se faire qu’en abandonnant tout ce qui est vieux et empêche le bonheur. Le Règne du pardon est inauguré, mais pour y avoir part il faut se tourner vers celui qui pardonne, pour entrer nous aussi dans le pardon…
Se purifier, c’est s’extraire des eaux troubles, des mélanges douteux, des demi-mesures pour avoir le cœur libre pour accueillir celui qui nous apporte le bonheur et qui est le bonheur…et qui nous en donne le chemin en le parcourant lui-même. Je ne peux accueillir la lumière que si je me sais aveugle
« Je ne puis accueillir le jour que si je reconnais ma nuit.
Je ne puis accueillir la vie que si je mesure la mort qui rôde autour de moi.
Nous voudrions l’entente entre les peuples alors que, nous n’arrivons pas à l’avoir entre nous, »