Première lecture Isaïe 25, 6-10a
Isaïe parle d’un festin de viandes succulentes et de vins décantés. Quand Dieu invite il invite largement, au-delà des frontières, il reçoit avec une surabondance qui surpasse tout désir. Une telle présentation n’est-elle pas utopique ?
Notre foi au Dieu Sauveur ne repose pas sur un rêve, mais sur les interventions réelles de Dieu dans l’histoire, sur sa fidélité constante à ses promesses, sur la mort et la résurrection de Jésus et sur son action présente dans l’Église et dans le monde. Pourquoi résister à une telle invitation ?
Paul nous donne une bonne leçon de conduite face à l’argent : il manifeste son détachement mais surtout l’utilisation qui peut être faite dans la communauté de Jésus-Christ.
Le don généreux que les Philippiens ont réalisé, les fait grandir, les met en communion avec les destinataires dans le besoin. Ainsi leur geste de partage porte un fruit abondant, fécond pour les généreux donateurs qu’ils sont.
Tout le profit est pour celui qui donne, Dieu finit par le combler. « C’est le bénéfice qui s’augmente à votre actif. ». Tout don tourne à l’accroissement spirituel des donateurs, « car Dieu est à l’œuvre dans ces échanges ».
Si Paul est comblé par le geste d’aide, c’est surtout par sa signification, l’esprit dans lequel il fut réalisé qui le remplit de joie. Leur don est comme un sacrifice à Dieu, comme un véritable acte de culte ». Donner dans un tel esprit c’est entrer dans l’esprit des béatitudes : en exprimant leur amour ils ne seront jamais appauvris : le don devient face à Dieu un « crédit ». Dieu pourvoira, comblera tous vos besoins « selon sa richesse, avec magnificence, dans le Christ Jésus ».
On comprend que Paul remercie ses correspondants et il les invite à rendre grâce avec joie à celui qui est l’inspirateur de leur générosité.
« Paul ne dit pas : ‘je me réjouis de ce que j’ai reçu’ mais : ‘je me réjouis que vous ayez donné !’ ‘Ma joie n’est pas tant de recevoir que de vous voir donner.’ »
Une situation de fragilité est l’occasion de vivre l’Évangile et de solidariser les communautés au moyen du partage des richesses dans un mouvement de soutien financier. Tout est finalement une question de disponibilité et d’accueil : Dieu vient sans cesse vers nous et nous invite, non pas pour exiger mais inviter à un repas de noces.
Évangile : Matthieu 22,1-14
Parabole : un Roi qui prépare un grand banquet pour les noces de son fils : il invite des gens qu’il croit être proches de lui : ils ne viennent pas : ils trouvent des prétextes pour refuser l’invitation. Alors il insiste et invite encore : tous les invités.
On peut comprendre la déception du roi qui a tout préparé pour le repas de noces et envoyé moult invitations. Les invités refusent, ils trouvent des bons prétextes qui veulent tout simplement dire que cela ne les intéresse pas.
Nous avons tous fait ce genre d’expérience : nous attendions quelqu’un qui non seulement n’est pas venu mais ce n’était pas important, on attendait une attention, un regard…
Ce que Christ nous dit là c’est la déception de Dieu, celle qui lui-même a connue : indifférence, rejet. Ce n’est pas de la méchanceté.
Mais un désintérêt, de la maladresse, on préfère autre chose, on fait d’autres choix de valeurs qu’on croit plus importantes. Les invités aux noces royales ont tous de bonnes raisons pour ne pas venir. L’un va à son champ, l’autre à son commerce. L’un est occupé à ses prières, l’autre est plongé dans ses papiers.
Dieu nous parle pourtant, nous invite de mille et une façons, dans la prière et les sacrements, mais aussi à travers les personnes que nous rencontrons, mais que nous ne voyons pas, parce que nous sommes trop occupés.
En fait nous ne prenons pas les invitations, les appels de Dieu au sérieux.
Cette parabole du refus des gens à l’invitation du roi qui célèbre les noces de son fils , Jésus dit aux gens qui l’écoutent d’une oreille toute distraite et même désobligeante : « vous vous moquez de Dieu » : dans votre orgueil vous refusez
Vous ressemblez à ces hôtes de marque qui repoussent l ’invitation à dîner qu’ils ont reçue.
Face à leur refus il invite tous les hommes, les mauvais comme les bons, les petites gens : il ne fait pas de distinction : Dieu appelle tout le monde.
Un royaume gratuit où tout est prêt, nous paraît insensé impossible. Nous refusons d’y croire et pourtant tel est le Royaume.
Il s’agit pour nous de passer d’un Dieu qui demande, qui exige à ce Dieu que révèle Jésus : un Dieu qui invite, qui donne, qui partage sa joie…
A ce banquet on ne peut pas aller n’importe comment : on ne peut aller pour simplement consommer : encore faut-il entrer avec le désir, l’intention de vivre dans la joie de ce repas d’amour.
Cet homme peut-être est venu pour profiter d’un bon repas sans vouloir entrer dans l’esprit des noces, sans communier à la joie, sans l’amour.
L’habit c’est entrer dans l’esprit de la fête, se réjouir avec les autres, communier avec les invités. Cet homme ne répond pas lorsque le maître l’interroge : il est resté étranger : puisqu’il n’est pas dans la communion il ordonne qu’il soit expulsé.
Mais alors qu’est-ce que le Seigneur attend de nous ? quel sera l’habit que nous devons mettre pour venir à l’eucharistie ?
Il ne s’agit pas d’un costume bien sûr mais une vie en conformité avec celui qui nous a baptisé, avec celui qui habite en nous depuis le baptême.
« Venez, tout est prêt, pour le banquet ». Dieu invite toujours à l’improviste.
A nous de trouver le temps pour faire la fête, car c’est à ces moment-là que se vivent les choses les plus profondes. Prendre du temps pour vivre, car la rencontre vraie avec l’autre est à ce prix. Prendre le temps pour prier, écouter, car la rencontre de Dieu se vit dans la disponibilité.
Le vêtement de noce, le vêtement du peuple nouveau c’est le Christ que nous avons revêtu, notre dignité de chrétien, la grâce de notre baptême : càd mener une vie digne de ce que nous avons reçu, digne de ce que nous sommes devenus : enfants du Père. Le Seigneur ne supporte pas que nous soyons des chrétiens consommateurs, qui venons simplement « manger » sans produire les fruits de son amour reçu.
La Bonne Nouvelle de cette parabole ? Nous sommes toujours invités à entrer gratuitement dans la fête que Dieu organise pour nous.