2 Samuel 5, 1-3
5,1 Alors toutes les tribus d’Israël vinrent trouver David à Hébron et lui dirent : « Vois ! Nous sommes de tes os et de ta chair.
2 Dans le passé déjà, quand Saül était notre roi, c’est toi qui menais Israël en campagne et le ramenais, et le Seigneur t’a dit : ‘Tu seras le pasteur d’Israël mon peuple, tu seras le chef d’Israël.’ »
3 Ainsi, tous les anciens d’Israël vinrent trouver le roi à Hébron. Le roi David fit alliance avec eux, à Hébron, devant le Seigneur. Ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël.
A propos de cette lecture :
David est proclamé roi à Hébron et reçoit l’onction royale. C’est au livre de Sm. Ch. 1, que nous trouvons l’origine de la royauté en Israël. Samuel devenu vieux, les anciens d’Israël lui demandent de leur donner un roi. Mais Samuel refusant d’accéder à leur demande, 8,4-18, 19 « le peuple refusa d’écouter Samuel et dit : « Non ! il nous faut un roi ! 20 Nous serons, nous aussi, comme toutes les nations ; notre roi nous gouvernera, il marchera à notre tête et combattra avec nous. » 21 Samuel écouta toutes les paroles du peuple et les répéta aux oreilles du Seigneur. 22 Et le Seigneur lui dit : « Écoute-les, et qu’un roi règne sur eux ! » Saül sera oint par Samuel, premier roi d’Israël. Ch. 9.10
Battu par les Philistins, lors de la bataille de Guilboa, le roi Saül meurt ainsi que le général Abner. Peu après, Ishbaal, fils héritier de Saül, est assassiné à son tour. Toutes les tribus d’Israël viennent trouver David pour qu’il règne sur eux. Or David bien qu’ayant rempli des fonctions importantes sous Saül, était entré en conflit ouvert avec lui et avait été rejeté dans la clandestinité afin de sauver sa vie.
2 Sm. 5, 1sq. Les anciens de toutes les tribus d’Israël ont toujours la main, ils vont trouver David en lui expliquant les motifs pour qu’il soit leur roi :
- il est leur frère : « nous sommes du même sang »
- Sous Saül c’est lui qui dirigeait les troupes de guerriers et les combats
- Il avait pour lui un oracle : « le Seigneur t’a dit : c’est toi qui seras le pasteur d’Israël … » v. 2b
Ainsi fut faite la démarche des anciens et l’Alliance fut conclue avec David. Celui-ci réussira dans la suite (7 ans après) à réunir le Nord et le Sud. Le pacte est conclu en présence de Dieu et David est établi roi ; on lui confère l’onction d’huile qui le consacre à Dieu et à sa mission sur tout Israël, à savoir les tribus du centre et du nord du pays. « David conquerra ensuite la ville des Jébuséens pour en faire Jérusalem, capitale d’un royaume uni en sa personne, durant trente-trois ans puis sous Salomon encore » Feu Nouveau
David fut considéré par la postérité comme le roi exemplaire, le berger d’Israël dont une certaine tradition messianique en fera le prototype du Messie. Tout baigne dans un contexte d’Alliance.
José Eysenberg (dans une émission religieuse sur France 2) fait remarquer à propos de l’onction que vouloir comprendre de quoi il s’agit est évidemment très prétentieux de notre part. Nos maîtres d’ailleurs n’hésitent pas à la qualifier de décret divin, (c’est un roc, dit-on en hébreu). Oindre quelqu’un, c’est lui conférer la dimension la plus éminente de la sainteté. C’est le consacrer dans un rôle où il devient semblable à un pôle d’attraction. De nombreux maîtres rapprochent l’onction du méchirat, qui signifie « attraction » : désormais celui qui est oint a la possibilité, en quelque sorte, de capter l’énergie divine.
Pas étonnant que l’Evangile appelle Jésus « Fils de David ».
Cette première lecture semble assez insignifiante par rapport au thème de la solennité du Christ Roi. Elle souligne l’ambiguïté des royautés terrestres : Samuel avait mis en garde le choix du peuple qui voulait envers et contre tout un ROI, comme les pays voisins du Proche Orient. En fait il y a une incompatibilité entre le régime monarchique, son concept de royauté et la religion juive yahviste.
Auzou fait remarquer qu’il est étonnant que le sacre de David ait encore lieu à Hébron. En 1 Sm. 16, l’onction de Bethléem est secrète, théorique, préfigurative, « 13 Samuel prit la corne pleine d’huile, et lui donna l’onction au milieu de ses frères. L’esprit du Seigneur s’empara de David à partir de ce jour-là. Quant à Samuel, il se mit en route et s’en revint à Rama. »
L’onction rapportée en 2sm. 5, 3, se présente comme une onction complémentaire, étendant l’autorité royale de David à toutes les tribus israélites. L’événement est historique, on ne peut en douter. Mais quelle fut sa réalité concrète ? Chacune des trois onctions est évoquée en une proposition trop brève…Le Chroniste ne connaît qu’un sacre à Hébron, qui reste encore pour le moment la capitale du royaume de David . A ce moment David n’est pas encore le grand roi mais tout simplement un chef de tribu sans grande importance au milieu de grands empires comme celui de l’Egypte et la Mésopotamie. A ce moment les douze tribus vivaient en liaison plus ou moins vague et Dieu restait celui qui les unissait ; le roi les rassemblait dans l’unité autour de l’arche et, chaque fois qu’il était nécessaire, et les unissait pour affronter l’ennemi qui se présentait.
La conception du roi ne fut pas toujours bien acceptée en Israël, certains estimant que le roi était comme un usurpateur : Dieu étant le seul vrai roi légitime. Une autre tradition sacralise cette royauté qui commence avec Saül, lui-même supplanté par David.
Le sacre de David par Samuel, homme inspiré, un homme de Dieu, contribua pour beaucoup dans la reconnaissance de la royauté comme fruit d’une volonté divine. Le roi apportait ainsi une caution politique plus valable à l’unité et à la survie de l’état hébreu : il était le médiateur de Dieu vis à vis des hommes, et le porte-parole des hommes vis-à-vis de Dieu…David fut considéré par la postérité comme étant le roi exemplaire et le berger d’Israël, qui selon une certaine tradition messianique, deviendra le prototype du messie (J. Riga , Feu Nouveau).
C’est la façon dont l’Esprit s’empare de David qui doit retenir notre attention. David est un exemple d’homme « rempli de Saint-Esprit. » L’Esprit tomba sur lui une fois, et demeura sur lui ; même si, sa liberté restant intacte, il commettra nombre d’erreurs et s’écartera de la voie du Seigneur. Devenu Berger de son peuple, au nom de Dieu, l’Esprit de Dieu habitera David et l’accompagnera tout au long de sa vie, tout spécialement à travers son charisme unificateur des tribus.
Quel lien avec la fête du Christ Roi ? Aujourd’hui, David nous est présenté comme une figure annonciatrice de Jésus. Au bord du Jourdain, baptisé par Jean, l’Esprit vint sur notre Seigneur et demeura sur Lui. (Jn 1, 32). Il est le Messie, le Christ, car il est par excellence l’Oint de Dieu (Jn. 1,41), pasteur et roi de l’univers. « Celui sur qui descendra en plénitude l’Esprit de Dieu sera le Fils de l’homme, l’humble Serviteur annoncé par Moïse et la tradition prophétique » Bible de Maredsous.