1ère lecture : Actes 5/12-16

12        Beaucoup de signes et de prodiges s’accomplissaient dans le peuple par la main des apôtres. Ils se tenaient tous, unanimes, sous le portique de Salomon,

13        mais personne d’autre n’osait s’agréger à eux ; le peuple faisait pourtant leur éloge,

14        et des multitudes de plus en plus nombreuses d’hommes et de femmes se ralliaient, par la foi, au Seigneur. 

15        On en venait à sortir les malades dans les rues, on les plaçait sur des lits ou des civières, afin que Pierre, au passage, touche au moins l’un ou l’autre de son ombre.

16  La multitude accourait aussi des localités voisines de Jérusalem, portant des malades et des gens que tourmentaient des esprits impurs, et tous étaient guéris.

A propos de cette lecture :

Nous trouvons dans le début des Actes divers tableaux peignant par touches la vie de la première communauté chrétienne et la décrivant. Nous pouvons ainsi communier à sa vie intime. Nous découvrons : sa communion liturgique avec Dieu source de son existence, et aussi le partage des biens dans la communauté, et encore son rayonnement à travers les miracles opérés par certains d’entre eux. Ces différentes approches se complètent et donnent une image assez exacte de la communauté de Jérusalem et de son vécu. Cette communauté est encore pleine du Souffle du Ressuscité et, on à de la peine à imaginer le choc que celui-ci a laissé sur chacun des croyants qui, ayant tous espéré, étaient passé par une phase de « doute ». Une telle contagion, un tel engouement pour la Parole ne peut se comprendre si, sans cesse il n’était rappelé que c’est « le Père de Jésus-Christ qui se donne, qui transforme et agit avec puissance dès lors qu’il trouve devant lui des croyants. »

 

Les chapitres 2-5 des Actes des Apôtres, forment « une séquence littéraire aux frontières reconnues : elle s’ouvre par l’événement de la Pentecôte et se ferme avant la protestation des Hellénistes. Cet ensemble, consacré à l’« âge d’or » de la première communauté chrétienne, est scandé par trois grands sommaires » D. Marguerat, La première histoire du Christianisme, Lectio divina 180, p. 244.

Nous en lisons le troisième cette année. « Le troisième sommaire abandonne le thème de la communion des biens au profit de l’intensification de l’activité miraculeuse des apôtres. Ces signes et prodiges qui se produisent « par les mains des apôtres » répondent à la demande expresse de la communauté, qui auparavant priait le Seigneur d’étendre sa main ‘en vue de produire guérisons, signes et prodiges’ (4/30).

 

« Tel est le point de départ du passage choisi pour la liturgie dominicale. De nombreux « signes et prodiges » s’opèrent dans le peuple. Les deux termes se complètent bien : le premier (sè-meia) dit qu’il faut interpréter, donner « sens » à ce qui se produit dans la communauté, même si le second (te-rata ) ne nie pas le côté extraordinaire de bien des choses. L’un ne va pas sans l’autre : Dieu est capable d’agir, par ses apôtres, de manière spectaculaire, mais le spectacle n’est pas un but en soi : il faut chercher le sens, la signification de ce qui se produit alors. D’ailleurs, si les mains des apôtres agissent, c’est Dieu qui est à l’œuvre. Le texte des Actes a mentionné deux fois l’action vigoureuse de la main de Dieu » Feu Nouveau Joël Rochette Il ne faut pas se tromper, c’est bien la main de Dieu qui guérit et les apôtres en ont bien conscience.

Les signes et prodiges qui se produisent « par les mains des apôtres » répondent à la demande expresse de la communauté, qui auparavant priait le Seigneur d’étendre sa main ‘en vue de produire guérison, signes et prodiges’ (4/30). Une continuité thématique avec le récit d’Ananias et Saphira est manifeste : la crainte sacrée (5/11) maintient la foule à distance des apôtres (5/13), mais provoque la conversion de ‘quantité d’hommes et de femmes (5/14) ; les  malades affluent, espérant être guéris par l’ombre de Pierre, et ‘tous étaient guéris’ ( 5/16) ». » D. MARGUERAT, La première histoire du Christianisme, Lectio divina 180, p. 244

En effet, l’épisode de la mort subite d’Ananie et de Saphire avait ébranlé toute la communauté : la tromperie et le mensonge semaient la division et la méfiance au sein même de la communauté. Ce n’était pas tant la mort de ceux-ci qui ébranlait, mais ce qui était en cause : à savoir l’unité de la communauté. C’est pourquoi la communauté devait poursuivre  son chemin sans en être détournée alors que les signes et les prodiges continuaient de témoigner en faveur de celle-ci.

. « Dans la mesure où Luc se représente le temps de l’Eglise comme le prolongement du temps du Christ, on ne s’étonne pas de voir sous sa plume l’activité des apôtres décrite en termes similaires : «  nombreux étaient les prodiges et signes accomplis par les apôtres » Paroles sur le chemin. p.89

Les apôtres continuent ce que Jésus a dit et fait et, tout ce qu’ils font trouve en lui son origine, sa consistance, sa force. « Miracles  et signes de tout genre sont ainsi, en Jésus, la réalisation de l’œuvre de Dieu : ils sont la manifestation visible du salut et l’accomplissement d’une Parole qui toujours réalise ce qu’elle prononce » Parole sur le chemin

« Quelques années après la Pâque, quelques mois peut-être, la puissance du Ressuscité se manifeste dans la communauté des premiers chrétiens. Les apôtres se tiennent ensemble dans un endroit public, indice de ce qu’ils ont surmonté leur peur et osent proclamer l’Evangile librement. Ils deviennent un pôle d’attraction pour les gens qui passent à proximité. Beaucoup se laissent convaincre et deviennent disciples de ce Jésus que certains repoussaient voici peu de temps. L’assurance des disciples étonne et retourne les consciences. La vie remplace l’atonie de la mort.

Autre signe non moins évident : la force de vie à l’œuvre dans ce petit royaume rayonne. Elle opère des miracles, des guérisons qui semblent se renouveler fréquemment, comme si c’était l’habitude. Une telle puissance ne peut rester enfermée dans un cercle d’initiés. Elle déborde au-dehors, elle touche les non-chrétiens, elle leur rend la santé. Elle attire les foules de Jérusalem et des environs, qui accourent vers les apôtres. Qu’un peu de superstition s’y mêle – l’ombre de Pierre aurait une efficacité magique – ce n’est pas important. On y voit, avant tout, l’œuvre du Seigneur vivant, qui se rend témoignage à travers ce qui se passe là.

Ce bref récit montre ce que doit être l’Eglise : une communauté de disciples plantée au milieu du monde pour y faire entendre l’Evangile. Si elle se compose de gens convaincus, mordus, la toute-puissance du Christ crève les murs et se voit de l’extérieur. Pas besoin de rechercher des moyens publicitaires, des procédés de prédication. Cela a lieu spontanément, sans même qu’on le veuille. Cela tient à la nature des églises.

Attendrons-nous des guérisons ? Pourquoi pas ? Mais il y  tant de lieux où règne la mort, qu’on peut apporter la vie de bien des manières  à ceux qui ont faim et ceux qui sont seuls, aux victimes de toutes sortes que le monde multiplie. Nous n’avons que l’embarras du choix pour tenter de faire revivre des hommes et des femmes. Ou plutôt pour laisser Jésus-Christ exercer son œuvre à travers nous, pour la joie et le réconfort de plusieurs. » L. HONNAY, Paix et Liberté-