7ème Dim. de Pâques -A-
Actes des Apôtres. 1,12-14 1 Pierre 4, 13-16 Jean 17,1-11

Tous ces temps-ci, il est difficile d’échapper aux flots d’informations les plus diverses, aussi bien internationales que nationales. Nous avons toutes sortes de raisons d’être préoccupés.
Dans cette ambiance, nous célébrons l’eucharistie et nous entendons des récits d’un autre temps. Est ce un moment d’évasion, une manœuvre de diversion, ou encore une occasion d’oublier ce qui se passe au dehors des murs de nos églises ?
Ces textes entendus aujourd’hui nous font entrer dans les préoccupations de quelques personnes des temps passés. Pourrait-il arriver que leur manière de se comporter dans des situations troublées nous aide à bien nous comporter aujourd’hui et maintenant ?
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Voici donc Jésus. Au milieu du repas pascal qu’il prend avec ses apôtres, il bouscule les convenances en leur lavant les pieds. Il veut ainsi leur mettre dans la tête que Lui, Jésus, n’est pas à ranger dans la catégorie des puissants à la manière du monde. Il a été, il est, et ne veut être qu’un serviteur.
Serviteur ! Voilà ce qu’il faut devenir si on veut le suivre. Or, dans ce même repas, après avoir baissé les yeux sur les pieds de ses apôtres, il lève les yeux au ciel. Sou-cieux de sa gloire, il s’adresse à son Père « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. » Comment comprendre cette attitude ?

Être glorifié, c’est être distingué par quelqu’un d’autre. On ne se met pas devant une glace pour s’épingler une décoration.
La gloire a bien des visages : la gloire vedettarienne (!) orchestrée par les médias, la gloire de ceux qui sont reconnus par leurs contemporains. Ils ont fait du bien dans leur commune, leur pays ou l’humanité, par leur comportement ou leurs découvertes. Et tout cela, sans oublier la gloire militaire….

A côté de ces gloires qui ont plus ou moins d’ampleur, il y a une gloire dont on ne parle jamais mais qui permet à chacun de se sentir tout simplement vivant au milieu des autres. Personne ne peut vivre sans un minimum de gloire. Vivre sans relations, n’est pas humain. Celui à qui cela arrive traverse la vie comme un fantôme. Il se de-mande s’il existe. Un jour, peut-être, il se trouvera anonyme sur la liste des morts dans la rue.
Saluer quelqu’un, ce n’est pas grand’chose, mais c’est lui dire qu’il est reconnu, qu’il existe, même si on n’est pas toujours d’accord avec lui.
Accueillir un visage nouveau dans sa rue, son quartier ou son église, c’est donner une place à cette personne dans la vie de cette rue, de ce quartier, de cette église.

Jésus n’attend pas la gloire des hommes. Il s’en méfie et même il lui est arrivé de la fuir. Il a reçu une mission : être Dieu dans la condition humaine. Cela lui a valu des moments heureux et d’autres difficiles.

Alors que sa mort approche, il demande à être reconnu par son Père. S’il n’avait pas eu le souci de ce minimum de gloire, il aurait manqué quelque chose à son humanité. Vivre par fidélité le don total de sa vie dans des conditions atroces et être glorifié (reconnu) par son Père, sont deux démarches inséparables.
On peut deviner dans cette prière comme une sorte de contrat. « Si tu veux que moi, ton Fils, je te glorifie, si tu veux que je te fasse connaître au monde pour ce que tu es, ne m’abandonne pas dans les heures difficiles que je vais traverser. Donne-moi de montrer au monde que je suis resté fidèle à ma mission. »
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Regard sur le Livre des Actes des Apôtres.
Après le départ de Jésus vers son Père, les disciples reviennent du jardin des Oliviers vers Jérusalem. Ils se réunissent non pas dans le temple mais dans un lieu où ils ont l’habitude de se retrouver. Il y a là les Apôtres, Marie, mère de Jésus, les femmes té-moins de la mort de Jésus, les premiers témoins de la Résurrection et des fidèles. Cela fait environ 120 personnes. « Tous dans leur cœur étaient assidus à la prière. »

Quand même ! Ils n’ont pas fait que chanter des psaumes ! Ils ont choisi Matthias pour remplacer Judas, ce qui suppose quelques débats. On peut ajouter qu’ils attendent. Jésus leur a promis un Défenseur, sans plus de précision.
On peut dire que, sous le regard de Dieu, ils cultivent le dialogue entre eux. Ils s’écoutent mutuellement…
Un comportement qui est toujours d’actualité. L’union entre frères et l’union à Dieu, c’est, encore aujourd’hui, le signe d’une Eglise qui se porte bien.

Regard sur la 1ère lettre de St Pierre
Les premiers disciples de Jésus vivent dans un milieu façonné par la culture juive, une culture quelque peu défigurée par les interprétations de ceux qui prétendent diriger les consciences. Les disciples de Jésus sont vite perçus comme des contestataires.

St Pierre livre son analyse de la situation. L’appel à suivre Jésus s’adresse à tous in-distinctement. Parmi ceux qui répondent à l’appel, certains ont un passé douteux, pas encore remis en ordre. Les mots de Pierre sont mesurés. Ceux qui ont des ennuis par-ce qu’ils sont meurtriers, voleurs ou malfaiteurs n’ont pas à se plaindre. Par contre, « Dans la mesure où vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révèlera. »
Aujourd’hui encore, souffrir parce qu’on est un citoyen honnête, soucieux de l’intérêt général, et chrétien n’est pas une honte. Au contraire !