Actes des Apôtres 2, 14.36-41 1 Pierre 2,20-25
Jean 10, 1-10
Guéri par Jésus, un aveugle-né a été chassé de la synagogue, puis accueilli dans la communauté des disciples. Après ces péripéties, Jésus raconte une parabole où il est question d’une porte, d’un berger et de ses brebis. Les pharisiens ne voient pas où il veut en venir et nous, nous ne sommes guère plus avancés.

Regard sur le fonctionnement d’une bergerie, en ce temps-là
Chaque soir, les troupeaux de plusieurs bergers étaient enfermés dans un même en-clos pour passer la nuit en sécurité. Ils étaient sous la responsabilité du portier. Le matin, chaque berger revenait chercher son troupeau. « Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom et il les fait sortir. »

Quelques mots sur la porte.
Toute porte suppose un mur qui protège un espace réservé à telle ou telle activité. La porte est un passage obligé : elle est ouverte ou fermée. Serions-nous capables de dire combien de portes nous franchissons chaque jour sans prendre conscience du passage que nous faisons ?
La porte a une charge symbolique. Quand un jeune enfant est lancé dans la vie, il peut s’attendre à franchir de multiples portes. De l’école primaire au lycée, il passe de sa classe à la classe supérieure. Puis, examens et entretiens d’embauche vont se succéder et orienter son avenir. Des portes se ferment et d’autres restent ouvertes. Quand tout se passe bien, il arrive à franchir la porte qui lui convient.
Ne pas oublier deux choses : pour franchir une porte, il faut être accompagné d’un maître et quand on a franchi une porte, il reste un chemin à parcourir.

Franchir une porte peut être vécu comme la satisfaction d’une ambition ou une réponse à un appel. Une fois la porte franchie, on peut viser la renommée avec tous les colifichets des gloires humaines. On peut aussi se soucier de mettre notre compétence reconnue au service des autres.

Quelques mots sur le berger et ses brebis.
Dans l’évangile, le berger a la charge d’un troupeau. Il regroupe toutes les brebis qui répondent à son appel. Jésus est le berger qui conduit son peuple vers Dieu. Etre compté dans le nombre de ses brebis assure non pas la facilité mais la sécurité.
Non seulement Jésus franchit la porte que lui ouvre le portier mais il est lui-même la porte. Il n’y a d’accès au peuple de Dieu que par lui. Pour faire partie du peuple de Dieu, il suffit de faire confiance à Jésus.

Les brebis écoutent sa voix ; il les appelle chacune par son nom. Il y a une relation de confiance entre le berger et chaque brebis. Pour que les brebis se mettent en route, il faut que le berger les appelle. Chaque brebis reconnait la voix de son berger. Elle le suit sans savoir par quel chemin, il va les conduire au pâturage qu’il a choisi pour la journée.

Je décroche de l’évangile pour évoquer ce qui est arrivé à Mère Térésa de Calcutta.
Elle est née en Albanie, un pays où vivre en chrétien n’a pas toujours été facile.
Elle envisage de s’engager dans la vie religieuse pour se consacrer au service des pauvres. Envoyée à Calcutta, elle se réjouit. Ce ne sont pas les pauvres qui manquent dans cette ville, mais elle est nommée professeur dans un collège qui accueille les jeunes filles de la bonne bourgeoisie. Ce n’était pas son projet. Elle y va par obéissance et elle fait son travail aussi bien que possible.
Un jour, c’est le déclic. Elle quitte sa congrégation et partage au ras des trottoirs la vie des miséreux de Calcutta. Seule, que peut-elle faire ? Il se trouve que les premières volontaires qui se sont levées pour l’accompagner sont des anciennes élèves. Il fallait qu’elle passe par l’enseignement pour avoir les moyens de lancer son projet.

Les paroles de l’Evangile et l’aventure de Mère Térésa peuvent nous aider à relire notre vie.
Autrefois, nous avons appris que Dieu est infiniment bon et tout-puissant. Nous l’avons cru. Or quand nous échouons dans une épreuve difficile, nous pensons spontané-ment que Dieu est pris en flagrant d’incapacité professionnelle. En fait, nous imaginions Dieu à notre service alors que c’est lui qui appelle à son service.
Quand nous sommes noyés dans des contretemps et des impasses, il est mieux de se demander ce que Dieu veut nous apprendre. Où veut-il nous mener ? A quoi nous pré-pare-t-il ? Nos échecs et nos réussites sont des passages. Dieu nous appelle par notre nom et il nous conduit pour nous mettre à la place où nous pourrons rendre les services qu’il attend de nous.
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En ce 4ème dimanche de Pâques, l’Eglise attire notre attention sur les vocations sacerdotales. Il y a une trentaine d’années, un prêtre m’a dit : « Il n’y a pas de vocations et il n’y en aura pas car le terrain n’est pas favorable ». En 1960, le diocèse de Laval comptait 511 prêtres. Aujourd’hui nous sommes 76. Parmi eux, 10 sont ou seront nonagénaires à la fin de l’année.
Dans notre société, l’argent et la technique séduisent mais ne réussissent pas à changer le cœur de l’homme.
Ayant découvert la lumière, l’aveugle-né a changé de berger. Ne serions-nous pas invités à vérifier à quel berger nous avons confié notre avenir ?
Chaque chrétien qui conforte son attachement à Jésus apporte un peu de lumière à notre monde et une possibilité d’entendre les appels que Jésus ne cesse de lancer.

D. Boëton